La Coupe d'Afrique des Nations (CAN) bat son plein en Côte d'Ivoire, pour le plaisir des passionnés du ballon rond. Et cela, quarante ans après que le pays a abrité pour la première fois, l’organisation de cette compétition. D’où, cette effervescence totale qui est partout présente. Mais la CAN, c’est aussi une belle opportunité pour des commerçants, qui comptent en tirer le maximum de profit, en vendant ici et là, différents types d’articles, plus ou moins liés à l’évènement.
À Adjamé, commune commerçante d'Abidjan, les couleurs du drapeau ivoirien sont présentes partout. Maillots, bracelets, drapeaux, chapeaux... aux couleurs nationales ivoiriennes, sont entre autres les articles que proposent de nombreux commerçants de la commune. Certains utilisent les vuvuzelas, que sont ces longs sifflets d’origine Sud- africaine et qu’ils vendent aussi, pour attirer la clientèle. Il est 15 heures. Il fait très chaud. Mais pas de quoi à émousser les ardeurs des commerçants ambulants, qui vont et viennent à travers la commune, en quête de potentiels clients. « Viens demander, ce n’est pas cher ! », s'écrie Aïcha, qui essaie d'attirer un client encore hésitant.
Au Black market, Boa Jean Marc vend des kits de supporters pour la CAN. Ces kits sont composés de maillots, de casquettes, de vuvuzelas, d'un drapeau, de balles d'encouragement, d'un bracelet et d'un sac à dos. Naguère, ce commerçant vendait des téléphones portables. Mais, avec l'approche de la CAN, il a flairé un business qui pouvait lui rapporter gros. Pour mieux faire connaître ses produits, il utilise les réseaux sociaux. « La CAN est une opportunité en or pour les petits commerçants comme nous, de sortir la tête de l'eau », fait-il savoir avec conviction. Jean Marc estime qu'il n'y a pas autant d'affluence qu'il le souhaitait, mais il s'attend à faire de meilleures ventes après le lancement de la compétition.
Faire plus, après la CAN
Comme lui, plusieurs autres commerçants comptent profiter de la CAN pour accroitre leurs ventes. C’est qu’ils voient en cette compétition, un moyen de développer leurs activités commerciales. C'est le cas de Méledje Annabelle, étudiante en publicité marketing. Pendant cette période de la CAN, elle a décidé de vendre des maillots supporters, en plus des lingeries et autres accessoires féminins qu'elle proposait avant. Le prix de ses maillots varie entre 13 000 Fcfa et 15 000 Fcfa. Annabelle compte utiliser le bénéfice de ses ventes, pour agrandir son commerce. « L'argent gagné va me servir à faire d'autres business après la CAN, à agrandir ma boutique en ligne », relève-t-elle, soulignant qu'elle est satisfaite de ses ventes. Elle a déjà reçu des commandes de maillots qu'elle doit expédier jusqu'au Maroc.
Des idées originales
À côté des traditionnels maillots et gadgets vendus à l'occasion des compétitions de football, Kouassi Marie-Jacob une autre commerçante a elle, décidé d'innover. Elle propose des sacs en raphia aux couleurs de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Burkina Faso et du Cameroun. Les supporters de ces pays trouvent donc leur compte dans son offre. « Je ne fais pas uniquement des sacs avec les couleurs de la Côte d'Ivoire parce que je n'ai pas voulu rester figée seulement sur mon pays. J'ai voulu diversifier mon offre, car la Côte d'Ivoire est un pays de l'hospitalité et regroupe les ressortissants de plusieurs pays », explique-t-elle. La jeune dame n'a pas de magasin, elle utilise donc les réseaux sociaux pour écouler ses marchandises. Pour elle également, la CAN est une opportunité de gagner plus.
Dans l’enceinte du stade
À l'intérieur du stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé, des opportunités commerciales qui peuvent rapporter gros, ne manquent pas non plus. Des commerçants qui l’ont bien compris ont obtenu le droit d’y proposer leurs services. C’est le cas de Dabali Express, une chaîne de fast-food à l’ivoirienne, qui a saisi l'occasion pour étendre ses activités en proposant ses services. Et satisfaire ainsi, une demande plus variée profitant aux ressortissants des autres pays venus supporter leurs équipes, le Dabali Express a décidé d’élargir son offre.
En plus des plats typiquement ivoiriens qu’il proposait, l’entreprise de restauration rapide a décidé de diversifier son éventail de mets pour satisfaire une clientèle internationale. Ainsi, Dabali Express a inclus à son menu dénommé « Akwaba », des plats comme le célèbre Thiéboudienne du Sénégal, l’Egusi soupe du Nigeria, le Couscous du Maroc et bien d’autres plats typiquement africains.
Les maquis aussi
À Abidjan, les maquis ont décidé de tirer profit de cet évènement. Pour ce faire, certains ont fait peau neuve. Ils ont rafraichit leurs murs pour avoir une nouvelle allure. Et décoré leurs maquis avec des drapeaux ivoiriens et ceux d'autres pays africains. Toutes les idées sont en tout cas exploitées, pour offrir un cadre chaleureux aux Abidjanais et visiteurs étrangers. Dans la commune de Yopougon, au quartier Niangon à droite, Hervé Gnanfoua a choisi la veille de la CAN pour ouvrir le maquis qu'il vient d'acquérir. Ce vendredi 12 janvier, il reçoit plusieurs casiers de bières et de vins, qu'il a commandés pour éviter d'être en rupture. Des drapeaux flottent aux abords de ce maquis. Deux téléviseurs sont placés de part et d'autre. Le jeune homme compte bien profiter de la compétition pour réussir le lancement de son business et gagner gros. « Pendant les fêtes de fin d'année, le maquis était encore fermé, donc je n'ai pas pu faire de bénéfice. J'espère en tout cas qu'avec la CAN, je pourrai gagner beaucoup », révèle-t-il.
Dans un autre maquis, au terminus du bus 47 toujours à Yopougon, il est 21 heures. Nous sommes ce samedi 13 janvier 2024. C'est l'ouverture de la CAN. Il règne une ambiance joviale. Nombre de personnes sont venues regarder la cérémonie entre amis, familles ou collègues. Et au cours du match qui a suivi, des vuvuzelas et coups de sifflets retentissent à chaque fois que les éléphants s’approchent des filets de l’équipe adverse. Anne Konan, la gérante du maquis, fait des allées-et-venues, pour servir ses clients assoiffés. Elle avoue qu'il y a plus d'affluence qu'à l'accoutumé et compte bien capitaliser sur la plus grande messe du football africain, pour faire du profit. « À la faveur de la compétition, j'ai commandé plus de bouteilles d'alcool, pour pouvoir satisfaire la demande qui est plus grande au niveau de la consommation des boissons », relève-t-elle.
La CAN fermera ses portes le 11 février 2024 à Abidjan. La plupart de ces commerces, surtout ceux qui sont occasionnels, cesseront alors d’exister. Mais avant, les uns et les autres feront le bilan, que l’on devrait leur souhaiter positif. Tant il est vrai que le succès de cette CAN, passe aussi par là.
De Lima Soro