Lorsque j’ai vu cette vidéo dans laquelle, un Guillaume Soro amaigri, presqu’à bout de souffle, pathétique, annonçait mettre fin à son exil, je n’ai pu m’empêcher de penser à la parabole de l’enfant prodigue que les chrétiens connaissent bien.
Cette parabole, qui se trouve dans l’évangile selon Luc, dit ceci : « Jésus dit encore : « un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit dans un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors, il rentra en lui-même et se dit : « combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. » Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : « père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. » Mais le père dit à ses serviteurs : « vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. » Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci lui répondit : « ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé. » Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : « il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras ! » Le père répondit : « toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
Dans la parabole, le fils prodigue avait humblement demandé pardon à son père, et il avait obtenu ce pardon. Je n’ai pas entendu Guillaume Soro faire acte de contrition et demander le pardon pour ses fautes. Bien au contraire, ce sont des paroles de défis qu’il a prononcées à l’endroit de celui qui le considérait comme son fils et qu’il a tenté de poignarder. En voyant par la suite le même Guillaume Soro, dépenaillé, flottant dans un costume devenu trop grand pour lui, presque hagard devant les putschistes nigériens, je n’ai su que penser. Etait-ce sa façon de nous dire « regardez-moi, je suis à bout, je n’en peux plus, aidez-moi ! » Effectivement, à bout de souffle, il l’est. Ou du moins il en donnait le sentiment. Est-il malade ? C’est possible. Que cherche-t-il, en se rapprochant de la Côte d’Ivoire, et en résidant dans les pays voisins avec lesquels nous avons les relations les plus difficiles en ce moment ? A-t-il encore des velléités de déstabilisation ? Ces pays voisins qui devraient avoir d’autres chats à fouetter en ce moment, se prêteront ils à son jeu, au détriment de leurs propres intérêts ? Compte-t-il sur eux pour intercéder en sa faveur ? Soyons prêts à tout. Y compris à la pitié. Y compris au pardon.
Venance Konan