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L’enquête du jeudi. Abidjan : auto-écoles en panne

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Le métier de moniteur d'auto-école tend à disparaître. En cause, la gestion de ces établissements par leurs fondateurs. Certains professionnels du secteur broient du noir du fait des mauvais traitements salariaux qu’ils subissent.

Les moniteurs se font rares dans les auto-écoles d’Abidjan. De moins en moins de personnes embrassent le métier à en croire les propos de Elo Édouard Achille, moniteur que nous avons rencontré dans une auto-école au quartier 220 logements d’Adjamé. « La demande est plus forte que l'offre ». Un fait que ce dernier regrette visiblement. Il donne des cours dans plusieurs auto-écoles.

Pour nous assurer de la réalité de cette pénurie, nous avons fait le tour de quelques auto-écoles. Il n’a pas été facile de rencontrer des moniteurs. Car, non seulement les cours ne sont pas dispensés à plein temps, mais aussi parce qu’ils ne sont pas nombreux. « Nous avons deux moniteurs ici. Ils viennent les matins », explique la secrétaire d’une auto-école située sur la voie express Adjamé-Abobo, après la brigade de gendarmerie d’Abobo. Ce nombre semble très insuffisant pour une auto-école, même si la secrétaire estime que ces deux moniteurs suffisent pour assurer les cours dans l'établissement.

Dans une autre auto-école à 200 mètres du carrefour Samaké d’Abobo, il n’y a qu’un seul moniteur. C’est le directeur de l’établissement. « C’est aussi lui qui donne les cours aux élèves », explique la secrétaire que nous avons trouvée sur place. « Mon directeur dispose de deux auto-écoles dont l’une est à Abobo. Il est le seul moniteur de l’établissement. Il est le seul à donner les cours de code et de conduite. Il est également celui qui dépose les dossiers de ses élèves aux différents centres d’examens pour le code, la conduite et l’examen médical ». C’est la même situation dans les autres communes. Il y a très peu de moniteurs d’auto-école pour le nombre croissant de candidats à l’obtention du permis de conduire.

Mauvaise gestion

Plusieurs problèmes minent ce domaine d’activités. A en croire nos interlocuteurs, les auto-écoles ne sont pas gérées comme de véritables entreprises par leurs fondateurs. « Certains n’ont pas le sens de la gestion », confie M. Elo. Il affirme que ces fondateurs d’autoécole préfèrent recruter leurs proches qui n’ont aucune notion du code de la route, plutôt que de prendre du personnel qualifié en la matière. Ce que confirme Ouattara Lassiné. Il a longtemps travaillé dans le domaine. « Leur objectif c’est d’éviter de payer correctement les moniteurs », lance brièvement un autre. Le salaire d’un moniteur certifié, est supérieur à 90 000 FCFA. En embauchant du personnel qualifié, il paiera plus cher.

Les salaires sont généralement bas. « J’ai donc choisi d’être payé par semaine. Puisque j’ai une famille à ma charge », explique Achille. Pour cela, il dispense des cours dans plusieurs établissements. Dans cette autoécole d’Adjamé où nous l’avons trouvé, il donne deux à trois heures de cours chaque jour, pendant trois jours. A la fin de la semaine, le fondateur lui tend 10 000 francs. « Souvent, il fait comprendre qu’il n’a pas eu assez d’argent cette semaine et il me donne 5000 FCFA. Mais en tant que père de famille, je suis obligé d’accepter ce montant ». Pourtant, la formation de moniteur coûte cher. Il faut débourser 435 000 FCFA, pour une formation de trois mois dispensée par l’Office de Sécurité routière (OSER). Cela fait que très peu de personnes s’intéressent au métier de moniteur qui, à l’exercice est mal payé.

Aucune réaction des fondateurs

Les responsables des auto-écoles sont, en principe eux-mêmes des moniteurs certifiés. Car pour fonder une auto-école, il faut être soi-même moniteur. En plus de cela, ils sont soumis à une enquête de moralité. Leur gestion est mise en cause malgré cela. Nous avons voulu savoir s’ils reconnaissent leur responsabilité dans cette pénurie de moniteurs. Et si les auto-écoles manquent de personnel qualifié, notamment les moniteurs qui sont de loin les plus importants du fait de leur rôle d’éducateur. Mais dans la plupart des établissements visités, nous n’avons rencontré que les secrétaires. A Attécoubé, précisément au quartier Ebrié où nous avons trouvé sur place le directeur d’une auto-école, l’homme nous a fait savoir par l’intermédiaire de sa secrétaire qu’il ne pouvait pas nous recevoir, par ce qu’étant trop occupé. Evite-t-il d’aborder le sujet ? L’on ne saurait l’affirmer. Toutefois la réaction des fondateurs d’auto-écoles serait la bienvenue pour plus d’éclairage.

Diomandé Karamoko





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