Le couvre-feu instauré au Gabon depuis le coup d’État du 30 août dernier dure depuis plus de 45 jours, dépassant la moyenne africaine habituelle. Cette mesure impopulaire pèse lourdement sur l’économie et la vie quotidienne des Gabonais. Pourtant, la menace d’un contre-coup d’État paraît limitée. Faut-il craindre que le «coup de liberté» se transforme en camisole de force ?
Au Mali, le couvre-feu instauré le 22 mars 2012, à la suite du coup de force militaire ayant renversé le président Amadou Toumani Touré, avait été levé le 27 mars de la même année. Il n’aura duré que 7 jours. Au Niger, les militaires ayant pris le pouvoir ont levé, le 4 août, le couvre-feu instauré le 26 juillet, jour du coup d’État. La restriction des libertés individuelles et collectives n’y a donc duré que 10 jours. Ce pays avait pourtant reçu des menaces de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avec le projet d’un déploiement d’une “force d’attente” pour déloger la junte. Ce qui n’a nullement été le cas entre la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et le Gabon. Aussi, l’opinion publique gabonaise ne s’explique pas pourquoi le couvre-feu instauré le 30 août avec la prise du pouvoir par le CTRI court à son deuxième mois.
Si la crainte d’un contre-coup d’État peut justifier l’instauration d’un couvre-feu, la permanence de cette hantise, au niveau du CTRI, ne s’explique pas dans un pays où le peuple a accueilli le «coup de liberté» avec enthousiasme, un pays où les commandants en chef des différentes forces de défense et de sécurité se ligués derrière l’actuel patron du pays, Oligui Ngéma ; un pays où la Garde Républicaine, unité ayant entrepris le coup de force, est de notoriété publique la mieux entrainée et dispose de la plus grande et seule vraie puissance de feu… À moins que le contre-coup d’État appréhendé ne provienne, justement, de la Garde Républicaine. Hypothèse qui signifierait alors que Général de Brigade au pouvoir n’aurait pas la haute main sur ses troupes.
Ayant de surcroit rencontré les chefs d’États des pays frontaliers, hormis le Camerounais Paul Biya, le nouvel homme fort de Libreville a dû obtenir des garanties sécuritaires. Si bien qu’un contre-coup ne saurait venir de ces pays.
L’économie gabonaise n’a déjà que trop souffert des années Covid-19 et leur couvre-feu, mettant à la peine, dans le seul secteur du Tourisme et loisirs, plus de 40.000 personnes et 120 entreprises. La permanence du couvre-feu au Gabon est un retour de cauchemar pour ce secteur représentant 4% du PIB du pays et y contribuant pour près de 230 milliards de francs CFA (Chiffres 2019 de la Direction générale de l’Économie et de la Politique fiscale).
Le couvre-feu impacte par ailleurs les activités aéroportuaires et portuaires ne pouvant accueillir les navires et avions cargo et procéder aux activités de manutention durant la nuit, y compris les activités relevant de certaines administrations de l’État, comme les douanes et autres inspections. Il y a en tout cas une bonne partie de l’économie du Gabon qui en soufre, alors qu’il est question de relancer le pays.
Dans les files d’embouteillages entre Mbolo, Sainte-Marie, le CHU Jeanne Ebori et le quartier Louis à Libreville, nombreux sont ceux qui critiquent l’impossibilité des travaux publics de nuit du fait du couvre-feu. Et les désagréments, consécutifs au couvre-feu, sont nombreux ne pouvant être listés ici.
Selon quelques spécialistes, les couvre-feux consécutifs à des coups d’État durent, en moyenne, 45 jours. Au Gabon, cette période théorique est dépassée depuis le 15 octobre dernier. Que craint donc le «Général-président» ? Le «coup de liberté» est-il finalement une camisole de force pour le petit peuple de débrouillards qui s’en était réjoui ?
Dimitri Mimongo
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