Régulateurs volontaires de la circulation routière : vous connaissez ? Ce sont ces jeunes gens qui ont pris sur eux l’engagement de veiller quotidiennement à ce qu’il n’y ait pas d’embouteillages monstres à certains carrefours de la ville d’Abidjan. Dans la commune de Yopougon précisément, on dirait qu'ils sont partout, exerçant avec passion cette activité, pour laquelle ils ne reçoivent pourtant aucune rémunération formelle. Juste si quelques automobilistes au grand cœur, satisfaits du service qu’ils leur rendent, leur glissent de petites sommes d’argent au passage.
Gogoua Aristide gagne pratiquement sa vie, comme régulateur bénévole depuis 2011, à travers la plus grande commune du pays. « J’ai commencé ce boulot à Niangon Texaco. Ensuite, je suis allé à la pharmacie Port-Bouët 2 et au Sable, avant de me retrouver ici au carrefour Chu », explique-t-il avec passion. C’est très décontracté que ce jeune homme est à l’œuvre, au milieu des flots de véhicules circulant autour de lui.
A l’en croire, ce métier nourrit bien son homme. « Jusqu’au 15 du mois, ça marche. Je peux avoir 2000 F à 5000 F CFA par jour. Après, ça devient un peu dur. Mais j’arrive tout de même à m’en sortir. Seulement, il faut être patient », précise Aristide. Son souhait le plus ardent nous confie-t-il, est de voir les pouvoirs publics les prendre en compte, « en considérant ce que nous faisons comme un métier à part entière, pour ainsi réduire le chômage des jeunes déscolarisés surtout. Vous verrez que plusieurs autres jeunes qui souvent avec admiration, nous observent à l’œuvre, vont s’intéresser à cette activité ».
Des transporteurs indisciplinés
A quelques mètres du Chu de Yopougon, nous rencontrons Roger Zadi, un autre jeune régulateur volontaire, au carrefour Oasis à Ananeraie. Sifflet à la bouche, gesticulant sans cesse pour orienter et autoriser les véhicules à aller dans les différentes directions choisies. Il nous parle de leurs difficultés. « Les chauffeurs de gbaka refusent très souvent de s’arrêter. Certains ont même failli me renverser. Ils disent que nous ne sommes pas des policiers. Cela ne nous rend pas la tâche facile », déplore-t-il. Pour pouvoir travailler aisément, Roger est obligé de créer une sorte de familiarité avec ces conducteurs de minicars, pour les amener à se conformer à ses différents gestes. En tout cas, du mieux qu’il peut, il parvient toujours à s’entendre avec la plupart des chauffeurs récalcitrants qui passent par là.
Des automobilistes satisfaits
« Ces agents régulateurs nous facilitent le passage. Surtout les matins lorsque nous nous rendons au travail », affirme M. Alex Koueby. Pour Mme Malika Dia, le service rendu par ces jeunes volontaires est énorme. Surtout avec les embouteillages occasionnés en ce moment par les travaux d’élargissement de la voie Yopougon Sable-Dabou. « Ces bénévoles de la fluidité routière sont à encourager. Car, sans eux, la circulation serait presque impossible à certains endroits de la ville, où les routes sont régulièrement très engorgées », soutient Mlle Cériane Aboké.
Comme leur collègue Gogoua Alexis, tous ces régulateurs volontaires de la circulation à Yopougon, voudraient bien que quelque chose soit fait pour eux. Notamment au niveau de la Mairie. A ce propos, Bakary Cissé, chargé de communication de la mairie de Yopougon, indique qu’il n’existe pas pour l’instant d’agents régulateurs volontaires de la circulation, pris en charge par la municipalité. « Ce sont des initiatives citoyennes à encourager. Ils sont entièrement indépendants. Si cela contribue à faciliter la circulation des véhicules, c’est tant mieux », dit-il. De l’avis de plusieurs usagers de la route, « il faut bien que l’on songe à les intégrer, dans l’effectif des agents municipaux de Yopougon. Vu qu’ils assurent efficacement la régulation de la circulation routière, à différents endroits de la commune, où les policiers commis à cette tâche ne peuvent être, du fait de leur effectif réduit ».
Boubakar Barry