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Sport

Hommage | “Soké” Sanogo Souleymane, pionnier fécond du karatéka ivoirien

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Les souvenirs qui sont évoqués sur les réseaux sociaux ce jour 8 octobre, date l’anniversaire de son décès, sont remplis de mots sublimes, à la dimension du parcours exceptionnel du grand Maître ivoirien, Sanogo Souleymane. Père du Shotokan Karaté Do en Côte d’Ivoire et dans la sous-région, il a diffusé son art durant 60 ans et produit des milliers de pratiquants ayant servi d’incubateurs pour tous les autres styles de sports de combat introduits dans le pays. C’est cette œuvre titanesque de formatage qui lui vaut, quatre ans après sa mort, cet élan massif et hétéroclite de reconnaissances.


En 1962, le jeune Sanogo Souleymane, passionné de football et particulièrement doué sur les terrains à Bouaké, fait la rencontre de Maître Lee Cho. Cet expert en riziculture, d’origine vietnamienne, venu en Côte d’Ivoire au titre de la coopération française, commence à l’initier à la pratique du karaté. Ses fans et sa famille ne partagent pas ce divorce d’avec le sport-roi et nourrissent une suspicion envers ce nouveau sport oriental. C’est à la faveur de la première démonstration que le public de Bouaké, émerveillé, reconnaît le sens de cet art martial. "Elément dangereux", sobriquet qui lui a été donné au football, devient "le Japonais" avec des superlatifs dignes des films d’action de l’époque.

Soké Sanogo entouré par ses deux lieutenants, Hanshi Aphing-kouassi et Adou NiamIen Mathurin, tous deux 7è Dan


Détermination et fidélité


Il apprend vite et est accompagné dans cette aventure par des jeunes tout aussi passionnés comme le futur Colonel Djibril, les frères Aphing-Kouassi, Anoh Koffi Patrice, Gadou Benoît, South Albert, Arsène Zirignon et Gun Morgan (l’artiste, de son vrai nom Jean-Pierre Comoé).

Arrivé à Abidjan pour des raisons professionnelles, Souleymane Sanogy fait face à la rivalité d’un nouveau style asiatique, le Taë Kwondo, introduit en 1968 par le Coréen Kim Young Taë. Une saignée voit partir notamment feu Arsène Zirignon qui devient très vite l’un des premiers monstres africains dans cette discipline. Cet ex-commando de Me Sanogo est d’ailleurs, en 1973, le premier étranger à décrocher une médaille de bronze au championnat du monde de Taë Kwondo à Séoul, en Corée. De plus, avec son 6è Dan plus tard, Me Zirignon trône dans l’élite mondiale des arts martiaux. Mais il n’oublie pas cependant que sa première ceinture noire lui a été nouée par Me Sanogo Souleymane. De sa position, Zirignon contribue ardemment à la promotion des arts martiaux en Côte d’Ivoire. D’ailleurs, c’est en liaison avec son ancien maître, qu’il organise une retentissante Nuit des Arts martiaux dans les années 90, au Palais des Sports de Treichville.

Le Budo est sa parure


Formé à la dure, c’est seulement en 1969 que Maître Sanogo goûte au prestige et aux délices de la charge de Ceinture noire. Il y est autorisé dans le club mythique Les Nains Bleus, peu avant le départ de ses formateurs parmi lesquels Maîtres Mensé Pierre et Thomas Yama.


Comme un activiste de cette cause, le pionnier Me Sanogo, a parcouru le pays tout entier pour semer la graine du Shotokan Karaté Do. Le même engouement pour le développement du karaté est constaté dans la sous-région. Au Sénégal, le chef de file était son ami, le célèbre Me Jacques Diouf.

Les atouts qui ont bâti la réputation et la crédibilité du devancier Sanogo étaient perçus autour de ses hautes performances techniques, sa puissance physique malgré sa petite taille et sa rigueur dans la pratique. Au-delà du physique, ses compagnons comme l’ancien Ambassadeur, Me Ano Koffi Patrice, reconnaissent que son arme fatale a été son respect constant de l’éthique. Cette vision fut utile pour créer la distance entre les voyous et les adeptes du Budo. Ce principe a été clamé de façon particulière par feu Me Aphing-Kouassi Ernest, lors de l’hommage grandiose qui a été organisé en 2018 par la famille des Arts martiaux pour dire Arigato (merci) à Soké Sanogo Souleymane de son vivant : « Il nous a permis d’assimiler des techniques mais surtout, de développer par une pratique intense et assidue, des valeurs mentales certaines assurant notre équilibre d’homme ».


En digne filleul, Me Aphing, 7e dan, ajoute que cette quête nous ramène à l’humilité et à un respect profond de la personne humaine. En effet, pour Soké Sanogo, la recherche de l’excellence est la seule chose qui ne finit pas et qu’il a continué de poursuivre jusqu’à son dernier souffle.

Reconnaissant que l’homme a incarné cette dimension cardinale, le Collège supérieur des Ceintures noires (qu’il a créé), lui a décerné le grade de 10e dan lors de ses obsèques. La mention accompagnant cette distinction est que nul Ivoirien ne pourra être, après lui, éligible à ce statut.


Croisade contre l’indispline


La discipline, la rigueur et l’approfondissement des valeurs attachées à la pratique ont constitué les plus vives préoccupations du grand Maître avant qu'il ne quitte sa troupe. En atteste sa croisade bien déterminée, à travers les clubs, pour ré-implanter les bases éthiques, l’esprit Budo dont le socle est la discipline. Dans son préambule, il écrit ceci :

« Si tu es engagé dans la pratique du karaté, tu l’es aussi dans celle du Budo ».

En sa qualité de grand Maître et formateur, il demande avec fermeté aux Maîtres si la pratique des arts martiaux et principalement du Shotokan Karaté-Do s’accompagne toujours en Côte d’Ivoire d’une initiation systématique et rigoureuse au code d’honneur du Samouraï ? Ses ouailles sont dès lors sommées de revenir à l’aspect doctrinal car il y a danger face à des combattants sans éthique. Il ordonne alors de donner une réponse rapide à cette question cruciale. En effet, dans sa position de Sensei et de Shiandai (grand Maître et guide), il peut exiger des comptes sur leur gestion de ce qu’il appelle la parure du Samouraï et qui est leur éthique.

Les coups de gueule ne l’ont nullement apaisé. En atteste sa campagne à travers les clubs pour re-implanter les bases éthiques, l’esprit Budo dont le socle est la discipline. Dans une interview exclusive à la télévision ivoirienne, il touche la cible nationale. Soké Sanogo proclamait qui si une bonne proportion de la jeunesse pratiquait le karaté à l’instar du Japon, nous n’assisterions pas aux dérives actuelles dues à l’indiscipline.


Clovis Séwa






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