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Politique

L’absurdité des régimes de ‘’transition démocratique ’’

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Il n’est rien de plus absurde que d’espérer quoi que ce soit de bon des gouvernements dits de ‘’transition’’, car ils n’ont jamais rien résolu. L’histoire nous enseigne qu’au Mali seul, il y a déjà eu cinq coups d’État qui ont mis au-devant de la scène politique autant de régimes de transition. Cependant, le Mali n’en a point décollé du tout. Le pays continue de broyer du noir, au propre comme au figuré, sous Assimi Goïta. Au Burkina Faso, le compteur affiche 8 coups d’État tandis que le Niger le talonne avec 7 coups d’État.


Dès 1968, Modibo Keïta, a été renversé par un coup d'État conduit par Moussa Traoré dont la transition s’est muée en régime autocratique de 23 ans. Il fut balayé par le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré en 1991 dont la transition fut applaudie tant elle semblait avoir bien réussi. Alpha Omar Konaré lui succéda démocratiquement en 1992. Toumani Touré revint au pouvoir en 2002, après une élection présidentielle exemplaire. La démocratie malienne semblait bien engagée. Mais que nenni. En 2012, trente jours avant la fin de son dernier mandat, il fut renversé par un petit capitaine, Amadou Haya Sanogo, dans ce que les observateurs ont appelé le ‘’coup d’État le plus stupide du monde’’ puisque le sortant n’était pas candidat à sa propre succession et qu’il ne lui restait qu’un mois pour terminer son mandat, juste le temps d’organiser une nouvelle présidentielle. La transition de Sanogo fut des plus chaotiques. Il prétendait usurper le pouvoir pour mater les rebelles touaregs de l’Azawad devant lesquels le régime d’ATT serait mou. Finalement, frappé de plein fouet par les sanctions draconiennes de la CEDEAO, il lâcha le pouvoir à Dioncounda Traoré dont il organisa la bastonnade en règle, par des hordes instrumentalisées pour le tuer. N’empêche, Ibrahim Boubacar Keïta est élu président le 11 août 2013 avant d’être renversé le 18 août 2020 par Assimi Goïta 1.0. Ce dernier lâche dans un premier temps le pouvoir pour Bah N'Daw, désigné président de la transition, mais qui est renversé à son tour le 21 septembre 2020 par Assimi Goïta 2.0.


Après cinq régimes de transition politique, le Mali n’a toujours pas décollé du tarmac du sous-développement : il n’y a presque plus d’économie au Mali, pas d’électricité, ni d’investissements dans le secteur de la santé et de l’éducation. Le pays broie du noir tandis que Wagner pille les mines d’or pour enrichir Evguéni Prigojine et bientôt Vladimir Poutine. Pendant ce temps, les terroristes bombardent les bateaux à Gao et massacrent dans des incendies gigantesques des centaines de maliens, au nez et à la barbe des soldats maliens et de leurs mercenaires russes. Le renseignement militaire est au point mort tandis que l’on brandit l’acquisition de vieux aéronefs militaires russes des années 60-70 comme la preuve d’une montée en puissance de l’armée malienne. Le pays figure solidement parmi les 15 pays les plus pauvres au monde.


Au Burkina Faso, Maurice Yaméogo, élu en 1959, fut renversé par Sangoulé Lamizana en 1966. Saye Zerbo le renversa à son tour en 1980, avant d’être lui-même balayé par Jean-Baptiste Ouédraogo en 1982. Ce dernier fut renversé par le capitaine Thomas Sankara en 1983 avant de se faire hara kiri par son ami, Blaise Compaoré, en 1987. Ce dernier fut renversé en 2014 par un mouvement populaire pour Honoré Traoré qui ne jouit des délices du pouvoir qu’un seul jour en 2014, avant que Yacouba Isaac Zida ne le balaie pour occuper le palais de Kossyam pendant 20 jours. Ce dernier dut lâcher le pouvoir pour le diplomate Michel Kafando que Gilbert Diendéré renversa en 2015. Son magistère ne dura que six jours. Plus tard, Roch Marc Christian Kaboré fut élu en 2015 avant d’être renversé par le jeune Paul-Henri Sandaogo Damiba en 2022 Il avait juste 41 ans mais il fut chassé à son tour par plus jeune que lui, le capitaine Ibrahim Traoré en fin 2022, un jouvenceau de 1988, qui rêve de revivre la vie de Thomas Sankara. Le Burkina Faso ne compte pas moins de huit transitions démocratiques issues de coups d’État. Il passe pour expert dans le domaine. Si les gouvernements de transition pouvaient sortir un pays de l’ornière, le Burkina Faso serait déjà devenu un pays développé ! Mais il est confortablement installé dans les 15 pays les plus pauvres au monde, juste à côté du Mali qui passe pour être leur modèle de développement et de gouvernance désormais.


En vérité, toutes les transitions sont dirigées par des incompétents qui se sont hissés au sommet de l’État par la force des armes. Aucun d’eux ne laisse derrière lui de démocratie véritable qui porte des fruits vermeils et pérennes. Après leur passage tumultueux à la tête des États, ils ne laissent derrière eux que le status quo ante. Ils conduisent inexorablement à d’autres coups d’État, à la pauvreté accrue, aux détournements massifs de deniers publics, faute de contrôle de leur gestion des ressources nationales. En sus, ils exacerbent le terrorisme djihadiste de Bamako à Niamey, en passant par Ouagadougou. Damida avait prétendu que la recrudescence du terrorisme l’avait forcé à renverser Kaboré, lui le ‘’spécialiste’’ en lutte contre le terrorisme, auteur d’un livre sur le sujet. Mais sous sa gouvernance, les terroristes furent plus puissants et plus dévastateurs que sous Kaboré.


Le Niger compte, à ce jour, au moins sept coups d’État. Il n’est pas très loin du Burkina dans ce triste contexte. Ce n’est guère étonnant qu’il soit classé parmi les 8 pays les plus pauvres au monde avec un revenu moyen de 574 dollars américains par tête d’habitant. C’est d’abord Hamani Diori qui fut renversé en 1974 par Seyni Kountché, lui-même renversé par Ali Saïbou en 1987. Mahamane Ousmane, qui fut élu en 1993, a été renversé en 1996 par Ibrahim Baré Maïnassara. Ce dernier fut atrocement tué en 1999 par les hommes de Daouda Malam Wanké, dont la transition porta au pouvoir Mamadou Tandja en 1999. Mais ce dernier voulut s’accrocher au pouvoir au-delà de 10 ans et fut renversé par Salou Djibo en 2010, dont la transition porta au pouvoir Mahamadou Issoufou en 2011. Son successeur, Mohamed Bazoum, élu en 2021, vient d’être renversé par le général Abdourahamane Tchiani en 2023, celui qui était précisément chargé d’assurer sa sécurité.

Ce qui est emblématique à ces trois pays dirigés par des putschistes solidaires les uns avec les autres, c’est leur rhétorique va-t-en-guerre ; une rhétorique anti-française et l’incompétence caractérisée des putschistes à diriger les affaires de l’État. Ils sont tous incapables de maîtriser la montée en puissance des terroristes djihadistes dans leurs pays respectifs, malgré leur amour pour Vladimir Poutine et les mercenaires de Wagner. La panacée russe pour contrer le terrorisme n’a pas porté de fruits qui vaillent et, lorsque le Burkina du vaillant Ibrahim Traoré annonce un jour que 59 de ses concitoyens furent massacrés par les djihadistes, dont des dizaines de soldats totalement inadéquats, le jour suivant, les porte-paroles du silencieux Assimi Goïta annoncent le lendemain que le Mali a perdu 64 de ses citoyens, dont 15 militaires et 49 civils. Les terroristes du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans se sont sans doute donné le mot : humilier les pouvoirs en treillis militaires à Bamako et à Ouagadougou à la queue leu leu. Leurs nouveaux maîtres russes sont manifestement impuissants à les sortir d’affaire, et le renseignement militaire au Mali et au Burkina semble au point mort. Plus rien ne va dans ces pays qui se rêvent en nouveaux leaders en Afrique de l’Ouest. Vivement que Soundjata Kéïta et les cavaliers mossis ressuscitent afin que le Mali et le Burkina Faso retrouvent leur lustre d’antan !


Dr Famahan SAMAKÉ




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