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Sport

La polémique de la semaine : Pauvre entraîneur !

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Plus les jours avancent, inexorablement, vers le rendez-vous du grand raout de ce qu’on appelle le football africain en terre ivoirienne, et plus se déchaînent les critiques des plus acerbes contre l’entraîneur blanc de la sélection ivoirienne.


Quelle que soit l’issue des matchs des Éléphants, une victoire, un nul, une défaite, il y aura, toujours, les mêmes discours dépréciatifs de soi-disant spécialistes du football sur l’entraîneur.


Comme après la défaite, 3-0, face aux Chipolopolos au stade Mwanawasa, en terre zambienne. Samedi dernier, la Côte d’Ivoire a joué, service minimum, contre le Lesotho, à San Pedro.


Elle a gagné, 1-0, mais est revenue la vieille rengaine: l’entraîneur, le problème, en oubliant de voir que les équipes africaines se valent presque toutes, les joueurs sélectionnés, réquisitionnés, évoluant presque tous dans les championnats loin de leurs patries respectives, dans des clubs européens et autres.


Finalement, que veut-on au juste ? Un nouvel entraîneur, qui opèrerait des miracles avec ce nouveau type de joueurs cooptés, suppliés même pour venir porter le maillot national ? Quel miracle peut bien accomplir un entraîneur dans un tel contexte, où ce qui manque le plus, ce n’est pas tant le talent individuel – et encore ?, mais ce vouloir qui veut, le fighting Spirit.


Tant que des mobilisés, donnés pour une mission, ne portent pas dans leurs cœurs l’idéal des guerriers prêts à se battre, vaille que vaille, pour accomplir bravement leur mission, en guerriers, eh bien, nous aurons cette équipe aux joueurs se contentant de succès chétifs.


Je me fendais, lundi dernier, de ce coup de gueule, non en passionné, non ; non plus en spécialiste- que les spécialistes me pardonnent mon intrusion dans cet univers-, mais en observateur attentif de notre sport-roi, avec pour titre: « Laissez l’entraîneur en paix ! ».


Et j’avançais ceci: « L’Asec a eu un entraîneur...musicien ; Orlando, il s’appelait. C’était un Brésilien. Donc du pays de Pélé. Rien que ça ! Brésilien ! Seulement qu’il était plus doué, assurément, pour les notes de musique que les schémas tactiques relatifs au football. C’est plus tard, à la faveur d’un voyage, je crois de Georges Taï Benson au Brésil, que l’on saura que ce... grand entraîneur était un inconnu notoire au Brésil. Pélé ne le connaissait pas ! Mais, il gagnait tous ses matchs, ici, en Côte d’Ivoire, avec l’Asec d’Abidjan, club du joueur ivoirien de pure race des buteurs, Laurent Pokou. A lui seul, il pouvait changer le cours d’un match, d’un coup de pied ou de tête rageur de vainqueur, qui, jamais, ne lui avait fait défaut. La rage de vaincre. Oui, Laurent Pokou (j’ai du mal, aujourd’hui, à comprendre que ce soit le stade de... San Pedro, qui porte son nom ; à Bouaké, à Abidjan, j’aurais compris, car San Pedro ne fut pas le théâtre des prouesses de ce footballeur de génie), le meilleur des meilleurs buteurs de la Coupe d’Afrique des Nations et les joueurs de sa génération, Kallet Bially, Emmanuel Moh, Bernard Gnahoré, Manglé, Jean-Baptiste Akran, Fanny Ibrahima..., même s’ils n’eurent pas de consécration africaine (à part le Stade d’Abidjan en 1966), c’étai(en)t de « bon(s) sang(s) à combat » !


Même lorsqu’ils perdaient, c’était une victoire dans la défaite. Car ils perdaient, les armes... aux pieds et le cœur à l’ouvrage. Les journalistes sportifs de l’époque, je le pense, étaient plus critiques envers les joueurs qu’envers l’entraîneur.


Aujourd’hui, la critique de l’entraîneur, seul responsable de la défaite, est devenue systématique. Rarement, les anciens, s’en étaient pris, à chaque défaite ou nul, à un entraîneur. Car, ils s’en voulaient, les joueurs, eux-mêmes, d’abord.


Ils jouaient pour leurs clubs, ici, et ils jouaient pour l’équipe nationale. Quel honneur pour eux ! Ils avaient du talent et surtout, ils savaient se battre pour mériter la sélection. Ce n’était pas une garantie.


Aujourd’hui, hélas !, il suffit de marquer deux ou trois malheureux buts sur 15 matchs en Europe, pour figurer dans le top des sélectionnés. Sans plus. Même si, après, ce sera... banquette. Et les journalistes d’un nouvel ordre, se feront l’écho de ces... prouesses, en relais des placeurs des « talents d’Afrique » dans les clubs si riches d’Europe, notamment.


Demain, les pays arabes, sans aucun doute. Que peut bien signifier le drapeau national pour ces gens qui sont allés à l’aventure du football, dans des pays où le sport, singulièrement le football, leur donne des garanties d’une vie décente ? Peu de choses, à la vérité.


L’ici n’est qu’un petit rendez-vous... d’un mois du football...africain en sol africain, où les stades, construits à coups de centaines de milliards de F Cfa ne feront leur plein qu’à l’ouverture et à la finale; là-bas, dans les stades régulièrement pleins à craquer, se trouve le bon combat à mener.


Que peut bien réaliser un entraîneur, avec ce stock de joueurs venus faire acte de présence (pour ne pas être taxés de non patriotes) et surtout soucieux de se protéger de tout mal- en cas de blessures, eh bien, tu seras seul à trinquer- ? A vrai dire : pas grand-chose. Qui ne voit pas ça ? Qui ne sait pas ça ? La génération des joueurs patriotes, « expatriés, mouillant le maillot », est bien morte, depuis la retraite des Drogba, Yaya, Zokora, Kalou...


Alors, contentons-nous de nos petits et salutaires résultats, en attendant de changer de logiciel, je veux dire de mode de sélection en équipe nationale. Ça doit se mériter, bon sang!


En misant aussi sur des joueurs locaux, plus doués que des appelés. Hélas, eux, ils « n’ont pas de nom ». On ne les cite pas dans les émissions sportives qui font les carrières. Le business des « Talents d’Afrique ».


Pauvre Côte d’Ivoire ! Collez la paix aux entraîneurs !

Michel Koffi







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