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Secteur des "Gbaka" : Quand les tickets de transport mettent fin au désordre

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Dans les transports en commun, les apprentis des minicars communément appelés « gbaka » sont constamment en conflit avec leurs passagers quand vient le moment de la distribution de la monnaie.


La raison , c’est qu’ils ‘’associent’’ plusieurs clients en obligeant ces derniers à chercher, eux-mêmes, de la petite monnaie qu’ils se partagent. Ce, au mépris du contretemps et les retards que cela occasionne.


Pis, ils se permettent même d’augmenter les tarifs du transport à certaines heures d’affluence selon leur bon vouloir. Une innovation observée depuis un moment dans certaines gares routières est en passe de mettre fin à ce désordre. Reportage !


Jeudi 30 août 2023, 10 heures 59 minutes. Nous sommes dans la commune d’Adjamé, non loin de la statue du célèbre homme politique, Djeni Kobenan et du camp de gendarmerie d’Agban : carrefour Williamsville ( ou encore carrefour Willy).


Sur le même alignement que la statue, précisément en provenance de la commune d’Abobo, se trouve un vaste espace délimité par une clôture faite sans portail et soutenu par endroit par des piliers en vert.


Aucune enseigne n’indique que c’est une gare routière aménagée par la municipalité, pourtant y stationnement des minicars communément appelé « Gbaka ». C’est la gare de transport Djeni Kobenan.


Depuis cette station, l’on a la possibilité de rallier les différentes communes d’Abidjan. A savoir Plateau, Yopougon, Abobo, Treichville et Bingerville en passant par les quartiers de Cocody (carrefour le vie, Riviera2, 9 killo, Abatta, etc.).


Mais contrairement aux autres gares de stationnement des « Gbaka », la gare Djeni Kobenan a quelque chose de particulier. Une innovation à laquelle se soumettent passagers et transporteurs. Ici, le passager ne paie pas directement la somme d’argent à l’apprenti gbaka comme c’est le cas ailleurs. Non !


Les choses sont organisées autrement. Trois guichets conçus au même format que ceux des agences de mobile money, servent de lieu de paiement uniquement pour les passagers en partance pour Yopougon, Abobo N’dotré et Bingerville.


En effet, installé confortablement dans des box bien aménagés, des agents délégués par le syndicat des transporteurs responsable de cette gare se chargent eux-mêmes de vendre les tickets et de remettre leurs monnaies aux clients.

Bakayoko Synali, l’un d’entre eux, chargé de la caisse des destinations de la commune de Yopougon, secteur de Palais de Justice nous dit que le système a été conçu pour pallier aux conflits récurrents entre apprentis-gbaka et passagers.


« Nous avons mis en place le guichet en raison des palabres entre les apprenti-Gbaka et les passagers. A savoir les histoires de vol, la remise de monnaie qui crée des bagarres. Nous nous sommes dit qu’il fallait créer un guichet. Ainsi, dès que le client prend son ticket, il n’y a plus de risques de conflit avec l’apprenti en ce qui concerne la monnaie », explique-t-il.


De l’autre côté « l’apprenti aussi ne peut pas se plaindre du fait qu’un passager ait eu un langage déplacé envers lui. Voilà l’objectif de la création de ces guichets. Cette technique aussi nous évite les vols des objets aux heures de pointe. Surtout les soirs où les clients se mettent en rang par ordre d'arrivée pour prendre leurs tickets ensuite, il monte dans le véhicule qui est disponible », poursuit-il.


Au-delà des conflits entre transporteurs et passagers, l’on note une meilleure interaction entre chauffeur et apprentis-gbaka d’un côté et agents des forces de l’ordre de l’autre.


Les interventions auprès des forces de l’ordre...


Selon le chef de gare, Koné Karim, grâce à cette stratégie les interventions du syndicat auprès des forces de l’ordre en faveur des transports ont diminué.


« Dans le passé nous étions à plus de huit interventions par mois auprès des forces de l’ordre en raison des conflits entre les apprentis gbaka et les passagers. Mais je vous assure que depuis plus d’un an maintenant que ces guichets ont été mis sur place nous en faisons rarement dans ce sens ».


Sur ce point Bakayoko Issouf apprenti-gbaka depuis 3 ans, confirme cette embellie des rapports avec la police et la gendarmerie.


Son témoignage : « Depuis que cette stratégie a été mise en place, les petits palabres avec les clients ont cessé. Je me rappelle qu’une fois je me suis bagarré avec un passager qui est allé prendre une convocation contre moi. J’ai été obligé de rembourser son transport et mon patron lui a remis ma ration journalière ».


Quant à Franck Soro, un autre apprenti-gbaka, il se réjouit parce que pour lui les tickets lui permettent d’avoir une recette nette. « Le système de ticket nous sauve des clients qui montent parfois dans nos gbaka pour nous voler. Souvent quand tu finis de descendre les passagers, il y en a qui vienne te réclamer de la monnaie, alors que la recette que tu tiens en main est complète. Avec le système des tickets ils ne peuvent plus se permettre cela », se réjouit-il.


Pour Doumbia Lacina, chauffeur, qui dit effectuer cinq voyages par jour en faisant le trajet Yopougon Gesco par le quartier ‘’Maroc’’, depuis l’instauration des guichets il y a eu une évolution.


« Depuis l’avènement des guichets mon travail n’est plus retardé et il n’y a plus de palabre non plus. Quand le passager descend du véhicule, il prend sa route et moi aussi je fais pareil avec mon véhicule. Avec les syndicats aussi il n’y a pas de problème parce que le prix charge est resté 300 fcfa. C’est ce qu’ils prennent et nous reverse le reste du transport qui nous revient de droit ».


En effet, le chauffeur du minicar dont les passagers ont payé leur titre de transport aux guichets ne quitte pas les lieux sans la somme correspondant à son chargement.


Son apprenti qui est chargé de collecter les tickets aux mains des passagers se rend à la caisse. Après le décompte, l’agent au guichet lui reverse la somme d’argent du chargement.


Les tarifs sous contrôle...


« Les mini car n’ont pas tous les même places. Certains font 25, 30 ou 35 places. Là où le transport est fixé à 300 FCfa pour les destinations de Yopougon et 500 FCfa pour Bingerville ». explique le cher de gare, Bakayoko Sinali.


Mais aux heures de pointes, là où, les autres transporteurs augmentent les prix du transport, les syndicats de la gare Djeni Kobenan veillent avoir des tarifs raisonnables aussi bien pour les chauffeurs que pour les transporteurs.


« Lorsque les embouteillages sont monstres et que les minicars se font rares, nous augmentons les tarifs de 300 FCfa à 400 FCfa pour motiver les transporteurs. Parce que souvent certains parmi eux veulent garer et attendre que la circulation se fluidifie de nouveau. Or dans les endroits où il n’y a pas de guichet, les conducteurs augmentent les tarifs. Alors qu’ici à la gare Djeni Kobenan, ils ne peuvent pas s’adonner à cette pratique. C’est nous qui décidons », souligne le chef de gare.


A Adjamé liberté précisément à la station d’essence Corlay où transite les véhicules de transport en commun en direction de Yopougon et d’Abobo N’Dotré, ce système de ticket y a été aussi instauré. Là-bas aussi L. Doukouré, l’un des responsables du syndicat, ne dit pas autre chose.


En effet, depuis l’instauration de ce système les tarifs sont passés de 300 fcfa à 400 fcfa. Selon lui, cela est dû au fait que les embouteillages allongent la durée du trajet. Ce qui n’est pas bénéfique pour les chauffeurs qui ont besoin de plus de rentabilité.


« Là où les autres gbaka prennent les passagers d’ici à Yopougon Siporex au prix de 500 fcfa, nous maintenons le tarifs de 400 fcfa en allant au-delà de Siporex malgré les embouteillages ». Dans cette gare aussi, l’instauration des tickets fait régner la discipline parmi les passagers et les transporteurs.


D’un côté les clients forment un rang par ordre d'arrivée et de l’autre chaque mini car qui fait son entrée a un numéro d'arrivée qui lui est attribué. Ce numéro d'arrivée est noté sur un tableau. Et les véhicules chargent selon l’ordre d'arrivée.

Pour Marina Aka employée à la Zone industrielle de Yopougon, le système de ticket est une bonne initiative. « Côté transport, il n’y a pas de problème. Mais, c’est la monnaie qui nous fatigue. Quand tu arrives et que tu es en manque, tu es obligé d’attendre ou de payer forcément quelque chose avant de prendre ton ticket. Sinon à part cela les chauffeurs arrive à destination et le prix du transport ne change pas », nous explique-t-elle.


De plus, des gares ont instauré cette stratégie pour régler leur transaction. C’est le cas de la gare du Pont-Ferraille qui dessert Bingerville, tout comme une autre gare au ‘’Carrefour La vie’’ à Cocody.


Du constat que nous avons fait, il est unanimement souhaite que cette initiative soit élargie à l’ensemble des gare de Gbaka pour ramener de l’ordre dans un secteur qui empoisonne le quotidien des Abidjanais.

DANIELLE SERI (Stagiaire)




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