Le Gabon a été touché par un coup d’État militaire mercredi 30 août. Le président Ali Bongo, 64 ans dont la réélection venait tout juste d’être annoncée au terme d’un scrutin très contesté, a été « mis à la retraite », par l’armée.
L’Église catholique locale « observe la situation avec attention » et « prie pour la justice et la paix », souligne le coordinateur de la commission épiscopale communication sociale et culture du Gabon.
Quelle est la situation en ce moment à Libreville ? Comment l’Église gabonaise réagit-elle au coup d’État du 30 août ?
Père Serge-Patrick Mabickassa : Libreville est calme. Nous n’avons pas observé de scènes de violences ou de vandalisme. À l’annonce de la prise de pouvoir par les militaires, les tirs de sommations entendus à l’aube du 30 août 2023, ont laissé place à des explosions de joie populaires. Les populations sont sorties rameaux et drapeau national à la main, pour saluer les hommes en treillis.
L’Église catholique au Gabon n’a pas eu de réaction officielle au sujet de ce coup d’État. Mais elle observe l’évolution de la situation avec prudence et grande attention, en continuant à prier pour la vérité, la justice et la paix dans le pays.
La conférence épiscopale du Gabon a publié, en janvier, un message en prélude aux élections. Pressentait-elle les tensions et les répercussions qu’elles pouvaient avoir ?
Père Serge-Patrick Mabickassa : Dans son message de janvier 2023 dernier, la Conférence des évêques du Gabon avait souligné quelques signes d’inquiétudes au sujet de la situation socio-politique du pays. Elle avait clairement parlé « des nuages à l’horizon, les mêmes causes produisant les mêmes effets ». Dans son analyse de la situation, l’Église catholique au Gabon avait courageusement identifié les problèmes tels que la mauvaise répartition des richesses, le taux de chômage relativement élevé chez les jeunes, le mauvais état du réseau routier, les détournements des deniers publics, la faiblesse du tissu économique, une politique de l’habitat qui ne répond que fort peu aux attentes des populations, la pression fiscale galopante, etc.
Oui, l’Église pressentait déjà des tensions. Elle a exercé son ministère prophétique en avertissant les plus hautes autorités du pays. Comme le pape François a invité les évêques du Gabon à le faire lors de leur dernière visite ad limina : « Quand l’homme est bafoué dans sa dignité, l’Église doit élever la voix ».
L’Église gabonaise est-elle prête à jouer un rôle de médiation pour accompagner cette période que traverse ce pays ?
Père Serge-Patrick Mabickassa : Sans intervenir directement dans les affaires politiques mais comme mère et éducatrice, elle est prête à jouer un rôle de médiation pour accompagner cette période de transition et après : par la prière (comme l’avait signifié Mgr Jean Patrick Iba-Ba, archevêque de Libreville, au président Ali Bongo Ondimba lors des vœux du nouvel an), mais aussi par le conseil, l’avertissement et des enseignements. C’est le rôle de l’Église et elle est bien disposée à le faire pour que triomphe la justice, la vérité et la paix dans le pays.
Comment voyez-vous l’avenir du Gabon ?
Père Serge-Patrick Mabickassa : L’espérance est permise. En dépit de la situation que traverse le pays, nous avons espoir que cette crise de croissance accouchera d’un Gabon nouveau, plus juste et plus fraternel. Et comme plusieurs analystes l’ont observé, l’intervention des militaires n’a occasionné aucune effusion de sang, aucun acte de violence, ni d’actes de vols et de vandalisme. C’est un signe d’espoir qui démontre une réelle volonté de construire la paix, une armée qui se voit réconciliée avec le peuple. Pour l’Église catholique au Gabon, nous pouvons partir de cette pierre d’attente pour proposer une médiation du Christ, prince de la paix et roi de l’univers.
Propos recueillis par Lucie Sarr
-
COMMENTAIRES
PLUS D'ARTICLES
-
Côte d’Ivoire – États-Unis : Euphrasie Kouassi Yao présente les acquis en matière de genre
-
Contribution à la victoire sur le nazisme : L’Afrique payée en monnaie de singe
-
A l’Institut international d’agriculture tropicale : des variétés améliorées de manioc, riz, maïs, igname, bananes, soja…
-
Côte d'Ivoire. Présidentielle 2025 : Les 12 nouveaux Districts non concernés pour le parrainage des candidats
-
Côte d’Ivoire . Les condoléances du couple présidentiel au ministre Adjoumani
-
Droits. « En tant que travailleurs, nous ne sommes pas des esclaves » (Coumba Diop, OIT)
-
Côte d'Ivoire. Élection présidentielle. « Nous ne voulons plus de veuves et de déplacés » (ONG )
-
Succession du Pape François : Quelles chances pour l’Afrique ?
-
Mercedes-Benz 600 Pullman : une automobile d’histoire pour un serment de rupture
-
Le Vice-Président de la République a inauguré l’Agence Auxiliaire de la BCEAO à Odienné
-
Sécurité routière : Livreurs et coursiers à motos, interdits sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny
-
Oligui Nguema attendu au pied du mur
-
Talk-show de Rajoelina : plus de show que de talk
-
USA-Loterie de la Carte verte 2026 : les résultats sont disponibles
-
Les Ambassades et Consulats généraux de la Côte d’Ivoire dans la zone Amérique renforcent les capacités de leurs services consulaires
-
Mali : La classe politique dit « non à la dérive autoritaire »
-
Côte d'Ivoire. La handballeuse Halima Traoré immortalisée par une biographie
-
Gabon : Fin de mission pour le CTRI
-
Tribunal du Plateau : 12 jours de prison, pour un coup de bâton administré à son compatriote
-
Investiture du président gabonais : Oligui Nguema face à ses nombreux défis
-
Libération de Assi Ghislain, prime aux enseignants... : Robert Beugré Mambé accepte d'être l'avocat des travailleurs
-
Google se rapproche des professionnels de la presse en ligne de Côte d’Ivoire
-
Côte d’Ivoire. Avant l’élection présidentielle :Le parti de Ouattara s'organise pour son congrès le 20 et 21 juin
-
Côte d'Ivoire. 30 000 festivaliers autour du balafon à Boundiali (interview avec Koné Dodo)
-
Je demande aux Ivoiriens et aux Ivoiriennes de se mobiliser pour maintenir le climat de paix qui prévaut dans notre pays (Cissé Bacongo)
-
Trump accuse des médias américains d’être «malades» après des sondages défavorables
-
Assimi Goïta plébiscité : vers une nouvelle République sans partis ?
-
Front uni contre Emballo en Guinée-Bissau : L’opposition réussira-t-elle son pari ?
-
Côte d’Ivoire. Brice Nguema invite Ouattara à sa cérémonie de prestation de serment
-
Côte d'Ivoire. Précision : « Tidjane Thiam est Ivoirien d'origine » (ministère de la Justice)
-