Ces vacances scolaires finissantes auront été meublées, pour de nombreux élèves et étudiants, par l’exercice de divers petits métiers. Leur motivation : aider financièrement leurs parents, vivant dans des conditions économiques et sociales bien souvent précaires, à faire face aux dépenses liées à leur scolarisation.
Comme d’habitude la commue du Plateau est prise d’assaut pendant les vacances scolaires par des adolescents cireurs de chaussures qu’on appelle communément « petits cireurs ». Il n’est pas rare de les croiser devant les Institutions et dans les rues. Ce jeudi 17 août 2023, nous rencontrons Koné Salif et ses deux camarades dans les environs des tours administratives. « Monsieur, cirer chaussures ? », lancent-ils. Ils sont élèves et viennent de la commune d’Abobo et se rendent au Plateau tous les jours ouvrés, en vue d’exercer ce métier de petit cireur de chaussures.
A Adjamé nous avons rencontré Nikiéma Aziz, élève en classe de 5e. Il vend des produits contre les souris et des insecticides. Pour attirer la clientèle, il tient un mégaphone avec lequel il vante les qualités de ses marchandises. Il parcourt ainsi les différents marchés de ladite commune.
Kouamé Niamké Andréa s'est faite employer dans un restaurant en tant que caissière pour assurer sa scolarité
En visitant quelques restaurants et maquis d’Adjamé, nous trouvons Kouamé Niamké Andréa, élève en classe de 1ère D. Elle travaille dans l’un des restaurants situés dans les environs du carrefour de Liberté. « Je prépare la nourriture. Je sers aussi les clients », explique l’élève qui tient également la caisse du restaurant. Dans le même milieu professionnel, travaille pendant ces vacances, Sylla Asita élève de 3e à Abidjan. Elle fait la plonge dans un restaurant et sert aussi les clients. Quant à Méité, élève de la 5e, c’est dans une station de lavage auto d’Adjamé qu’il passe ses vacances scolaires. Il y travaille comme laveur de véhicules, tous les jours de la semaine, y compris les week-ends.
Aider les parents
Ces élèves qui ont décidé de travailler pendant les vacances scolaires ne sont animés que d’une seule intention, selon leurs dires : aider les parents à assurer leur scolarité. « Je travaille pour aider mes parents à payer ma scolarité. Car ce n’est pas facile pour eux. Puisque je fréquente une école privée », confie Kouamé Niamké Andréa. Elle vit à Agnibilékrou avec sa mère qui est ménagère sans grands moyens. C’est son grand-père qui s’occupe de sa scolarité. Elle a donc décidé de venir passer les vacances scolaires à Abidjan où elle peut avoir un peu d’argent, en travaillant dans un restaurant. Elle s’en sort avec 50 000 F CFA à la fin du mois. Ce qui est suffisant, selon elle, pour aider son grand-père dans les dépenses liées à sa scolarité.
« C’est parce que les parents n’ont pas les moyens », explique Sylla Asita. Son salaire mensuel de 30 000 F CFA en tant que servante pourra lui permettre de participer aux dépenses de sa scolarité. Elle pourra ainsi aller à l’école sereinement, avec ses fournitures scolaires au complet.
Méité Hamed ne dit pas le contraire. « Je vis avec ma maman à Attécoubé. Elle vend des œufs », fait-il savoir. Quant à son père qui réside actuellement dans son village, il est sans emploi. Il est donc difficile, dans ces conditions, pour ses parents, d’assurer convenablement sa scolarité. L’adolescent a donc trouvé ce boulot de laveur de voiture à Adjamé pour aider ses parents à assurer sa scolarité. Par jour, il peut empocher 3000 Fcfa, voire 5000 Fcfa quand ça marche bien pour lui.
Nikiema Aziz le vendeur d’insecticides vit ces mêmes situations. Il doit travailler pendant les vacances pour espérer avoir ses fournitures scolaires. « Nous cirons des chaussures pour acheter nos complets d’uniforme kaki », soutiennent Koné Salif et ses camarades.
Servante à chaque vacance scolaire
Dans la commune de Yopougon, on les rencontre quotidiennement dans plusieurs quartiers, très occupés à se faire de l’argent dans diverses activités. Marina Gueu, étudiante en Licence 2 des Sciences économiques à l’université Félix Houphouët-Boigny, en fait partie. « Depuis la classe de 1ère, j’exerce chaque année, le métier de servante dans les bars et maquis de Yopougon, pendant les vacances. Mon père est décédé. Je vis avec ma mère. Je le fais pour payer mes cours et aider ma génitrice à assurer la scolarité de mes petits frères. En tout cas, ça nous aide beaucoup », révèle-t-elle sans aucun complexe.
Comme Marinae, Oumar Ouattara, élève en classe de Terminale A, a lui aussi voulu aider ses parents, en vendant des produits alimentaires, pour une société de la place. « Mon père est un instituteur à la retraite. Nous sommes au nombre de sept enfants. Ce n’est pas facile pour ma mère. Donc, j’ai décidé cette année de travailler pendant ces vacances, afin de les aider à nous scolariser », dit-il.
Il en est ainsi chaque année, au cours des vacances scolaires, pour nombre d’élèves à Abidjan. De jeunes gens, qui tiennent à effectuer leurs études, en dépit des difficultés financières auxquelles sont confrontés leurs parents.
Diomandé Karamoko
Boubakar Barry