Les périodes électorales sont des moments de tensions, souvent de crises armées en Côte d’Ivoire. A tort ou à raison, les journalistes sont accusés d’être à l’origine de ces crises à travers leurs écrits. En prélude aux échéances électorales du 2 septembre 2023, l’Autorité nationale de la presse (Anp) présidé par Samba Koné, en vue d'amener les journalistes à contribuer à des élections apaisées, a organisé le 17 août 2023 à l'espace Crrae-Umoa du Plateau, une session autour du thème : « Hommes politiques, guides religieux, société civile : qu’attendez-vous de la presse pour des élections sans violence ? »
Pour répondre à cette problématique, un panel a été animé par huit personnes dont des représentants des partis politiques, des guides religieux ainsi que des représentants de la société civile.
Bien avant, le professeur Aghi Bahi, expert en anthropologie de la communication à l’université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, à apporter une contribution introductive. Dans son intervention le professeur a noté l’environnement difficile dans lequel évolue le journaliste. Notamment les fausses informations véhiculées à travers les réseaux sociaux. Tout le monde s’improvise journaliste. Mais pour lui, la presse devrait jouer un rôle vital dans la surveillance de l’intégrité du processus électoral. Ce qui consiste pour les journalistes, à enquêter sur d’éventuelles irrégularités, sur la manipulation du résultat et surtout, sur les comportements anti éthique, qui pourraient compromettre la crédibilité de l’élection. « On peut dire que la presse à le pouvoir d’influencer positivement la dynamique électorale en Côte d’Ivoire, en informant objectivement, en encourageant le dialogue constructif, en promouvant la tolérance », a-t-il indiqué.
Pour répondre à la question à savoir ce qu’ils attendent des journalistes pour des élections sans violence, les panelistes ont d’abord déclaré que les journalistes ont un rôle important à jouer dans le processus électoral en Côte d’Ivoire. Avant de faire des précisions. « Il est essentiel que les médias jouent un rôle responsable et éthique », selon l’honorable Kouakou Krah, vice-président du front populaire ivoirien chargé des élections. Cela doit être basé sur l’objectivité et l’impartialité. Selon M. Dago Kouassi Auguste représentant le parti du peuple africain (Ppa-ci), l’environnement ne permet pas aux journalistes de travailler convenablement. Le représentant du Rassemblement des Houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), l’Honorable Famoussa Coulibaly a demandé aux journalistes d’éviter d’être à la recherche permanente du buzz. Youssoufou Bamba représentant le parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) à ce panel, a expliqué que la presse est indissociable de la démocratie. Les journalistes doivent donc s’imprégner de la constitution, des questions de droits civiques.
Quant aux guides religieux, ils ont exhorté les journalistes à respecter la déontologie de leur métier, d’éviter de déchaîner les passions. Pour les représentants de la société civile, les journalistes doivent faire leur travail. Ils doivent ouvrir des lucarnes sur les sujets d’éducation civiques.
Autant de propositions selon les panelistes, qui pourraient conduire à des élections apaisées. Lors des échanges, il a été demandé aux hommes politiques d’éviter des propos incendiaires pendant les périodes électorales. Car la presse n’est autre que le miroir de la société. Toutefois, le président de l’Anp dans sa conclusion a exhorté les journalistes à éviter de rapporter les propos qui sont sujets à polémique.
A cette session, étaient présentes de nombreuses personnalités. Notamment Jean Martial Adou, directeur de cabinet du ministre de la Communication et de l’économie numérique, Danielle Boni Claverie, ancienne ministre de la Communication, Dr Alfred Dan Moussa, Directeur général de l’institut des sciences et techniques de la communication (Istc) Polytechnique, Oumar Diop, chef du bureau de l’organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture (Unesco).
Diomandé Karamoko