Kibarou. Jusqu’où peut aller la Cédeao contre les putschistes nigériens ?

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest( Cedeao) veut véritablement frapper fort cette fois, les faiseurs et partisans des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. Région tendant à devenir une zone endémique des coups d’Etat militaire sur le continent. L’arsenal corsé de sanctions prises contre le général Tchuani, assorti d’un ultimatum d’une semaine qui lui est laissée, pour faire machine arrière, en est la symbolique marquante. C’est que jamais il en avait été ainsi, contre les auteurs des précédents putschs, survenus notamment en Guinée, au Mali et plus récemment au Burkina Faso. Si l’on mesure ici toute la détermination de l’organisation à vouloir conjurer la pratique surannée, que constituent les coups d’Etat militaires dans l’Ouest du continent, il est à se demander surtout, jusqu’où, peut aller la Cédeao dans sa volonté de faire plier l’échine au général putschiste nigérien ? Tant il est vrai qu’ il y a une réalité que de part et d’autre, l’on ne saurait écarter. Il s’agit bien de la capacité qu’on pourrait qualifier de limitée, du peuple nigérien, à supporter les contrecoups de ces sanctions, si elles venaient effectivement à être appliquée. C’est que ce pays, faut-il le rappeler, reste l’un des plus pauvres du continent. Et cela, en dépit des avancées économiques notables, mais encore insuffisantes qu’il a pu enregistrer au cours de ces dernières décennies. Or, ces sanctions de la Cédeao auront pour effet principal et immédiat, d’isoler le Niger. De paralyser toutes transactions économiques avec l’extérieur, dont une bonne partie a lieu avec le géant Nigéria, son voisin immédiat. Pays du Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, très porté sur la stricte application de ces sanctions. Et par ricochet sur, l’éradication des coups d’Etat militaires dans l’espace communautaire. Il n’est pas non plus certain que la volonté déjà fortement affichée des militaires nigériens de tenir bon, puisse faiblir si facilement, face aux conséquences hautement néfastes qui pourraient en résulter au détriment de leur peuple. De plus, si comme l’a fermement exprimé le Président du Nigéria, Bola Ahmed Tinubu, avec l’accord de ses paires, la reprise du service de l’Ecomog devrait avoir pour premier théâtre d’intervention Niamey, qu’adviendrait-il de ce pays ? Précisément à l’issue de la guerre qui pourrait éventuellement en résulter face aux Forces armées nigériennes.

Voilà autant de paramètres, qui pourraient hâter la tendance inavouée des militaires nigériens, à basculer dans le giron russe. Comme cela les démange fortement du reste. Ils n’auront qu’à muscler leur prétexte déjà exprimé, lorsqu’ils s’emparaient du pouvoir, de vouloir sécuriser au mieux le pays contre le terrorisme. Fallacieux argument en soi, quand on sait tous les bienfaits des dispositions prises ces derniers temps, à l’encontre du terrorisme par les autorités politiques civiles, démocratiquement élues. Si la situation devait vraiment être celle-ci, quelle serait alors l’attitude de la Cedeao, par rapport à l’application de ses sanctions. Notamment avec la présence du groupe Wagner sur le terrain ?

Moussa Ben Touré