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L’Enquête du jeudi : Côte d’Ivoire. Dans le piège des prêts en ligne

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Des annonces invitant la population à demander des prêts en ligne s’affichent presque automatiquement lorsqu’on ouvre une application quelconque sur un smartphone (Androïd ou Apple) en Côte d’Ivoire. Il s’agit, entre autres, de : Le prêt d’argent mobile, Prêter facilement, le Djai225 prêt en ligne, Prêt facile, et Prêt rapide. Les personnes qui se sont intéressées à ces propositions de prêts financiers dénoncent le harcèlement, les menaces sans oublier le taux d’intérêt exorbitant de 33,33%, pour des prêts remboursables au bout de sept jours.

Les auteurs de ces prêts en ligne utilisent des techniques trompeuses pour attirer leurs clients, comme le révèle ce témoignage de M. Albert K. Sur Facebook, explique-t-il, « je suis tombé sur une application de prêt en ligne qui paraissait intéressante. D’autant plus que je devais rembourser 11 000 F CFA, pour un prêt de 10 000 F CFA en trente jours. Après avoir installé l’application et renseigné les informations concernant mon identité, grande fut ma surprise de savoir que j’ai reçu effectivement de l’argent, mais pas le montant demandé. J’ai plutôt reçu la somme de 26 000 F à rembourser avec un montant de 36 000 F CFA, dans un délai de sept jours. Toutes mes tentatives, en vue de comprendre ce qui s'était passé ont été vaines », indique-t-il.


Harcèlement et intimidation

« L’appellation “prêt facile ou prêt rapide” est très attirante », déclare Ismaël, étudiant en psychologie. « En plus, on ne vous demande pas de vous présenter dans un quelconque bureau. Donc on vous évite le déplacement. Tout cela constitue des avantages qui font que plusieurs personnes mordent à l’hameçon. Mais les difficultés commencent lorsque vous obtenez le prêt et que vous ne parvenez pas à effectuer le remboursement. Parce que, disons-le tout net, rembourser un prêt quel qu’il soit en sept jours, ce n’est pas donné à tout le monde », soutient-il.

« Lorsque j’ai eu le premier prêt de 10 000 F CFA, j’ai pu effectuer le remboursement à temps. Je leur ai versé 15 000 F CFA. Donc la confiance s’est installée entre nous », confie Sanoussi Y. Quelques jours plus tard, « j’ai demandé un autre prêt, de 20 000 F CFA. Cette fois-ci, les choses ne se sont pas passées comme convenu. Dès le sixième jour, j’ai reçu le premier message me rappelant que je dois rembourser mon prêt. Le septième jour, le gestionnaire de l’application a commencé par me bombarder de messages de rappel, avec quelques teintes d’agressivité. Puis ont suivi les appels vocaux, comme si je refusais de payer. Les instants qui ont suivi, plusieurs personnes de mon répertoire téléphonique étaient informées de la situation », précise Sanoussi. Elles ont reçu des messages libellés comme suit :« le nommé Sanoussi Y. a pris un prêt qu’il refuse de rembourser. Si vous le connaissez, demandez-lui de procéder au remboursement, sinon son dossier sera transmis au service juridique en vue d’une poursuite judiciaire ». « J’ai alors compris que ces gens-là ne font que du business », conclut- il.


Pratiques illégales

« Les prêts en ligne se présentent comme un piège », estime Doumbia A. « Je suis un vigile. J’ai vu cela comme une source pouvant me permettre d’arrondir la fin du mois, une fois en passant, je me suis engagé. Mais j’ai eu tort. Car ma paye tardait à tomber. Donc je n’ai pas pu effectuer le remboursement à temps. Lorsqu’ils m’ont envoyé le message de rappel, j’en ai profité pour demander une rallonge du délai de remboursement. Pour cela, il a fallu que je paye 5 000 F CFA. Une somme qui n’a rien avoir avec le remboursement et l’intérêt. Pour 10 000 F CFA, je devais rembourser 15 000 F CFA. Et on me demande de payer 5000 F CFA pour avoir une rallonge. Cela fera 20 000 F CFA à payer au total. Je me suis rendu compte que j’étais dans un système que je ne maîtrisais pas. J’ai tout fait pour me sortir de là, en remboursant leur argent ».

Un agent du ministère de l’Economie et des Finances qui a requis l’anonymat, nous a confié que ledit ministère n’a autorisé aucune structure à faire des prêts en ligne. Il a même estimé que le ministère n’est pas au courant d’une telle pratique. Au niveau des banques que nous avons approchées, notamment Ecobank, Atlantique Banque, BSIC, la réponse est identique. Les gestionnaires que nous avons rencontrés disent ne pas connaître l’existence légale de ces structures de prêt en ligne. « Je vois les bandeaux publicitaires sur mon téléphone, mais je ne me laisse pas aller », nous confie Nadège, dans une agence de la Banque nationale d’investissement (BNI).


Taux d’intérêt exorbitants

Pour en savoir plus sur la légalité de cette pratique, nous avons moult fois tenté, sans grand succès, de joindre leurs promoteurs, à partir des numéros de téléphone qui figurent sur leurs applications. La seule fois où nous avons réussi à avoir deux gestionnaires, c’était grâce aux échanges qu’ils venaient d’avoir avec leurs clients. Celui du Prêt facile nous a conduit vers leur site internet pour vérifier leur existence légale. Un site internet inexistant en réalité. Sur la question de leur siège, le gestionnaire du Prêt rapide nous a répondu vaguement qu’ils sont basés à Cocody, sans plus de précisions malgré notre insistance.

Selon quelques agents de banque interrogés sur le sujet, le taux d’intérêt au remboursement dans leurs établissements, varie entre 8 et 10,75 % du prêt, pour une période pouvant atteindre dix ans. Tandis que, dans le cas des prêts en ligne, le taux d’intérêt au remboursement est de 33,33% pour une période de sept jours. Au total, le constat est que l’identité des détenteurs des applications de prêt en ligne reste inconnue du grand public. Et singulièrement de leurs clients. Un fait qui doit inciter à la prudence absolue.

Trésor Doudou



ENCADRÉ

A malin malin et demi !

Les promoteurs de prêts en ligne évoluent dans l’illégalité. Conscients de cela, certains emprunteurs en profitent pour gruger les prêteurs. Koffi Léon, conducteur de taxi VTC, a reçu plusieurs menaces, lorsqu’il ne parvenait pas à respecter le délai de remboursement. Mais, il ne s’est jamais mis martel en tête pour autant. Bien au contraire :« j’ai fini par m’habituer à leurs menaces. Ils ont envoyé des messages à quelques personnes de mon répertoire. Le gestionnaire a proféré toutes sortes de menaces. Il m’a même dit qu’après le délai, il y a une pénalité de 2000 F CFA à payer chaque jour. Après cela, rien de plus. Donc je me suis amusé à emprunter sur plusieurs plateformes, puis j’ai désinstallé les applications. Ils n’ont plus eu accès à mon répertoire. Ainsi, ils n’ont pas eu la possibilité de m’embêter. J’attends quelques jours encore, pour reprendre le même processus avec une autre puce », s’est-il réjoui.

Anderson est gérant de cabine téléphonique. Depuis quelques mois, il est en contact régulier avec ces organisateurs de prêts en ligne. « La confiance est née entre eux et moi. Il m’est arrivé de prendre 60 000 F CFA pour rembourser 80 000 F CFA. Notre collaboration a cessé lorsqu’ils ont menacé ma femme. Parce qu’elle ne pouvait pas rembourser dans un délai de sept jours, le gestionnaire l’appelait tout le temps pour la menacer. Alors j’ai menacé de les convoquer au commissariat, en précisant qu’ils opèrent dans l’illégalité. Depuis lors, nous n’avons plus reçu d’appels l » précise Anderson tout heureux.

T. D.










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