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Societe

Ils sont heureux mais ne le savent pas.

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Je me souviens avoir beaucoup ri lorsque j’ai pour la première fois entendu un Ghanéen dire que les Ivoiriens sont des gens heureux mais qui ignorent qu’ils le sont. Nous étions avant 2000, avant le coup d’Etat, avant notre décennie noire. C’était au temps où Henri Konan Bédié nous promettait le « progrès pour tous et le bonheur pour chacun. » Cette belle promesse ne convainquait pas bon nombre de nos compatriotes, surtout les étudiants et les opposants, qui continuaient de se plaindre de tout et de rien. Les « dix chantiers de l’Eléphant d’Afrique » ne rassuraient pas ces derniers qui n’y voyaient que de la poudre aux yeux. Le Ghana à côté de nous était dirigé par le capitaine Jerry Rawlings que l’on disait alors meilleur élève du FMI, que l’on félicitait pour avoir stoppé la descente aux enfers du Ghana. Mais les Ghanéens savaient qu’ils revenaient de très loin et ils étaient encore très loin derrière la Côte d’Ivoire. Avant l’accession de Rawlings à la tête du Ghana, la situation économique de notre voisin était si désastreuse qu’en Côte d’Ivoire, on disait de quelqu’un qui traversait une mauvaise passe qu’il était « tombé comme le Ghana. » Jerry Rawlings avait de manière spectaculaire réussi à redresser son pays, mais en employant la manière forte. Il n’hésita pas à faire fusiller plusieurs personnes dont des anciens chefs d’Etat. Au pays du bouillant capitaine, on ne plaisantait pas avec beaucoup de choses dont les deniers publics. La Côte d’Ivoire était la seconde économie de l’Afrique de l’ouest, après le Nigeria. Mais le désordre et la violence qui régnaient déjà dans ce dernier pays faisaient qu’il n’attirait personne. Notre pays faisait alors rêver.

Et puis le 25 décembre 1999 est arrivé avec Robert Guéï. Dix mois chaotiques. Puis Laurent Gbagbo est arrivé à son tour. Puis septembre 2002. Puis tout le reste, jusqu’en avril 2011. Nous sommes en 2023 et nous sommes toujours la seconde économie de l’Afrique de l’ouest et l’une des plus performantes du monde. Du monde réel. N’en déplaise à un certain évêque catholique. C’est lorsque l’on compare le point où nous étions en avril 2011 à celui que nous avons atteint aujourd’hui que l’on voit la performance. Souvenons-nous de l’état de nos routes, de nos écoles, de nos universités, de nos centres de santé, de la fourniture d’électricité, d’eau…Que ceux qui ont connu la Côte d’Ivoire d’avant avril 2011 essaient d’être de bonne foi. Comparons nos salaires à ceux des autres pays d’Afrique de l’ouest. Personne ne dit que tout va bien dans le meilleur des mondes aujourd’hui. Il y a encore de nombreux problèmes à régler, beaucoup de choses à améliorer, à faire, à bannir. Nous en sommes tous conscients. Figurez-vous que même en France ou aux Etats Unis, il y a des mendiants dans les rues, des bidonvilles, des personnes qui n’arrivent pas à se nourrir, à se soigner. Pointer du doigt les difficultés actuelles et ce qui n’a pas encore été réalisé est une bonne chose. Il ne faut jamais laisser les gouvernants dormir sur leurs lauriers. Mais le faire en tenant compte du chemin parcouru est plus honnête. Il est aussi bon de tenir compte de l’environnement. Comparaison n’est pas toujours raison, mais elle permet aussi de mieux apprécier ce que l’on a. Jetons simplement un coup d’œil sur nos voisins proches ou lointains, et nous comprendrons mieux notre situation.

L’église catholique a récemment dénoncé la violence, les braquages à main armée dans notre pays. Honnêtement, la situation est-elle pire qu’avant, au moment où des étudiants pendaient et violaient leurs camarades sur le campus en toute impunité ? Il y eut, à l’avènement du pouvoir actuel, le phénomène des « microbes. » Mais qui en parle encore ? L’église dit encore que « l’appel à la paix et à la réconciliation n’a jamais été sincère. Parce que la plupart du temps ceux qui nous parlent de paix se promènent en gilet anti balles. » Je me demande sérieusement à partir de quoi l’église juge de la non sincérité de l’appel à la paix et à la réconciliation. Et lorsqu’elle parle de ceux qui se promènent en gilets anti balles, je suppose qu’elle utilise une métaphore. Mais j’avoue ne pas la comprendre. Le mécréant que je suis n’est pas très doué dans l’art des paraboles. De même que je ne comprends pas l’église lorsqu’elle parle des Ivoiriens qui restent toujours divisés. De tout temps, sous toutes les latitudes, les humains ont toujours été divisés. Par les religions, les idées politiques, les ethnies, les couleurs de peau, le niveau social, etc. Et alors ? Ces divisions ne posent problème que lorsqu’un groupe se sert de sa situation dominante pour brimer, massacrer ou détruire les autres groupes. Où est-ce que les Ivoiriens ne vivent pas en bonne intelligence, malgré les différences ? Il est bon de critiquer, mais il est dangereux de vouloir voir des problèmes là où il n’y en a pas.

Venance Konan





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