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Culture

L’enquête du jeudi. Côte d’Ivoire. Événements culturels. Grand Bassam : l’Abissa, un festival enraciné dans la tradition (2/2)

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Plusieurs événements culturels sont créés quasiment chaque année, avec pour ambition d’être pérennes. Mais, très peu d’entre eux arrivent réellement à survivre dans la durée. Le Popo Carnaval à Bonoua et l’Abissa à Grand-Bassam font partie de cette exception Toujours présents sur le calendrier des événements culturels annuels ivoiriens, ils revêtent à ce jour une dimension internationale. D’où tirent-ils leur force ?

Pratiqué depuis plusieurs siècles, l’Abissa tire aussi sa longévité de l’enracinement du peuple N’zima dans sa culture. Fête de réjouissances marquant la nouvelle année en pays N’Zima Kôtôkô, elle a été institutionnalisée par les N’vavilé, l’une des sept familles du peuple N’Zima.

L’histoire raconte qu’une femme de cette famille est allée un jour au champ et qu’elle y a vu des génies en train d’exécuter des pas de danse. Effrayée par cette scène, elle court aussitôt informer le chef. Celui-ci va envoyer N’Goudoum, le plus grand féticheur du village, en mission. Arrivé sur les lieux, il sera kidnappé par les génies et initié à cette danse. A son retour, quelques années plus tard, il va léguer cette danse à la famille N’vavilé. Celle-ci va la présenter au peuple, qui l’adoptera. Plus tard, cette fête est institutionnalisée par la chefferie N’Zima.


7 000 à 8 000 festivaliers chaque année


« L’Abissa se tient chaque année entre fin octobre et début novembre. Il réunit, pendant une semaine, 7 000 à 8 000 festivaliers venant de divers horizons. Cette fête est divisée en deux étapes. La partie, dite « silencieuse » consiste au transfert du tam-tam sacré ‘’L’Edongbolé’’ dans la forêt sacrée, à l’abri des regards, pour des rituels. La partie visible ou festive, est caractérisée par les danses et la sortie du Roi », nous explique Olivier Niamkey chargé des relations extérieures de l’Abissa.

Pendant cette période dit-il, aucune activité ne doit être organisée. Même les décès ne sont pas annoncés. Seul le tam-tam sacré peut être joué. L’Abissa ne se mélange pas à une autre danse. Le Roi « perd » momentanément ses attributs. Tout citoyen du peuple peut alors lui porter des critiques. C’est l’occasion aussi de faire le bilan de l’année écoulée, et d’entrevoir les perspectives pour le nouvel an.

A en croire M. Niamkey, Sa Majesté Tanoé Amon Désiré, roi des N’zima Kôtôkô, a confié, depuis 2004, la charge de l’organisation de l’Abissa à un comité, pour mieux l’améliorer. « Cela nous a permis d’avoir plus de sponsors et de visibilité. Cette organisation nous a permis également d’être plus médiatisé et d’avoir une notoriété au plan international », souligne-t-il.


Un milliard de francs CFA au profit de la région


L’Abissa génère annuellement, près d’un milliard de francs CFA au profit de la région du Sud-Comoé. Le budget de l’organisation tourne autour de 150 millions de de francs CFA. Il est financé en grande partie par les sponsors. L’autre partie provient des partenaires, à savoir la Présidence de la République, le ministère de la Culture, Côte d’Ivoire Tourisme et des cadres de Grand-Bassam.


Lire aussi :L’enquête du jeudi. Côte d’Ivoire. Événements culturels. Bonoua : Les secrets du succès du Popo Carnaval (1/2)


La Place Abissa du quartier France est transformée en espace de divertissement. « Pendant l’Abissa, nos maquis et restaurants ne marchent pas. Tous nos clients se déportent au village Abissa, à cause des bas prix pratiqués sur ce lieu », confie Jérôme Douati. « L’an passé, j’ai dû louer un stand au village Abissa pour vendre mes plats, afin de pouvoir maintenir mon commerce », explique Thérèse Taba.

A en croire Olivier Niamkey, l’organisation d’un tel festival coûte cher. « Tout l’argent que nous percevons directement, à travers la vente de tee-shirts ou la location de nos stands et espaces, rentre dans les charges de l’organisation. Les organisateurs de l’Abissa Festival sont des cadres bénévoles. Ils n’ont donc pas pour but de faire forcément du bénéfice ou du gain », précise-t-il.


Un événement qui réunit toutes les communautés


M. Niamkey ajoute qu’avec le concours des sponsors, ils ont pu construire des latrines dans plusieurs écoles primaires, offert des dons à l’orphelinat de Grand-Bassam et octroyer des permis de conduire à de nombreux jeunes de la ville.

« L’Abissa est un événement magnifique qui réunit toutes les communautés de Grand-Bassam. Nous participons chaque année à cette fête », confie Ola Dipoupo, chef de la communauté yorouba de Grand-Bassam. « L’Abissa est célébré aussi au Ghana. D’ailleurs, c’est de là-bas que cette fête tire son origine. C’est une belle initiative », révèle Robert Achimpong, un ressortissant ghanéen vivant à Grand Bassam depuis 1990.


Boubakar Barry





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