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L'enquête du jeudi . Déménagement à la nouvelle casse d’Abobo N’Dotré: De nombreux ferrailleurs disent non

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La nouvelle casse d'Abobo N'dotré

La casse moderne d'Abobo N'Dotré est en partie vide. Plusieurs magasins sont fermés. Ce n'est pas la grande affluence sur ce nouveau site. Les clients sont rares. Une partie des ferrailleurs refusent de s'y installer. Et pour cause, l'endroit ne serait pas le lieu indiqué pour leurs affaires.

La nouvelle casse d'Abobo N'dotré ne grouille pas de monde comme on a l'habitude de le voir dans les nombreuses casses d'Abidjan. Ici les ferrailleurs sont assis devant leur magasin attendant patiemment des clients qui tardent à venir. « Ça ne marche pas », confie Salia que nous avons trouvé devant son magasin. Les clients ne se bousculent pas. Il explique cela par le fait que la casse est très éloignée du centre-ville. Et que les clients n'aiment pas se déplacer sur une longue distance. Surtout s'ils trouvent déjà ailleurs, ce qu'ils recherchent sans même se déplacer à la casse de N'dotré. « La mairie a chassé les ferrailleurs d'Abobo Anador. Mais ils sont toujours là-bas. Ils disent que la casse de N'dotré ne les arrange pas.Et leur présence à Anador empêche les clients de venir ici à N’dotré », explique-t-il. Pour lui c'est aussi la raison pour laquelle certains magasins sont fermés. Les propriétaires ont dû se rendre compte de l'évidence pour abandonner leurs magasins. Des mécaniciens trouvés sur place reconnaissent que la situation est un peu difficile. Mais avec le temps, les choses vont rentrer dans l'ordre.

Mamadou Doumbia, vice-président de l'Association des jeunes ferrailleurs de Côte d'Ivoire (Ajfci)


Mamadou Doumbia, vice-président de l'Association des jeunes ferrailleurs de Côte d'Ivoire (Ajfci), installé sur la nouvelle casse reconnaît que ce n'est pas la grande affluence. C'est à la suite du déguerpissement des ferrailleurs de la casse d'Adjamé en 2014, qu'il s'est installé en 2015 à la nouvelle casse d'Abobo N'dotré. « Nous faisons partie de la première vague. Il y en a qui sont restés à Adjamé disant que l'endroit est loin. Quand on est venu, sincèrement ça n'allait pas au début. Mais avec le temps je me suis habitué. Lorsque vous mettez déjà dans la tête du client que l'endroit est loin, le client aussi aura la paresse de venir. Je dis à tout le monde qu'il n'y a qu'un seul aéroport international en Côte d'Ivoire. Où que vous soyez en Côte d'Ivoire, si vous devez vous rendre à la Mecque ou en France, vous êtes obligé d'aller à Port-Bouet. Il en est même pour les ferrailleurs. Quand un client demande où se trouve la ferraille et qu'on lui indique N'dotré, il sera obligé de venir », explique-t-il en marquant son désaccord avec ceux qui refusent de s'installer dans cette nouvelle casse.

Certains ferrailleurs soutiennent que les magasins trop petits ne peuvent pas contenir leurs marchandises. A cet argument, le vice-président réplique que « les détaillants sont toujours plus nombreux que les grossistes. Les magasins sont de 12 mètres carrés. Ça peut contenir 25 moteurs. Ce sont des millions de FCFA ». Il ajoute que les ferrailleurs qui disposent d'un capital de plus de 5 millions FCFA se comptent du bout des doigts. « J'ai 9 moteurs à l'intérieur de mon magasin. Au dehors j'en ai 6. Si le magasin est rempli, je serai multimillionnaire » fait-il savoir, pour expliquer que leur argument ne tient pas la route. « Cette casse n'a pas été construite pour les grands commerçants. C'est pour les petits débrouillards », explique Salia.


Ils défient l’autorité de l’État

Le comportement de certains ferrailleurs ressemble fort bien à une opposition à l’autorité de l'Etat. Plusieurs magasins de la nouvelle casse d'Abobo N'dotré sont actuellement fermés. « La plupart des magasins fermés appartiennent aux ferrailleurs qui sont actuellement à Anador. Certains ont gardé leurs marchandises dedans et sont repartis à Anador », confie un ferrailleur.

En effet, les ferrailleurs installés à Abobo Anador avaient fini par rendre le quartier insalubre. Pourtant c'est un quartier résidentiel. En plus, leur présence ne donnait pas fière allure à l'axe Abobo-Adjamé qui le traverse. La mairie a donc décidé d'y mettre de l'ordre, en demandant aux ferrailleurs de partir de là et occuper les magasins de la nouvelle casse qu'ils ont abandonnés. Ils ont fait la sourde oreille. Il a fallu une opération policière pour les y contraindre en janvier 2022. Mais quand ils arrivent sur le site en question, ils manifestent leur mécontentement. Et pour cause, selon eux, il n'y a pas suffisamment de magasins disponibles pour eux. La mairie demande à ceux qui ont déjà leur magasin, de les occuper. Ceux qui resteront, elle verra ce qui peut être fait pour eux. La maire Kandia Camara a même décidé de les soutenir, à hauteur de 10 millions FCFA, pour leur permettre de s'installer en construisant d'autres magasins.

Malgré cet appui, des ferrailleurs d'Anador refusent toujours, de s'installer à la nouvelle casse d'Abobo N'dotré. Un tour ce mercredi 3 mai 2023 à Abobo Anador nous a permis de vérifier que les ferrailleurs y sont encore installés malgré les différentes actions des autorités locales.


Un cadeau de l’Etat


En 2014, l'Etat décide de bâtir une nouvelle gare internationale moderne à Adjamé, sur l'espace occupé depuis des années, par des ferrailleurs. Ces derniers demandent à être relogés. Bien évidemment l'Etat avait prévu cela. Car, « Nous étions au total 3300 ferrailleurs. On nous a recensés avant de nous déguerpir. Chaque personne a reçu un titre foncier. On a reçu aussi un papier pour le recensement général des artisans. On savait donc le nombre de personnes qui devait être installées sur ce nouveau site de N'dotré » explique le vice-président de l’Ajfci.

Pour leur recasement donc, poursuit-il, l’Etat a acheté une parcelle de 85 hectares à Abobo N’dotré sur laquelle des magasins ont été construits pour les accueillir. « Le gouvernement nous a offert ces magasins à 600 000 FCFA payable au bout d'un an. Dès que vous finissez de payer, le magasin vous appartient à vie », confie Mamadou Doumbia, estimant que c’est un cadeau sur lequel les ferrailleurs ne devraient pas cracher.

Pour l’heure, la mairie d’Abobo n’a rien décidé de spécial contre ces ferrailleurs qui refusent de déménager sur le nouveau site. Jouant certainement sur le temps, tout en maintenant l’interdiction stricte de les voir ouvrir leurs magasins sur l’ancien site du quartier Anador. Où, les pièces détachées sont vendues discrètement.

Diomandé Karamoko





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