Au tribunal. Le violent petit-fils indigne aura un mois en prison pour dessoûler

Vincent n’est pas du tout reconnaissant envers son grand-père. Un homme qui lui a tout donné, y compris une identité à l’état civil et une dignité dans la société. Malheureusement, le jeudi 13 avril 2023, Vincent et son grand-père se sont retrouvés à l’audience du Tribunal correctionnel de Grand-Bassam.

Âgé de 41 ans, mécanicien de son état, Vincent était sous mandat de dépôt à la prison civile de Grand-Bassam, depuis le 3 avril 2023. Le quadragénaire répondait du délit de « violences, voies de fait et dégâts volontaires sur la propriété mobilière d’autrui. » Les faits pour lesquels il comparaît se sont déroulés le 30 novembre 2022 à Bonoua, où réside la famille. Contrairement à un certain passé où les altercations avec son grand-père étaient moins violentes, ce jour-là, Vincent est apparu très furieux. Etait-il « en état de manque » d’une substance psychotrope censée guérir le mal dont il souffrait ? A entendre le Pépé, Vincent présentait le visage de quelqu’un qui était prêt à tout, pour obtenir ce qu’il exigeait : de l’argent.

Menaces de La famille mettra tout en œuvre pour faire entendre raison au « fiston ». Ce sera peine perdue. C’est après qu’on a brandi la menace de faire appel à la force publique, que Vincent va disparaître, sans avoir obtenu gain de cause. Le grand-père, déjà habitué aux disparitions et réapparitions houleuses de Vincent, n’est pas rassuré. Il ne veut plus s’en laisser conter. Convaincu que le petit fils terrible peut réapparaître à tout moment, le grand-père lance les forces de l’ordre sur ses traces. Ces dernières ne tarderont pas retrouver Vincent. Le 3 avril 2023, celui qui a longtemps maltraité son grand-père et troublé le sommeil de toute la famille, est mis sous mandat de dépôt. Ainsi commença le premier séjour carcéral du quadragénaire.

Lors du procès de Vincent, le 13 avril 2023, son grand-père, la gorge quelque peu nouée, a fait cette déclaration émouvante : « Vraiment, j’en ai assez. Je pense que sa place n’est plus dans ma famille mais dans la prison. Voilà quelqu’un que j’ai mis dans de bonnes conditions, pour qui j’ai cherché et trouvé un métier pour assurer son avenir, afin qu’il ne regrette pas d’être venu au monde. Et voilà comment il me paye tout ça aujourd’hui. Il avait quitté la famille depuis quatre ans. Il est revenu un jour, pour me remettre une somme de vingt-cinq mille francs, avant de disparaître. Quand il est réapparu plus tard, c’était pour me réclamer cette somme avec violence. Il a menacé de mort toute la cour, avec une machette. Que voulez-vous que je dise, si ce n’est que de demander à la justice de le garder en prison. »

Le président du Tribunal au prévenu : « Vincent, votre grand-père dit de vous mettre en prison pour longtemps, parce que la famille ne peut plus vous supporter. Vous dites quoi ? »

Vincent : « M. le Président, je lui demande pardon. A vous aussi, je demande pardon. Je ne vais plus recommencer. Le jour des faits, j’avais bu beaucoup d’alcool et je ne savais pas ce que je faisais. »

Au terme de son réquisitoire, le procureur de la République a requis contre le prévenu, six mois d’emprisonnement ferme et 100 000 F d’amende. Ayant bénéficié de circonstances atténuantes, Vincent a été finalement condamné à un mois d’emprisonnement ferme et à 50 000 F d’amende.

Une chronique de Mory-Frey Touré