Revoici L’Intelligent d’Abidjan ou désormais Lintelligent dabidjan en fête. Le journal fondé par Alafé Wakili en 2003 après avoir fait les beaux jours du National, célèbre 20 ans d’existence. Un parcours mais surtout une histoire avec la Côte d’Ivoire de ces 20 dernières années. Alafé Wakili livre ici quelques secrets qui lui permettent de tenir la route malgré un environnement médiatique défavorable en ce qui concerne la presse imprimée
Connectionivoirienne.net : 20 ans de vie d’un journal dans un contexte de précarité de la presse imprimée en Côte d’Ivoire. Il y a certainement un secret et des leçons de vie non ?
Alafé Wakili : Leçons de vie ? Assurément ! Mais il n’y a pas une recette miracle. Le journal imprimé est l’activité principale, de notre entreprise. On essaie alors de le maintenir, malgré les difficultés. Toutes les opportunités financières qui s’offrent à nous, on les réoriente dans le journal. Il ne m’est jamais arrivé pendant longtemps et de façon durable, de changer de métier, de devenir fonctionnaire, ou opérateur économique dans le secteur des transports, en abandonnant la presse imprimée, au motif qu’elle n’est pas rentable. Ramener tout ce que je fais au journal imprimé, faire tourner les activités annexes et connexes autour du journal, envisager cette sorte d’économie circulaire, voilà l’un des secrets ! Ensuite, il y’a eu l’engagement personnel. Un engagement moral, intellectuel, physique, une disponibilité pour le journal, un sacrifice pour un confort personnel. Enfin, il y a les travailleurs. Ceux qui ont été de l’aventure et qui sont partis ailleurs, ou qui ne sont plus en vie. Ceux qui sont encore avec nous. D’ailleurs pour les 20 ans, nous allons honorer et célébrer tous nos anciens collaborateurs, où qu’ils soient. Nous sommes fiers de leur parcours. Et nous voulons montrer au monde que tel journaliste, tel responsable des médias, tel agent de telle structure, est un ancien de l’Intelligent d’Abidjan. Il y en a que je n’ai pas connu personnellement lors de leur stage souvent rapide, mais en ville ils se présentent et expriment leur gratitude. Tous ceux qui ont participé et contribuent à l’aventure méritent d’être célébrés et de le témoigner. Ce n’est pas moi seul, mon parcours de vie, c’est une histoire commune avec les travailleurs, le public, les annonceurs et tous les partenaires, au cours de 20 ans de vie commune.
Connectionivoirienne.net : S’il vous était demandé de conter les 20 ans de votre journal, quels sont les grands moments qui seraient pour vous des repères depuis le premier numéro ?
Alafé Wakili : Chaque jour est un moment particulier, chaque jour est un grand moment ! Vingt ans, c’est plus de 5000 parutions, c’est des hauts et des bas. Il m’est difficile de sortir des moments forts ou grands ! Je prends tout ! J’endosse tout ! Les périodes fastes, de grands succès commerciaux, comme la période de précarité pour toute la presse. Cette période difficile, nous la vivions depuis longtemps, nous l’avons peut-être toujours vécue. Cela nous donne une résilience que d’autres découvrent maintenant. Les choses n’ont jamais été faciles pour nous. Alors je prends tout . Les hauts comme les bas. Cela dit, nous travaillons à trouver 20 unes, en retenant le numéro 1, 19 ou 20 parutions qui peuvent servir de clichés et d’instantanés pour résumer un peu notre parcours ! Il est évident que ce ne sera pas complet ! Rires …
Connectionivoirienne.net : Où se positionne l’IA d’aujourd’hui ? Un journal d’opinion ? Un journal proche du pouvoir ou un organe de communication pour le plus offrant ?
Alafé Wakili : Où se positionne l’IA d’aujourd’hui ? Un journal d’opinion ? Il est évident pour tous, que l’Intelligent d’Abidjan n’est pas un journal d’opinion. L’IA est un journal de faits, d’actualité et d’informations générales. Comme tout journal, il peut avoir une position, une option sur des faits, mais il n’est pas un journal d’opinion.
Un journal proche du pouvoir ?
L’Intelligent n’est pas un journal hostile au pouvoir Rhdp, comme il n’est pas un journal hostile au Pdci, ou à l’opposition dont nous parlons. Prendre un certain nombre de position, ou avoir des positions sur des faits précis, ne fait pas d’un journal, le journal d’une obédience politique, que ce soit du pouvoir ou de l’opposition. Comme j’aime à le dire, les journaux qui sont du pouvoir, ou de l’opposition s’assument et le disent sans complexe ni représailles. Alors si l’IA était dans un de ces cas, il le dirait aussi fièrement que les autres journaux sont fiers d’être du pouvoir ou de l’opposition.
Un organe de communication pour le plus offrant ?
Est-ce la vocation d’un journal imprimé, ou d’un site d’information ? Je ne crois pas. L’IA avec ses 20 ans, est un journal crédible et de notoriété, ouvert à toutes les sensibilités, à toutes les classes sociales, un journal qui participe à l’histoire Ivorienne et africaine des 20 dernières années. C’est une tribune de communication qui a servi entre autres, à Guillaume Soro et Charles Ble Goudé pour se parler en 2006-2007, durant la crise dans notre pays ! L’IA n’est pas un journal à vendre au plus offrant. Il s’agit plutôt d’un support disponible pour tous ceux qui acceptent un journalisme intelligent comme le prétend le nom même du journal.
Par SD à Abidjan
Publié le :
23 avril 2023Par:
Lago Tape