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Enterrez-moi cette histoire !

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Il y a quelques mois, j’avais visité quelques une des îles Ehotilé situées en face d’Assinie, et j’avais découvert sur l’une d’elles, deux fûts de canon datant du temps du roi français Louis XIV. L’un était complètement enfoncé dans la vase et l’autre avait commencé à suivre le même chemin. J’avais écrit une chronique pour interpeler ceux qui pouvaient sauver ces canons car selon moi, ils font partie de notre histoire et nous devons les préserver. Ils témoignent de notre rencontre avec la France, qui, dans un premier temps, était basée sur les échanges commerciaux. Ces rencontres se traduisirent par le séjour à la cour du roi Louis XIV d’un prince d’Assinie, Aniaba, dont mon confrère Serge Bilé vient de dresser le portrait dans son dernier livre.

Visiblement l’histoire de ces canons n’intéresse personne, vu qu’ils sont toujours dans la boue et risquent de disparaitre définitivement. Il s’agit seulement de les sortir de cette vase et de les conserver quelque part pour que ceux qui s’intéressent à notre histoire puissent aller les admirer. On pourrait même les laisser sur l’île où ils se trouvent pour que des touristes aillent payer pour les voir là-bas. Mais voilà. Même notre histoire n’intéresse personne parmi les décideurs, au niveau du ministère en charge de la culture. Apparemment on n’a pas encore compris que notre histoire fait partie de notre culture et qu’il convient de la protéger. Et au niveau du tourisme, on s’agite plutôt qu’on n’agit.

C’est ainsi donc qu’on laisse mourir des villes telles que Grand-Bassam, Jacqueville ou Sassandra, ces lieux chargés de tant de vestiges de notre histoire. Le quartier France de Grand-Bassam a obtenu le statut de Patrimoine mondial de l’Unesco en 2012. Il y a bien une raison pour cela, je suppose. Qu’a-t-on fait pour préserver ce patrimoine et en faire un lieu touristique en le faisant découvrit aux Ivoiriens et aux étrangers ? Que fait-on pour protéger les bâtiments historiques de Jacqueville, de Sassandra, de Tabou ? Sassandra fut une des villes les plus dynamiques de notre pays durant la colonisation. Elle fut aussi un haut lieu du trafic d’esclave. Elle porte encore les traces de ce passé à la fois sombre et glorieux. Mais devant l’indifférence des populations locales et de notre gouvernement, cette histoire sera elle aussi enterrée. L’ancienne ville de Grand-Lahou a complètement sombré dans la mer, dans notre indifférence totale. Et les vieilles maisons coloniales qui ont valu à Grand-Bassam d’être classée sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco sont toujours abandonnées, non entretenues, et finiront par disparaître sous la force des intempéries et du temps. Je me demande encore pourquoi nous avons dépensé tant d’énergie et d’argent pour obtenir ce classement, si c’est pour en faire ce que nous faisons là. Des vieilles mosquées du nord de notre pays ont aussi obtenu le même statut de Grand-Bassam. Qu’a-t-on fait pour les faire connaître ? Qui peut nous dire dans quelles localités elles se trouvent ?

Je crois qu’il est clair maintenant pour tous que nous n’aimons pas l’histoire. Notre histoire. Nous aimons celles des autres, mais pas la nôtre. Comme nous nous détestons. Nous nous voyons tout juste en clones noircis des autres peuples. Notre grande fierté est notre grande connaissance de l’histoire des autres, de leurs spiritualités, de leurs réalisations. Combien nous jouissons en citant des auteurs français ou latins dans nos discours. Combien nous aimons nous faire photographier devant la Tour Eiffel, l’Arc de triomphe et devant tous les autres monuments de la France, de l’Italie ou des Etats Unis, mais l’idée ne nous traverse pas de conserver nos propres monuments. Eh bien ces monuments sont les traces de l’histoire de ces pays. Nous, nous sommes en train d’oublier celui qui a construit les fondations de ce pays. Tiens, hier, un ami avec qui je discutais de ces choses a proposé que l’on débaptise le boulevard Giscard d’Estaing pour l’appeler boulevard Félix Houphouët-Boigny, afin qu’il y ait une continuité entre le pont et l’aéroport qui sont tous deux aux deux bouts de ce boulevard et qui portent déjà son nom. Ainsi, en sortant de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, on empruntera le boulevard du même nom, on passera sur le pont Félix Houphouët-Boigny pour déboucher sur la place de la République dont il fut le premier président. A propos de cette place, observez-la en sortant du pont. Vous verrez que les deux bâtiments, qui encadrent cette place, celui de la Poste et celui qui abrite Air Côte d’Ivoire et l’Office du tourisme sont identiques. De même que les bâtiments qui leur sont adjacents, des deux côtés de la voie. Et le tout ressemble à deux avant-bras collés, avec les deux mains ouvertes. Si nous étions des gens sérieux, nous aurions conservé la même couleur pour tous ces bâtiments, surtout les deux principaux qui forment les mains ouvertes.

Venance Konan




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