On a eu deux jours pour faire la fête de Pâques. Le dimanche 9 et le lundi 10 avril 2023, nous étions dans le “V-Baoulé’’, au Centre de la Côte d’Ivoire, précisément dans la région du Bélier qui est peuplée majoritairement d’autochtones Baoulé.
Depuis longtemps, on parle même de 1971, la fête de Pâques fait partie intégrante du patrimoine culturel immatériel des Baoulé. Fête juive et chrétienne chez les juifs, transformée en fête traditionnelle chez les Baoulé, Pâques est aujourd’hui une manifestation socioculturelle par excellence pour ces peuples du centre. L'événement n’appartient pas qu’à ceux parmi eux qui sont devenus chrétiens. Même les croyants des religions traditionnelles y prennent part.
Au-delà de tout, c'est un moment de retrouvailles, une occasion de faire connaître aux jeunes les coutumes et us de leurs ancêtres. Pâques est devenue Paquinou, qui signifie « Allons faire la Pâques » ou « Pendant la fête de Pâques » ou encore « le phénomène de Pâques ».
Intronisation du président de la mutuelle A Assokoyao-djekro
Goli et… balafon
De Yamoussoukro à Bouaké en passant par Tiébissou, de Didievi à Sakassou toujours en passant par Tiébissou, les cars ont déferlé pour transporter les fêtards de Paquinou. Tiébissou est une ville carrefour du V-Baoulé. De là, chacun a pu rejoindre son village même s’il y a eu quelques difficultés concernant l’augmentation du prix du transport et l’insuffisance de cars. Nous avons suivi le mouvement pour vivre le phénomène de Pâques dans quelques villages du pays baoulé profond.
Première escale : Tiébissoukro, un village de la commune de Tiébissou. La célébration a déjà commencé. Les groupes de danse se succèdent. La danse Goli, avec un masque en bois sur la tête du danseur couvert d’herbes et une peau sèche sur le dos. Elle est suivie de la danse “Adréba”. Selon Koffi Kouadio Olivier, c’est une danse collective de réjouissance chez les Baoulé. Les danseurs doivent être initiés », dit-il.
Une autre culture est invitée. C’est le balafon du Nord. Le groupe vient de la région du Poro. Avec eux, on entonne l'Abidjanaise. Après quoi, place est faite aux civilités. D’autres invités de marque de la fête. Ce sont des Français. On en profite pour parler coopération et développement. Nanan Boni, le chef de village exprime sa joie. « C’est un jour festif pour le village. On voit tout le monde. C’est un jour de retrouvailles pour parler aussi de développement avec des partenaires », a-t-il déclaré. La fête continue bien. On quitte là pour aller voir ailleurs, dans un autre village.
Des hommes d'affaire français en paquinou Ahougnassou-Allou,
Retrouvailles et actions de développement
Ahougnassou-Allahou, c’est le village du maire de la Commune de Tiébissou, M. Ndri Koffi Germain. Ici le thème de Paquinou, c’est « la valorisation des us et coutumes en pays baoulé ». Justement, une danse traditionnelle est orchestrée pour nous souhaiter la bienvenue. C’est la danse ‘’Agbouro’’. C’est une danse de réjouissance qui se fait pratiquement en tournant la tête comme le font les chouettes. Tout se passe sous les yeux admiratifs de la cheffe du village, une dame du nom de Nanan Brou Adjoua Solange. Une femme cheffe de village, c’est rare.
Le lendemain lundi, encore plus loin, à quelques kilomètres de Didiévi, un autre département, nous sommes au village d’Assoko Yao-Djekro. Ici encore c’est la fête, mais on parle principalement de développement. En notre présence, Kouamé Kouadio Jean est investi comme président de la Mutuelle de Développement de Assoko Yao-Djekro (MUDEAD).
« C’est un honneur pour moi d’être investi en ce jour de Pâques. C’est une charge très importante. J’aurais besoin de votre aide pour être à la hauteur de cette confiance placée en moi. Nous allons travailler ensemble pour que notre village soit un village moderne », a déclaré le nouveau président de la mutuelle. Ici aussi, Paquinou est marquée par la libation, les danses traditionnelles et la remise de dons aux personnalités du village. Paquinou en pays baoulé, on parle de développement sans oublier la fête. Partout, il y à manger, à boire pour tout le monde. Vivement le prochain Paquinou.
De notre correspondant régional Moussa I. Koné