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Au tribunal. Une obscure affaire de vol d’électricité

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Manifestement, Anoh, la quarantaine révolue, revient de loin. Et de très loin. Après avoir été soupçonné de se servir en énergie électrique, sur le dos de la Compagnie ivoirienne d’électricité, Anoh comparaît à la barre du Tribunal correctionnel de Grand-Bassam, le 16 mars 2023, sur plainte de la C.I.E.

Les malheurs d’Anoh commencent une nuit, au début du mois de mars 2023. Cette nuit-là, entre trois heures et quatre heures du matin, pendant qu’il était dans les bras de Morphée, pour un doux et profond sommeil, il est brutalement réveillé, par des coups violents et retentissants sur le portail de sa demeure de Bonoua. Anoh n’a pas le choix. Il ouvre le portail. Quelle ne fut sa désagréable surprise, de se retrouver nez à nez avec des agents de la C.I.E., accompagnés par des éléments de la gendarmerie de cette localité.

« Qu’est ce que j’ai fait ? » ? C’est la question qui vient tout de suite à la bouche d’Anoh, vraiment très surpris de cette présence musclée, à cette heure indue. « Vous volez le courant de la C.I.E. On vous a attrapé aujourd’hui. Vous allez payer tout ce que vous avez volé. Vous avez causé à la C.I.E. un préjudice financier évalué à quatre millions de francs CFA ». Ce sont les termes de l’accusation prononcée contre le mis en cause.

Anoh qui avoue ne rien comprendre à ce langage, demande aux agents de la C.I.E. et aux forces de l’ordre qui les accompagnent, de situer clairement ses responsabilités, dans ce qui ressemble à une affaire troublante. C’est ainsi qu’il se voit conduire vers une niche de compteurs électriques, où se trouverait son propre compteur. Une fois devant la niche, les poursuivants d’Anoh seront confondus. Le « suspect » va s’évertuer à leur expliquer, qu’il s’agit d’une erreur sur sa personne et que son compteur électrique, qui se trouve ailleurs, ne souffre d’aucun litige. Mais rien n’y fit.

« Je ne me reproche rien. »

En dépit des explications rassurantes sur son innocence dans cette affaire, Anoh sera conduit, manu militari, dans les locaux de la gendarmerie, pour l’enquête préliminaire. Mais très sûr de lui, parce que n’ayant personnellement rien à se reprocher, il reste serein et imperturbable. Tout le long de l’interrogatoire auquel il est soumis, Anoh avance, les uns après les autres, les arguments de sa défense. Il espérait une fois de plus, mieux présenter à la gendarmerie, les preuves de son innocence.

Pour autant, cela ne suffira pas, pour l’empêcher d’être déféré au Parquet. Saisi du Dossier, cette haute instance judiciaire va tenter d’éclairer les zones d’ombre, qui planent sur cette affaire. Elle le fera avec beaucoup de métier et d’expérience. Pour la manifestation de la vérité, et pour que justice soit rendue.

Et cette justice providentielle a véritablement été rendue le jeudi 16 mars 2023, dans la salle d’audience du Tribunal correctionnel de Grand-Bassam. Seul, Anoh le prévenu, toujours serein, a répondu présent pour les débats contradictoires. Il n’y avait ni agents de la C.I.E. ni gendarmes. Ni témoins à charge ni témoins à décharge. Ce jour-là, les choses sont allées très vite, en faveur d’Ano. Le président du Tribunal et le procureur de la République n’ont pas mis du temps à conclure que dans cette malheureuse et troublante affaire, il y a eu manifestement, erreur sur la personne d’Anoh. En termes clairs, le coupable, si coupable il y a, se trouverait ailleurs.

Pour la circonstance et à juste titre, les deux magistrats suffisamment avertis, ont dénoncé le fait que par les temps qui courent, d’honnêtes citoyens comme Anoh, sont victimes d’abus récurrents des forces de l’ordre et de ceux qui les mettent en mission. Aux dernières nouvelles, une autre personne mise en cause dans la même affaire, aurait été épinglée par la C.I.E. Son identité n’a pas été dévoilée à l’audience.

Selon des termes juridiques consacrés, Anoh a été « renvoyé des fins de la poursuite, pour délit non établi ». D’accord… mais quid de la violation de son domicile par les forces de l’ordre, du préjudice moral et de toutes les autres humiliations qu’il a vécus, tout le long de cette triste et malheureuse affaire ?

Une chronique de Mory-Frey Touré




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