Vivons ensemble avec Ado pour vivre mieux ….que de suivre un chef qui ne pense qu’à lui

Le secret, qui n’était que de Polichinelle, a fini par être éventé : Le Front populaire ivoirien (FPI) d’Affi N’guessan va faire alliance avec le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Allassane Ouattara. Et voici toute la famille de l’opposition en émoi. Quand Affi N’guessan n’est pas traité de traître à je ne sais plus quelle cause, il est considéré comme suicidaire en allant dans cette alliance. Un journaliste, ou peut-être militant, a écrit dans un journal proche du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qu’« Affi N’guessan est parti au RHDP en mettant en difficulté ceux qui croyaient encore en l’idéologie de ce parti socialiste. » Tiens, ça existe encore, un parti socialiste ? Ici, en Côte d’Ivoire ? Que s’était-il donc passé en 1994 lorsque ce même FPI, alors dirigé par Laurent Gbagbo s’alliait au Rassemblement des républicains (RDR), dirigé alors par Alassane Ouattara qui dirige toujours le RHDP ? Ces deux partis avaient-ils la même idéologie ? Et, que se passe-t-il actuellement, depuis que Laurent Gbagbo s’est allié au patron du PDCI, Henri Konan Bédié ? C’est fou ce que nos amis prétendument de gauche ont la mémoire oublieuse, lorsqu’il s’agir de fustiger les autres. Faire une alliance avec un autre parti, même s’il est d’idéologie opposée, est une manœuvre de très grande habilité lorsqu’il s’agit de soi-même, mais c’est un acte de très haute trahison lorsqu’il s’agit des autres. Il est donc tout à fait logique que Bédié et Gbagbo deviennent des alliés lorsqu’il s’agit de combattre Alassane Ouattara. Rappelons que Bédié était l’allié du même Ouattara il n’y a pas très longtemps, et qu’il disait que la place de Gbagbo était en prison. Rappelons aussi qu’il n’a changé d’alliance que lorsqu’il est apparu que le président Ouattara ne voulait pas lui servir le pouvoir sur un plateau d’argent comme il l’avait espéré, et que son alliance avec Gbagbo n’avait rien d’idéologique, mais était seulement guidée par sa haine qu’il voulait partager avec le Woudy de Mama.

Pour en revenir à Affi N’guessan, les Ivoiriens, eux ont toujours de la mémoire et savent qui a humilié qui ici. Ils se souviennent que Laurent Gbagbo a préféré aller créer un nouveau parti, pour se débarrasser d’Affi N’guessan qui avait commis le crime de lèse-majesté de vouloir être le premier vice-président de leur parti, le FPI. Gbagbo était parti en disant qu’il emportait avec lui la substance du parti, ne laissant à Affi qu’une enveloppe vide. Qu’ont donc les affidés de Laurent Gbagbo et de Konan Bédié à s’émouvoir qu’une enveloppe vide atterrisse au RHDP ? Que diront-ils donc lorsque Simone Gbagbo et Blé Goudé déposeront eux aussi leurs bagages au RHDP ? Qui a déjà oublié la terrible humiliation que Laurent a infligée à Simone le jour de son retour d’exil ? Et ce qu’il a fait à Blé Goudé ? Ils l’ont oublié ?

Mais la grande question à poser à ces GOR (Gbagbo ou rien) et BOR (Bédié ou rien) est la suivante : qu’est-ce que Gbagbo et Bédié ont encore à proposer aux Ivoiriens pour qu’ils les suivent ? Les Ivoiriens, qui ne sont tout de même pas aveugles, voient tout le travail qui est en train d’être abattu par Alassane Ouattara, au profit de la Côte d’Ivoire qui change à une vitesse exponentielle. Pourquoi un parti qui a de l’ambition s’allierait à Gbagbo ou à Bédié, deux leaders visiblement en fin de parcours ? Soyons un peu sérieux et réalistes dans ce pays. Si deux feuilles mortes ont décidé d’unir leur sort, c’est leur problème. Mais qu’ils ne reprochent pas aux autres de se poser là où ils peuvent croître. Le PDCI a l’air de ne pas avoir conscience de toutes les défections en ses rangs. C’est le sauve-qui peut-général là-bas en ce moment. Et les militants qui s’en vont n’ont pas tort. Entre suivre un chef qui ne pense qu’à lui, et lui seul, et un autre qui est en train de construire la Côte d’Ivoire de demain, une Côte d’Ivoire qui fait pâlir de jalousie tous les voisins, je crois que le choix est vite fait. De l’autre côté, chez Laurent Gbagbo, c’est le temps des souvenirs. On vit dans un passé que l’on veut idéaliser alors que d’autres veulent se projeter dans le futur. Ceux-là sont avec Affi N’guessan.

Terminons en citant le grand philosophe de Guibéroua, le célèbre Blé Goudé, qui disait récemment dans un village du Gontougou : « si tu as vu un plat délicieux, qui sent bon sur une table, et les gens sont autour, n’oublie jamais qu’il y a une femme que la fumée a frappée dans la cuisine. »

Venance Konan