L’année 2023 est un grand rendez-vous électoral au Gabon, puisqu’ en plus de la présidentielle, le pays doit organiser les élections législatives et locales. Et en attendant que l’agenda soit communiqué, la Conférence épiscopale du Gabon, fidèle à sa tradition, a appelé au respect de la vérité des urnes en 2023. En effet, dans son homélie, le président de la Conférence épiscopale du Gabon, Mgr Jean Vincent Ondo Eyene, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour mettre la classe politique gabonaise en garde contre des pratiques malsaines et mafieuses. Morceau choisi: « Je voudrais vous mettre en garde contre la démesure et l’idolâtrie du pouvoir. A quoi sert-il de gagner une élection si les droits fondamentaux de la personne et le salut des âmes, sont compromis, vendus ou hypothéqués ? ». Fort et direct, le message du clergé l’est. Mais sera-t-il entendu ? Les âmes perdues seront-elles sauvées ? Rien n’est moins sûr. Car, face à des brebis égarées capables de tout pour conserver leurs privilèges et statuts, demeurer au pouvoir ou y accéder à n’importe quel prix, il faut se demander si le prélat ne prêche pas dans le désert. On est d’autant plus sceptique que ce n’est pas la première fois que l’Eglise catholique interpelle la classe politique gabonaise sur sa responsabilité devant l’Histoire. En effet, face à la crise qui menaçait la stabilité du pays après l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle d’août 2016, l’Eglise catholique avait appelé au respect de la vérité des urnes. La suite, on la connaît.
Certes, des politiciens de mauvaise foi pourraient renvoyer le prélat à ses chères encycliques tout en lui demandant de ne pas s’ingérer dans les affaires politiques. Mais ils auraient tout faux.
La balle est désormais dans le camp de la classe politique
Car, le rôle social de l’Eglise, c’est aussi de défendre ses membres en danger et d’œuvrer à la sauvegarde de la Nation qui appartient à tous. Cela dit, il faut saluer le courage du clergé. Car, tenir des propos aussi forts devant des hommes politiques qui, le plus souvent, n’hésitent pas à faire feu de tout bois pour atteindre leurs objectifs, relève d’une grande responsabilité. Et plutôt que de chercher à accuser l’Eglise d’ingérence dans les affaires politiques, la classe politique gabonaise gagnerait à l’écouter. Car, on le sait, l’Eglise est vite vouée aux gémonies quand elle dérange, mais quand la Nation brûle, c’est à elle qu’on fait appel. Cette attitude n’est ni sage ni cohérente. L’Eglise catholique est d’autant plus à féliciter et à encourager que la démocratie, telle que pratiquée au Gabon, n’est qu’une démocratie en trompe-l’œil. C’est d’autant plus vrai que le prince régnant est toujours dans une logique de perpétuation de la dynastie Bongo au grand dam des Gabonais. Si la classe politique dans son ensemble, veut éviter le chaos à ce pays, elle doit prendre l’avertissement de l’Eglise catholique très au sérieux. Et Ali Bongo en particulier y a d’autant plus intérêt que le peuple gabonais que sa famille semble avoir pris en otage depuis des décennies, ne continuera plus longtemps à accepter des résultats électoraux douteux. En tout état de cause, l’Eglise catholique aura montré le chemin. La balle est désormais dans le camp de la classe politique. Saura-t-elle se montrer à la hauteur des défis en faisant son autocritique? On attend de voir. En tous les cas, personne ne devra, après cette sortie du clergé, lui en vouloir si malgré tout, le Gabon venait à s’embrasser.
Dabadi ZOUMBARA
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