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Politique

Zizanie républicaine à la tête de la Chambre des représentants des États-Unis

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Malgré six votes entre les journées de mardi et mercredi, le siège du « speaker » de la Chambre des représentants reste désespérément vide. Une poignée de républicains bloquent l’élection d’un des leurs, Kevin McCarthy.

Impasse politique aux États-Unis. La majorité républicaine de la Chambre des représentants des États-Unis a échoué à six reprises dans sa tentative d’élire son président, le « speaker of the House ». Les démocrates se frottent les mains devant cette démonstration de division qui, si elle se prolonge, pourrait plonger le pays dans la paralysie.

Les élus républicains ont voté six fois mardi et mercredi afin de désigner un remplaçant à Nancy Pelosi. Aucun consensus n’a été obtenu, malgré leur majorité en chambre, des heures de négociations et un soutien explicite de l’éléphant dans la pièce, Donald Trump.

Il faut remonter exactement 100 ans en arrière pour retrouver un tel noeud gordien. En 1923, ces mêmes républicains se démenaient alors avec leur aile extrémiste. Neuf votes étalés sur plusieurs jours furent nécessaires pour dénouer l’impasse. Le processus peut durer très longtemps : en 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de deux mois et 133 tours.


Sans ce speaker, clé de voûte de la chambre basse, rien ne peut aller de l’avant. Aucune loi ne peut être adoptée et aucun comité ne peut être convoqué. Autrement dit, tant et aussi longtemps que l’impasse perdure, c’est la paralysie législative.


Le Congrès américain n’est cependant « pas pressé » de nommer le numéro 3 du gouvernement, observe Charles-Philippe David, président de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand. « Fort heureusement, le budget [en place jusqu’en septembre 2023] a été adopté et signé par Biden durant le temps des Fêtes. […] Mais, théoriquement, à un moment donné — s’il fallait remonter le plafond de la dette, par exemple —, si le Congrès ne se réunit pas, il y aura un shutdown. »

Le candidat républicain tout désigné, Kevin McCarthy, est pourtant une personne « généralement appréciée », de dire Casey Burgat, directeur du Département des affaires législatives à l’Université George Washington, sise dans la capitale américaine. « Il est un leveur de fonds incroyable, quoiqu’un peu faible sur le plan des négociations. Il est ami avec un peu tout le monde et il ne se met personne à dos. Ça fait que les gens sont un peu sceptiques sur sa capacité à obtenir l’emploi. »

Le politicien de carrière, qui louvoie au gré des tendances, avait fait preuve d’à-plat-ventrisme devant Donald Trump lorsque celui-ci avait remporté la présidence. Le candidat aux élections de 2024 a retourné l’ascenseur mercredi matin en vantant McCarthy, qui, selon lui, « fera un bon travail, peut-être même un super travail ».

« Ne transformez pas un grand triomphe en une défaite géante et embarrassante », a écrit l’ancien président en capitales sur son réseau social. Cet appui de poids n’a toutefois pas suffi à convaincre la majorité des républicains de la Chambre des représentants, preuve que celui qui avait la main haute sur le « Grand Old Party » voit maintenant sa poigne faiblir.

Les négociations tenues derrière les portes closes et les déclarations cryptiques telles que « les conversations sont positives » n’ont rien donné. Au fur et à mesure que la journée avançait et que les votes se répétaient sans que le résultat change d’un iota, l’exaspération se lisait sur le visage des élus républicains. « C’est un nouveau jour sans fin », a ironisé l’élue floridienne Kat Cammack.

Les démocrates, eux, sourient en bloc depuis deux jours derrière leur candidat défait d’avance en se moquant bruyamment des déclarations adverses.

Droite contre extrême droite

Contre Kevin McCarthy, ce candidat « trumpiste », se dresse une poignée d’ultraconservateurs. Une vingtaine d’élus républicains soutiennent plutôt Byron Donalds, un élu peu connu de la Floride.

Ce regroupement, que certains détracteurs affublent du surnom « les 20 talibans », gravite autour du « caucus de la liberté », un parti dans le parti aux contours mal définis. La mince majorité des républicains à la Chambre des représentants (222 sièges sur un total de 435) confère à ce petit groupe la balance du pouvoir.

Que veut cette frange radicale ? « Elle trouve que McCarthy n’est pas assez conservateur. Il est trop dans l’establishment. Certains disent qu’il n’est même pas un vrai conservateur », indique Casey Burgat.

« Elle voudrait que, par exemple, cinq députés soient suffisants pour exiger un vote sur le leadership, sur 435 membres du Congrès, relève Charles-Philippe David. Elle voudrait une garantie absolue d’ouverture d’une procédure de destitution contre certains membres du gouvernement Biden. »

L’une des voix les plus fortes de ce mouvement de contestation se nomme Matt Gaetz, un élu républicain de l’État de la Floride. Cet émule de Donald Trump a poussé l’audace jusqu’à utiliser la rhétorique de son mentor contre lui-même. « Soutenir McCarthy est la pire décision en matière de ressources humaines que le président Trump ait jamais prise. Triste ! » a-t-il écrit sur Twitter.

Le beau rôle à Biden

Pendant ce temps, le président démocrate Joe Biden enfile son habit d’unificateur. Le hasard du calendrier l’a présenté mercredi devant les caméras de télévision aux côtés de l’autre leader parlementaire républicain, Mitch McConnell, le ténor du Sénat.

Le duo surprenant a annoncé la rénovation d’un vieux pont reliant le Kentucky et l’Ohio, le tout rendu possible grâce à une loi bipartisane de mille milliards de dollars américains votée en 2021.

Le président, casquette aux couleurs du drapeau national sur la tête, a vanté sa capacité à bâtir des ponts entre les camps opposés. « Je veux commencer l’année avec ce projet historique parce que ça envoie un message important à tout le pays. On peut travailler ensemble, on peut accomplir des choses, on peut faire avancer ce pays. Il faut juste laisser tomber un peu de notre ego et se concentrer sur ce dont ce pays a besoin », a-t-il déclaré.

Il n’a pas manqué de décocher une flèche aux élus coincés pour un énième vote sur la présidence de la Chambre des représentants. « Je pense que c’est un peu embarrassant que cela prenne si longtemps, et aussi la manière dont [les républicains] se comportent les uns avec les autres », a-t-il noté, sourire en coin.

Un nouveau vote ce jeudi midi.

Jean-Louis Bordeleau




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