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Politique

Sortie de personnalités contre la gouvernance en RDC : Félix Tshisekedi doit se remettre en cause

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La République démocratique du Congo (RDC) est menacée de « balkanisation » et « d’émiettement » et cette situation est « le résultat d’un déficit criant de leadership et de gouvernance d’un régime irresponsable et répressif ». Telles sont les accusations portées par trois personnalités congolaises, en l’occurrence le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, le candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Martin Fayulu et l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, contre le pouvoir du président Félix Tshisekedi qui est par ailleurs accusé de mener une politique « d’externalisation de la sécurité nationale à des forces étrangères et pire, à des Etats à la base de la déstabilisation du pays ». Et ce n’est pas tout. Dans cette sortie, le chef de l’Etat congolais est aussi accusé de vouloir utiliser la guerre dans le Nord-Kivu pour prolonger son bail à la tête du pays et de vouloir se frayer un boulevard pour son deuxième mandat à travers un processus électoral non inclusif. 

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces accusations d’une extrême gravité, ne sont pas sans fondements. L’on sait, en effet, que refusant de s’asseoir à la même table que les rebelles du M 23 pour trouver une solution négociée à la guerre à l’Est de la RDC, le président Félix Tshisekedi a fait le choix de recourir à la mobilisation d’une force régionale sous la houlette de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) pour tenter de mater les insurgés. Les premiers éléments de cette force constituée essentiellement de soldats kényans, au nombre de 900 environ, sont déjà déployés à Goma. Donc, les accusations d’externalisation du conflit formulées par les trois personnalités, sont justifiées. Et l’on peut d’autant plus comprendre les cris de détresse des trois leaders congolais qui craignent que ces forces étrangères ne deviennent finalement des forces d’occupation tout comme d’ailleurs les groupes rebelles du M 23 accusés à tort ou à raison d’être à la solde du Rwanda de Paul Kagame. Quant aux accusations portées contre le processus électoral, elles ne sont pas portées par le seul trio. 

Selon, en effet, un rapport publié en octobre, des chercheurs des organisations Groupe d’étude sur le Congo (GREC) et Ebuteli, liées à l’Université de New York, s’inquiétaient d’un « processus mal embarqué » et d’un « déficit de confiance » porteurs, selon eux, de risques de violentes protestations. Ce rapport dénonce la mainmise politique persistante sur les institutions impliquées dans la gestion du processus électoral. Denis Mukwege, Martin Fayulu et Augustin Matata Ponyo n’ont fait donc qu’enfoncer une porte déjà ouverte. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette situation est déplorable. Car, l’on peut difficilement comprendre que le président Félix Tshisekedi qui a été du combat de l’opposition congolaise contre le pouvoir de Joseph Kabila, pour des élections libres et transparentes, se comporte comme le véritable fossoyeur des acquis de cette lutte. En la matière, il ne fait que suivre le mauvais chemin frayé par tous ces anciens opposants qui, une fois parvenus au pouvoir, ont renié leur passé de grand défenseur de la démocratie. 

C’est le cas, par exemple, de l’ex-président guinéen, Alpha Condé ou encore de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade. Mais il y a fort à parier que s’il s’enfonce dans ce sentier à ronces, il finira, lui aussi, comme l’ont été ses prédécesseurs, c’est-à-dire éconduits par la petite porte de l’histoire. Mais si Félix Tshisekedi veut échapper à ce destin bien connu des fossoyeurs de la démocratie sur le continent, il doit nécessairement se remettre en cause. Et cela passe d’abord par un examen minutieux des questions soulevées par l’opposition. Et la première de ces questions, c’est la construction d’une armée nationale efficace et performante en mesure de reconquérir le territoire national parcouru sans discontinuité par des bandes armées qui sèment terreur et désolation. Il n’est, en tout cas, pas admissible qu’un pays grand et riche comme la République démocratique du Congo, ne puisse pas se doter d’une armée à même de garantir la sécurité de ses populations et de défendre son intégrité territoriale face à des Etats voisins qui servent de base arrière pour la déstabiliser. La seconde revendication est la mise en œuvre d’un processus électoral inclusif et transparent qui puisse accoucher d’un scrutin apaisé et accepté de tous. Il y va de la paix sociale dans le pays. Car, tous gardent encore en mémoire les violences meurtrières qui ont précédé les élections qui ont porté Félix Tshisekedi lui-même au pouvoir.

 La prise de mesures diligentes pour satisfaire cette revendication est aujourd’hui une priorité à partir du moment où le calendrier électoral est déjà connu. Ceci étant, l’on ne peut charger le président Félix Tshisekedi de tous les péchés de la RDC. Car l’homme a hérité d’une situation très difficile. L’on se souvient que l’homme est parvenu au pouvoir en vendant presque son âme au diable et ce pacte, dès l’entame de son règne, ne lui a pas permis d’avoir en pleines mains toutes les rênes du pouvoir. Il a fallu travailler d’abord à se défaire de son indésirable allié et chercher à consolider son assise avant de penser véritablement à la mise en œuvre de son programme de société.

« Le Pays »




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