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L’enquête du jeudi. A Abidjan, Éco Eburnie débordée par le ramassage des ordures

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Des bacs à ordures qui débordent, on en trouve ces dernières semaines à plusieurs endroits des communes d’Abidjan. Mise en cause à l’issue d’une grève de ses agents, l’entreprise Eco Eburnie refuse de s’expliquer.


A un carrefour de l’entrée du quartier Château, dans la commune d’Adjamé, un bac à ordures déborde de détritus. Des éboueurs tentent de regrouper les déchets par catégorie. Quand viendront-ils ramasser ces ordures ? « Ça dépend. Ils n’ont pas d’heures précises », a répondu l’éboueur, en citant Eco Eburnie, l’une des structures chargées du ramassage des ordures ménagères, intervenant dans cette commune. A moins de 200 mètres de là, dans la commune d’Attécoubé, c’est la même scène. Pareil à la porte de la commune du Plateau, du côté d’Adjamé. Des ordures traînent à terre, le bac étant déjà plein. Dans la commune de Treichville, sur le périmètre du grand marché, l’on fait avec dégoût le même constat qui contraste avec l’environnement du marché. Le seul bac déposé par Eco Eburnie, est plein à craquer. Mais des riverains et des précollecteurs continuent d’y déverser des déchets.


Grève pour de meilleures conditions de travail


Cette situation fait suite à une grève des agents d’Eco Eburnie déclenchée le 26 octobre dernier. Une grève qui avait paralysé les activités de ramassage des ordures, dans plusieurs communes d’Abidjan et dont les conséquences ont tout de suite été ressenties. Les ordures ménagères jonchaient les rues. Les dépotoirs débordés. Inutile de parler des odeurs qui s’en dégageaient et de la multiplication des nids de moustiques, mouches et autres bestioles.

Les employés réclamaient de meilleurs conditions de vie et de travail. Ils veulent une revalorisation de leur salaire. Et surtout une assurance maladie compte tenu du fait qu’ils sont tout le temps en contact avec les ordures. Les grévistes réclamaient également la réintégration d’un chauffeur de poids lourd qui avait été licencié. « On avait beaucoup à revendiquer », confie un employé, qui a requis l’anonymat. Il révèle que certains des travailleurs en contact direct avec les ordures sont tombés malades, sans donner de chiffre. D’où l’importance pour tous d’être assurés. De plus ajoute-t-il, les heures supplémentaires ne sont pas payées correctement. Deux délégués du personnel et un superviseur d’équipe auraient aussi été placés sous procédure de licenciement. Ces agents, membres du syndicat national des acteurs et travailleurs du milieu de la salubrité de Côte d’Ivoire (Synatsab-ci) sont accusés d’avoir participé à une grève illégale le 13 octobre.

Les ordures continuent de s’amonceler

Un tour sur le terrain nous permet de constater que les agents ont repris le travail. Nous avons pu rencontrer quelques camions de ramassage d’ordures de la structure Eco Eburnie. Ce mercredi 14 décembre, au siège de l’entreprise, la reprise était visible. Des camions chargés d’ordures y venaient et repartaient les verser à la décharge. Cela a été possible à la suite des négociations engagées avec la direction de l’entreprise. « Ils ont accepté de prendre en compte nos revendications à partir de 2023. Surtout celle concernant l’assurance maladie. C’est ce que tout le monde attend », nous explique un employé, sous le couvert de l’anonymat. Il a précisé que la direction a accepté de payer elle-même cette assurance à hauteur 5000 francs pour chaque employé. Pour en savoir plus, nous avons vainement attendu le délégué syndical, qui était absent.

Mais en attendant la satisfaction de cette revendication essentielle, le constat est que les ordures continuent de s’amonceler pendant plusieurs jours à certains endroits, avant d’être ramassées. A quoi cela est-il dû ? Il ressort des explications fournies par certains employés, que c’est parce que plusieurs petits véhicules affectés au ramassage des ordures sont tombés en panne et attendent d’être réparés. A cela s’ajoute un déficit de chauffeurs, certains ayant été licenciés.

Devant le grand marché de Treichville, sur l’avenue 2 précisément, il y a un seul bac à ordures alors qu’il en aurait fallu trois. Et les ordures débordent. Selon l’agent chargé du nettoyage du lieu, c’est d’un commun accord avec les structures étatiques en charge de l’assainissement et Eco Eburnie, qu’il a été décidé d’y installer un seul bac, pour les commerçants uniquement. Les deux autres ont été placés au quartier Biafra de la même commune, sur un espace aménagé à cet effet. Mais les pré-collecteurs, qui sortent les déchets des ménages situés aux alentours du marché, continuent de les déverser dans ce bac du marché, alors que cela leur est interdit.


Aucune explication


Au niveau des autres dépotoirs, tout aussi chargés de déchets, nous n’avons eu aucune explication au fait que le ramassage ne se fait plus régulièrement.

Afin de recevoir les explications des responsables de l’entreprise sur les raisons de l’irrégularité avec laquelle les ordures ménagères sont enlevées, dans plusieurs quartiers des communes d’Abidjan, nous nous sommes rendus, le 14 décembre, à la direction d'Éco Eburnie, sise à Yopougon. Une entreprise, dont les employés se plaignent aussi de la mauvaise gestion depuis quelque temps. Ce qui expliquerait que l'on n’y arrive pas à leur assurer de meilleures conditions de travail.

Mais à notre grande surprise, alors que nous attendions, au secrétariat, d’être reçus à la direction, un des responsables, tout furieux, vient vers nous, pour nous demander de produire un courrier avant qu’il n’intervienne sur un quelconque sujet les concernant. Puis, sur un ton assez véhément, il reproche au gardien de nous avoir laissés accéder, sans l’avoir informé au préalable. Attitude paradoxale et surprenante de la part d’une entreprise qui donnait pourtant l’impression d’avoir résolu l’épineux problème de l’enlèvement des ordures ménagères dans certaines communes d’Abidjan. Qu’est ce qui ne va plus ?


Diomandé Karamoko








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