Croire encore et affirmer comme Napoléon 1er que « l’homme est supérieur à la femme par l’intelligence », relève assurément de la niaiserie, d'un archaïsme intellectuel hautement condamnable. Une telle perception surannée de la femme n’est plus de mise. Elle est quotidiennement battue en brèches ici et là, par-delà le monde, à travers divers et multiples exploits, à l’origine desquels se tiennent d’assez vertueuses femmes, issues de toutes les strates de nos sociétés. C’est que le génie créateur n’a pas de sexe. Le nier relèverait d’une posture malhonnête, d’une totale arriération et d’un ridicule des plus révoltants.
Que la Côte d’Ivoire, engagée, depuis les années 1980, dans la promotion du concept Genre, ait décidé de donner, depuis ces dernières années, plus de tonus et de réalisme à la vulgarisation de sa lutte contre les inégalités entre les deux sexes, n’est que noble en soi. Pour autant, le pays est bien loin des records notables d’exemplarité en la matière. Une réalité qui bien heureusement ne décourage guère ses décideurs. C’est dire qu’il reste beaucoup à faire. Et que l’engagement devra être encore plus collectif et affecter, telle une expansion qui échappe aux pouvoirs publics, tous les niveaux socio- économiques de la nation ivoirienne. Afin qu'elle devienne une conviction ferme, épousée par toutes les intelligences de ce pays, que désormais rien, absolument rien ne devrait faire croire aux uns et autres, qu’il existe des domaines de connaissances, de bien-être social, d’intérêt individuel ou collectif, exclusivement réservés aux hommes. Et d’accès interdits de fait ou exprimé comme tel aux femmes. En clair, cette perception sélective aux relents toujours aussi discriminatoires, que l’on se fait de ce que peut faire ou pas la femme, quelquefois défendu par une méprisante explication sentimentaliste, doit disparaître des esprits. Ce qui ne peut être fait, qu’au travers d’un changement de mentalité. Prenant appui sur toutes les forces du changement que peut receler une société moderne.
Et quand on sait, toute la puissance dont jouissent les médias dans ce domaine, l’on mesure ipso facto, toute la justesse de l’initiative prise par la Direction du Genre et de l’Equité du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, à intéresser davantage les journalistes à la question du Genre. Précisément au respect du Genre par tous. Un intéressement qui va au-delà de la simple sensibilisation, pour se fixer résolument sur la formation proprement dite des hommes des médias. Afin qu’ils s’approprient dans toute l’acception du terme, la parfaite compréhension du concept. Qui ne se limite pas à un banal féminisme quotidien. Mais qui instruit sur toutes les subtilités en la matière.
C’est à ce titre que 17 journalistes hommes et femmes, évoluant dans la presse imprimée et numérique, ainsi que dans l’audio- visuel, ont été réunis, pendant 48 heures, au cours de la semaine écoulée à Dabou pour en apprendre sur le Genre. De sorte à en faire un véritable réflexe quotidien, dans l’exercice du noble métier d’informer, d’éduquer, d’orienter et de dénoncer les travers et mauvaises pratiques sociétales, qui est le leur.
Et en Côte d’Ivoire, les sujets relatifs aux inégalités entre l’homme et la femme foisonnent dans tous les domaines d’activités. Des inégalités si fortement ancrées dans le vécu quotidien des populations, que nombre d’entre nous ne les perçoivent plus comme telles. Mais plutôt comme relevant d’une certaine normalité, qui n’est en réalité qu’imaginaire.
Toutefois, l’initiative de la Direction du Genre et de l’Equité devant être répétitive, gagnerait aussi à s’enrichir d’autres actions similaires, menées toujours à l’endroit des hommes et des femmes des médias. Telle l’institution d’un prix sectoriel sur la question du Genre, dans le célèbre concours Ebony des meilleurs journalistes de l’année. Une idée que caresse déjà ladite direction, qui veut ainsi voir des spécialistes sur l’ingénierie du Genre, émerger du rang des journalistes. Et ce n’est que bienséant.
Moussa Ben Touré
Publié le :
12 décembre 2022Par:
Lago Tape