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Politique

Houphouët-Boigny et ses héritiers

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Le mercredi 7 décembre dernier marquait le vingt-neuvième anniversaire du décès du premier président de la Côte d’Ivoire indépendante, Félix Houphouët-Boigny. Ceux qui se sentent proches ou qui se réclament de son héritage se sont souvenus de lui et ont commémoré cet anniversaire chacun à sa manière. Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti du président Alassane Ouattara, qui, rappelons-le, fut l’unique Premier ministre d’Houphouët-Boigny avant de diriger le pays aujourd’hui, avait organisé un panel de haut niveau au Palais de la Culture sur « l’houphouétisme », auquel il me fut donné de participer en tant que modérateur. Les panélistes étaient le président du Sénat, M. Jeannot Ahoussou-Kouadio, la ministre d’Etat Kandia Camara, le ministre d’Etat Kobena Kouassi Adjoumani, l’ancien ministre d’Houphouët-Boigny Ehui Bernard, et l’historien et membre du bureau politique du PDCI, Tiacoh Carnot. Il y eut aussi l’intervention du ministre-gouverneur de Yamoussoukro Augustin Thiam, descendant d’Houphouët-Boigny.

Les différents orateurs ont parlé de la vie d’Houphouët-Boigny, de son parcours politique, de ses réalisations, de l’essence de ce que l’on appelle « l’houphouétisme », et surtout de son héritage, qui, pour beaucoup d’intervenants, est dignement assuré par le Président Alassane Ouattara.

Il y avait dans le public de nombreux étudiants dont aucun, vraisemblablement, n’a connu celui dont il était question. Les Ivoiriens qui ont 29 ans aujourd’hui venaient peut-être de naître lorsque Houphouët-Boigny mourait. Ceux qui ont 39 ans aujourd’hui en avaient à peine dix. Or la majorité de la population ivoirienne a moins de quarante ans. C’est vous dire que dans la salle du Palais de la Culture où se tenait le panel, une bonne partie du public ne savait pas de quoi on parlait. Peut-être même que certains ne visualisaient même pas l’image de l’homme en question. Parce qu’il y a vraiment peu d’images de notre premier président dans notre paysage et dans nos médias. On voit beaucoup plus, sur les gbakas et dans les rues, les images de certains escrocs estampillés pasteurs et des faiseurs de bruit baptisés chanteurs, faute de mieux, que celles de notre illustre « père de la nation ». Ce n’est pas la première fois que j’évoque ce sujet dans ces colonnes, mais c’est ma marotte, et je n’y peux rien. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec l’Afrique du sud et son Nelson Mandela. On ne compte plus les musées qui lui sont consacrés, les lieux où il vécut qui sont presque sacralisés, et le nombre de statues de lui, parfois vraiment géantes et très originales.

Vingt-neuf ans après son décès, nous sommes fiers de dire que tout le monde a été, est, ou sera houphouétiste. Mais où sont les traces de ce grand homme ? Où est-ce que ceux des jeunes gens qui suivaient le panel du 7 décembre qui auraient eu envie d’en savoir un peu plus sur l’homme et son œuvre auraient pu aller ? Chaque fois que la question est posée, tous les regards se tournent vers l’Etat. Mais c’est une question qui est adressée à tous les Ivoiriens, à commencer par sa famille biologique dont on ne peut pas vraiment dire qu’elle manque de moyens, sa famille régionale, c’est-à-dire les habitants de Yamoussoukro où il vécut et est enterré, sa, ou ses familles politiques qui se battent pour se proclamer plus digne héritier, et l’ensemble des Ivoiriens dont il fut le premier président, celui qui proclama l’indépendance de leur pays et en fit un pays très envié. Qu’est-ce qui empêche la famille d’Houphouët-Boigny ou la mairie de Yamoussoukro de mettre une pancarte juste à l’entrée de la ville pour dire que c’est la ville natale du premier président de notre pays ? Qu’est-ce qui empêche la famille et la mairie de mettre une pancarte pour indiquer la maison où il vécut et où se trouve sa tombe ? Qu’est-ce qui empêche des artistes ivoiriens de réaliser des œuvres pour magnifier cet homme ? Que fait-on pour préserver les maisons où il a vécu ? Au Ghana, Kwame Nkrumah qui régna pendant peu de temps avant d’être renversé par un coup d’Etat a son mausolée et son musée. Houphouët-Boigny n’a pas fait que libérer la Côte d’Ivoire. Il a mis fin aux « travaux forcés », libérant ainsi toute l’Afrique de cet esclavage. N’importe où dans le monde, un tel homme aurait eu son musée depuis longtemps.

Il y a quelques jours, l’ancien ministre Joël N’guessan avait publié un article dans lequel il disait qu’il avait honte de ce que nous avions fait de l’héritage d’Houphouët-Boigny. Moi aussi j’ai honte.

Venance Konan




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