C’est une posture qui devrait apporter un brin de lumière transperçant les petites fenêtres des cellules des séparatistes anglophones de l’Etat imaginaire de l’Ambazonie détenus. En effet, alors que le procès en appel de Sisiku Julius Ayuk Tabé, chef de cet Etat autoproclamé, et ses camarades, s’ouvre aujourd’hui au Cameroun, le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, a fait une sortie qui n’est pas passée inaperçue. Selon l’ONU, « la privation de liberté » des leaders de la lutte pour l’indépendance de l’Ambazonie, n’a pas de « base légale ». Sont également concernés, l’opposant Maurice Kamto et ses camarades du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, qui croupissent dans les geôles depuis plusieurs mois. Ce faisant, le pouvoir de Paul Biya, selon l’ONU, doit procéder à leur libération immédiate. Le groupe de travail de l’ONU vient-il ainsi de verser de l’eau sur les plumes d’un canard ? Autrement dit, les autorités de Yaoundé se refuseront-elles à donner une suite favorable à la demande onusienne ? C’est fort probable. En attendant la décision du juge à l’issue du procès en appel, le gouvernement camerounais a donné le ton : « Le Cameroun est un pays souverain et ceux qui violent nos lois sont jugés par les tribunaux », a-t-il réagi. Toutes chose qui n’augure rien de bon pour la suite. C’est dire si, ni Sisiku Julius Ayuk Tabé, ni Maurice Kamto, encore moins leurs compagnons, ne se font d’illusions. Il en est sans doute de même pour les Nations unies dont plusieurs décisions du genre, ont été ignorées maintes fois en Afrique ou ailleurs.
Il serait de bon ton que le pouvoir de Biya s’oriente vers un compromis politique
Toujours est-il que si cela ne tenait qu’au pouvoir de Biya, les prisonniers anglophones purgeraient entièrement leurs peines. Dans un contexte de séparation réelle des pouvoirs, les prisonniers auraient pu espérer un meilleur sort. Seulement, personne n’est dupe. Car, les décisions de justice pourraient bien être dictées depuis les couloirs du Palais d’Etoudi. En clair, la sortie de l’ONU a de fortes chances de ne pas avoir un impact décisif sur le sort des séparatistes embastillés. Pourtant, le pouvoir camerounais gagnerait sérieusement à prendre en considération les conclusions du groupe de travail de l’ONU. D’autant que, de Kidal au Biafra en passant par la Casamance ou le Tigré, l’histoire a suffisamment enseigné que ni la kalach, ni les tortures ou la prison, ne peuvent éteindre à jamais un foyer sécessionniste ou indépendantiste. Et la partie anglophone du Cameroun n’y fera pas exception. Il serait plutôt de bon ton alors que le pouvoir de Biya, s’oriente vers un compromis politique en posant courageusement et sans faux-fuyant le débat sur l’avenir de l’Ambazonie, sur la table. En tout cas, une chose est sûre, les velléités indépendantistes de Sisiku Julius Ayuk Tabé et ses compagnons ont des fondements. Et Biya serait bien inspiré d’apporter une réponse politique à ces fondements en tendant la main aux anglophones. Plus que quiconque, l’homme du « 6 novembre » est directement interpellé ; lui qui vient de fêter ses quarante ans au pouvoir. Sachant qu’il passera la main, Paul Biya devrait travailler à léguer à ses fils et petits-fils, un Cameroun débarrassé des crises socio-politiques. C’est d’ailleurs le défi qui doit compter le plus pour lui, si tant est qu’il aime vraiment le Cameroun et son peuple.
Michel NANA
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