L’Afrique de l’Ouest est bien coutumière de cette pratique qui est que, un putsch en entraine toujours un autre. Que celui-ci réussisse ou non. Cela, l’histoire des régimes militaires, nous l’a bien enseigné pendant des décennies dans cette région africaine. Laquelle ne semble pas avoir fini d’être, un vaste champ d’expérimentation de la gouvernance militaire, ainsi que nous l’atteste bien ce énième coup d’Etat militaire survenu vendredi dernier au Burkina Faso. Prouvant bien encore une fois, qu’en la matière, les loups finissent toujours par se manger entre eux. En réalité, cet autre coup de force entre militaires burkinabés, n’a guère surpris grand monde. C’est que huit mois après l’avènement de l’équipe du Lieutenant- Colonel Paul –Henri Sandaogo Damiba au pouvoir, l’objectif de bouter hors du pays les groupes terroristes, avait pris les allures d’un leurre dans l’esprit de plusieurs Burinabés. Du fait de la recrudescence des attaques perpétrées dans le pays. De plus, il y a surtout la méthode de la gestion du pouvoir, du Lieutenant-Colonel Damiba qui a toujours fait l’objet d’une mauvaise appréciation au sein de la junte, par le clan qui ne lui avait jamais été favorable. Ce qui n’est pas un fait nouveau en soi non plus dans les juntes qui s’emparent du pouvoir d’Etat. En effet, il a toujours existé ceux qu’on pourrait appeler l’aile dure, faisant littéralement montre de leur culture militaire, caractérisée par la force, l’imposition absolue du commandement, dans toute action de gouvernance, rimant parfaitement avec la dictature, le crime. Puis à l’opposé l’on a, l’aile des modérés, qui tentent toujours d’imiter les politiques, en se montrant plutôt conciliants, partisans de compromis. C’est bien à cette classe qu’appartenait Damiba. A qui, les autres reprochaient sans le faire sur la place publique, d’être trop doux, manquant de punchs dans ses actions et initiatives avec l’extérieur, de sorte que la junte burkinabé, de leur point de vue paraissait comme une marionnette. Alors qu’ autour d’elle, les autres juntes se montrent plutôt assez responsables du jeu, avec cette naïve propension de vouloir tout changer, tout remettre en question sans se soucier des conséquences néfastes sur le devenir de leurs peuples. Non sans se laisser manipuler par des hommes politiques, jadis dans l’opposition, qui veulent à travers la parenthèse militaire, faire le lit de leurs futures victoires politiques.
Depuis quelques temps déjà, les tenants actuels du pouvoir dans le Faso, avaient commencé à nourrir l’ambition d’éjecter le Lieutenant – Colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Un dessein à présent réalisé et dont la problématique djihadiste, reste le gros prétexte, auquel la population croit et adhère également. Mais que va-t-il advenir véritablement de la résolution de cette question sécuritaire ? Disposent-ils à cet effet d’un tour de magie dans le leurs paquetages de soldat ? Voudront- ils imiter les mauvais exemples de leurs collègues du Mali et de la Guinée, toutes grandement en mal de considérations internationales ? Et qui brandissent la fibre patriotique, procèdent à des arrestations arbitraires, suivies ou non de parodies de procès, pour se faire des émules au sein de leurs populations. Il est à noter que, le Capitaine Ibrahim Traoré l’ex chef d’artillerie qui tient désormais les rênes du pouvoir burkinabé, a annoncé la dissolution de toutes les instances et organes de gestion du pouvoir d’Etat. Un fait qui marque inéluctablement, la tendance à vouloir tout reprendre à zéro. Risquant par ce fait même d’engluer le Burkina Faso, pour on ne sait combien de temps encore, dans un perpétuel renouvellement des principes de gestion politiques et retardant du coup, le retour à un ordre constitutionnel normal. Il est aussi à se demander si les choses en resteront là. D’autant plus que le clan Damiba ne semble pas vouloir se contenter d’une telle éviction. Même si les dernières nouvelles relatives à la situation dans le pays, faisaient état hier encore, du départ en exile au Togo du leader déchu. Les jours à venir nous situerons, sur les réelles intentions du nouvel homme fort de la junte.
Moussa Ben Touré