En dehors de leurs heures normales, certains enseignants organisent des cours de renforcement, les mercredis après-midi et les samedis matin, à l’intention de leurs élèves. L'utilité de ces cours est diversement appréciée par les parents, les enseignants et les élèves.
Les frais de participation aux cours de renforcement varient de 5000 F à 15 000 F par élève et par mois, dans le secondaire, en fonction de l’enseignant et des matières. Ils sont de 2000 F à 5000 F dans le primaire, avec la possibilité accordée, à chacun de payer 200 F ou 500 F, à chaque séance.
Selon la plupart des enseignants interrogés sur le sujet, les cours ainsi dispensés, permettent de renforcer le niveau des élèves et de parfaire leur compréhension des différentes leçons enseignées. « Pendant ces séances de renforcement, nous reprenons l’explication des cours aux élèves. Ensuite, nous leur donnons des exercices, pour nous assurer qu’ils ont compris. Nous corrigeons ensemble. Enfin, nous revenons sur certains aspects des matières, qui auront été insuffisamment compris ou pas du tout assimilés », explique Singo Evariste, professeur d’anglais à l’Institut LKM de Yopougon.
Des élèves apprécient
Ouattara Souleymane est instituteur au groupe scolaire Habitat d’Adjamé. Pour lui, les cours de renforcement sont utiles et efficaces. « En ce qui nous concerne, nous avons moins d’élèves à ces cours et le temps est suffisant. Ce qui nous permet de mieux nous pencher sur leurs difficultés, que nous prenons le temps d’identifier. Alors qu’en classe, nous sommes obligés d’accélérer les cours, pour achever le programme », dit-il. L’année dernière, révèle Aké Jérôme, professeur de mathématique, au collège Sorbonne de Yopougon ananeraie, « onze des quinze élèves de troisième que j’ai encadrés en math, ont réussi à leurs examens ».
De nombreux élèves apprécient les cours dispensés par ces enseignants. Aux dires des uns et des autres, ces séances leur apportent un plus. « Avant, je n’arrivais même pas à avoir 10 de moyenne en physique. Mais, l’année dernière, grâce au cours de renforcement, j’ai réussi à obtenir 13 de moyenne annuelle », confie Traoré Aicha, en 1ere D, au Lycée moderne Djédjé Amondji Pierre d’Adjamé. Afolabi Safiatou est en classe de 2nd C au Lycée municipal Ehivet Gbagbo de Yopougon. Elle affirme que les cours de renforcement lui ont été bénéfiques. « Avant, je n’arrivais pas à comprendre les cours de mathématique en classe. Mais, aujourd’hui, avec les cours de renforcement, j’arrive à comprendre facilement, et à m’en sortir au niveau des notes », explique-t-elle.
Les parents partagés
Comment les parents d’élèves jugent-ils les cours de renforcement organisés par ces enseignants ? Les avis sont partagés sur la question. « C’est pour se faire de l’argent. L’année surpassée, ma fille nous a obligés à l’inscrire à ces cours organisés par son maître. Parce qu’il menaçait de proposer les exercices traités à son cours, à la composition de passage », révèle M. Soro Clotiorma.
De son côté, Kouamé Solange a préféré confier l’encadrement de son fils à un répétiteur, qui vient à domicile. « A l’école, c’est le même environnement. Il y trop de distraction. Et parfois, les enseignants ne viennent pas », dit-elle pour justifier son désintérêt pour les cours de renforcement.
D’autres parents émettent des avis plutôt favorables sur ces cours. « Ma fille avait beaucoup de lacunes en français. Mais, depuis qu’elle suit les cours de renforcement, sa moyenne s’est fortement améliorée », dit Tanoh Ahmed. Il en est de même pour Dogo Brigitte qui soutient : « mon fils est devenu premier de sa classe, grâce au cours de renforcement. Ces enseignants sont à encourager. Car, ils font un excellent travail.
Contre les critiques portées à leur encontre, les organisateurs de ces cours s’inscrivent en faux. « Il n’y a aucune influence sur les élèves, qui ne participent pas à nos cours de renforcement, comme on l’entend dire ici et là, par les parents qui refusent de faire participer leurs enfants La preuve en est que certains d’entre-deux, sont les meilleurs de nos classes », rassure Zadi René, instituteur à l’EPP Sicogy 3 de Yopougon. « Nos cours de renforcement ne sont pas motivés par le gain. Ils sont facultatifs. Nous n’obligeons personnes à y participer. Et il n’y a pas de mépris contre ceux qui s’en abstiennent », indique Koffi Bernard, professeur de français au Lycée moderne Nangui Abrogoua d’Adjamé.
Boubakar Barry