Plusieurs parents ont recours aux prêts scolaires pour faire face aux dépenses de la rentrée. Malheureusement, certains utilisent ces fonds à d’autres fins que ce pourquoi ils ont été demandés et obtenus, de leurs employeurs ou de leurs banques. Des épouses témoignent.
« L’an dernier, mon mari a pris un prêt scolaire de 200 000 francs afin de pouvoir assurer la scolarité de nos trois enfants. Le premier est en classe de 3ème et les deux autres sont au primaire. Mais quand il a fini de payer la scolarité du plus grand qui fréquente un établissement privé, je n’ai plus rien compris. Il disait qu’il n’avait plus d’argent », confie dame Aline, employée d’une agence d’assurance. Sa surprise a été d’autant plus grande que les frais de scolarité du plus grand des enfants, ne coûtaient que 80 000 francs. Les 120 000 francs restants pouvaient donc suffire à acheter les ouvrages scolaires. La dame soupçonne son mari d’entretenir une femme dehors. Mais elle se préoccupe de l’avenir de ses enfants. Et pour cela, « j’ai décidé de m’organiser cette année », poursuit la dame, qui venait d’acheter des cahiers pour ses enfants.
Comme Aline, bien d’autres femmes vivent cette situation avec leurs maris qui contractent les prêts scolaires, pour en faire autre chose. « A chaque rentrée des classes, mon mari prend un prêt scolaire de 100 000 francs, que son entreprise met à la disposition des employés qui en ont besoin. Mais franchement dit, j’avoue que je ne vois pas grand- chose de cette somme », explique Mariam Sanogo, vendeuse. Son homme n’achète que quelques livres et cahiers pour leurs deux enfants, qui sont pourtant encore au primaire. Le premier est en classe de CM2 et le second en classe de CE1. « Ce qui fait qu’à chaque rentrée scolaire, on se chamaille pour la scolarité des enfants », poursuit-elle. Elle qui ne gagne pas assez d'argent, est obligée d’utiliser ses maigres revenus issus de la vente de divers articles, pour subvenir aux charge scolaires des enfants.
« Je n’ai pas le choix. Je suis obligée de m’occuper de mes enfants pour qu’ils réussissent demain », se résigne cette autre mère qui a quatre enfants. Son mari travaille dans une entreprise de fabrication de produits alimentaires, qui octroie des prêts scolaires à ses travailleurs. C’est auprès de ses collègues, qu’elle a appris cette année que son mari prend aussi ces prêts, à chaque rentrée scolaire. Alors qu’il se plaint toujours du manque de moyens financiers, quand la rentrée approche. Et elle l’aide, pour que les enfants puissent aller à l’école. « J’ai l’habitude de prendre des prêts. Mais cette année, je me suis organisée un peu plus tôt, pour faire face aux dépenses de la rentrée scolaire. Et ça va », confie Mme Koffi, secrétaire de direction, qui affirme aussi que certaines personnes utilisent les prêts scolaires pour d’autres programmes, qui n’ont rien à voir avec la scolarité des enfants.
Dans les shows et sorties
« Mon mari prend un prêt scolaire à chaque rentrée. Mais, il utilise une bonne partie de cet argent dans l’alcool, le show et les sorties avec ses amis. Je suis obligé de puiser dans les fonds de mon petit commerce, afin de pouvoir inscrire et payer les fournitures de nos enfants », révèle Mme Guirao Rosine. Pour sa part, Mme Kouadio Adélaïde dit en avoir marre du comportement de son époux. « A chaque rentrée des classes, ce sont des histoires. Il se plaint qu’il n’a pas assez de moyens. Pourtant, il contracte des prêts scolaires. Mais, la réalité est qu’il ne consacre pas suffisamment les prêts reçus, aux charges de la rentrée de nos enfants ».
Des hommes interrogés reconnaissent leurs torts et tentent de se défendre. « Je reconnais qu’une année, j’ai dû régler des arriérés de loyer avec 150 000 francs de prêts scolaires que j’avais pris », déclare cet ouvrier. A l’en croire, il avait des difficultés financières et il devait 5 mois de loyer au propriétaire des deux pièces que qu’il loue. Etant menacé d’expulsion, il a dû consacrer le prêt scolaire aux loyers. Selon Doh Jean-Jacques, ce sont les charges des parents du village qui l’amènent à prendre les prêts scolaires. Eric Logo, en fonction au département communication du groupe Nsia, en tant que parent d’élève, affirme avoir effectivement constaté que : « la plupart des personnes qui prennent les prêts scolaires ne le font pas pour scolariser leurs enfants. Mais plutôt, pour se faire plaisir, en achetant un appareil électroménager, un bien ou un article, ou en voyageant… ». Pour lui, les personnes qui parviennent à scolariser aisément leurs progénitures, adoptent une bonne organisation. En clair, de son point de vue, tout réside dans l’organisation. De sorte que les parents qui savent s’y prendre, n’ont pas besoin de recourir aux prêts scolaires. Grâce à des épargnes et une aide gratuite d’une valeur approximative d’une cinquantaine de mille, que l’employeur remet aux travailleurs, celui-ci parvient à scolariser ses enfants sans souci.
Barry Boubacar,Diomandé Karamoko,Aristide Otré