Dans son discours à la Nation du 1er avril 2022, le chef de l’Etat, Paul Henri Sandaogo Damiba, avait donné cinq mois aux Burkinabè pour un premier bilan de son action. au terme dudit délai, il s’est prêté à l’exercice dans une nouvelle adresse à la Nation, le 4 septembre dernier.
Incontestablement, des actions positives ont été enregistrées.
Sur le plan de la sécurité qui est actuellement la principale préoccupation des Burkinabè, on peut noter l’interdiction de circuler faite aux détenteurs de certaines catégories de motos généralement utilisées par les terroristes, dans le but de réduire leur mobilité. Des zones d’intérêt militaire ont aussi été délimitées pour permettre une meilleure traque des terroristes. Récemment, des mesures de réorganisation de l’armée ont été prises pour la rendre plus opérationnelle. On sent donc une volonté de faire bouger les lignes. Des mesures ont également été prises pour une meilleure prise en charge des personnes déplacées du fait de l’insécurité. On peut aussi noter que depuis le massacre de Seytenga dans la nuit du 11 au 12 juin et de Bourasso dans la nuit du 3 au 4 juillet 2022, les tueries de masse semblent avoir baissé d’intensité. Il est permis de penser et d’espérer que ce résultat est dû à une traque impitoyable par l’armée, des bandes terroristes.
Les autorités devraient aller plus loin
Dans un tout autre registre, on a le sentiment que l’Administration publique fonctionne mieux eu égard aux contrôles plus ou moins rigoureux qui s’effectuent maintenant. Certains prétendent aussi que le niveau de la corruption a baissé avec les nouvelles autorités. L’opération ville- propre qui vise l’assainissement du cadre de vie, est également à saluer, même s’il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. Les autorités devraient aller plus loin en menant un rigoureux travail de conscientisation sur l’hygiène et la propreté avec, en soutien, des sanctions pour les contrevenants. Autrement, ce serait un éternel recommencement. Un effort devrait aussi être fait pour la réalisation, le curage et la fermeture des caniveaux. Des aspects négatifs et non des moindres sont inscrits aussi dans le bilan du président Damiba. Sur le plan de la sécurité, il est difficile de dire que la situation s’améliore vraiment. Car, des zones qui n’étaient pas touchées sous le régime du président Roch Kaboré, sont maintenant entre les mains des bandes terroristes, comme c’est le cas dans la région de la Boucle du Mouhoun, et aussi dans le Kourittenga, la province d’origine du président Damiba, où la mairie de la commune rurale d’Andemtenga vient d’être incendiée. Il se dit même que les terroristes auraient pour ambition d’entrer et de faire des dégâts dans le village même du président Damiba à Nakalbo, situé à une quinzaine de kilomètres d’Andemtenga, pour le défier ouvertement. En outre, avant l’avènement du président Damiba, les villes de Kaya et de Dori étaient facilement accessibles. Ce qui n’est plus tellement le cas aujourd’hui. Le pont entre Kaya et Dori est régulièrement détruit par les terroristes, même s’il convient de féliciter l’armée qui s’acharne à le reconstruire chaque fois dans des délais raisonnables. Des critiques s’élèvent aussi contre la militarisation de l’Administration, dans la mesure où des officiers ont été nommés à des postes de direction alors que leur place est au front, dans la lutte contre le terrorisme. Certains critiquent aussi ce qu’ils appellent la politisation des militaires qui, au lieu de s’occuper du problème de la sécurité, s’immiscent dans des activités politiciennes en œuvrant à favoriser certains partis politiques et à restaurer le régime de l’ancien président Blaise Compaoré sous le prétexte de la réconciliation nationale. En faisant venir officiellement Blaise Compaoré sous les lambris de la République, alors que celui-ci a été condamné à la prison à vie par le tribunal militaire dans le procès de l’affaire Thomas Sankara et autres, certains estiment que le président Damiba a plus contribué à diviser les Burkinabè qu’à les réconcilier entre eux. En fin de compte, on peut noter que les Burkinabè restent toujours entre l’espoir de la reconquête prochaine des zones occupées et le désenchantement qu’inspire l’état actuel du pays miné par l’insécurité et une certaine mal gouvernance du régime de la Transition.
Apolem