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L'Enquête du jeudi. Mendicité à Abidjan. 111 enfants retirés de la rue (1/2)

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Le ministère de la Femme, la Famille et de l’Enfant a mené récemment une opération « Zéro enfants en situation de rue », à travers certaines communes d’Abidjan. Nous nous sommes intéressés à ce qui est fait pour que les enfants, une fois retirés de la rue n’y retournent plus.

La commune d’Adjamé, appelée aussi commune marché, est l’un des lieux les plus fréquentés de la capitale économique ivoirienne, où l’on retrouve fréquemment les enfants en situation de rue. Tout au long du boulevard Nangui Abrogoua, jusqu’à la grande mosquée de la commune, sont assises des mendiantes entourées de nombreux enfants. Et ce sont ces enfants qui assaillent les passants pour demander des pièces de monnaie. Pendant ce temps, leurs mamans assistent, en arrière-plan, à la scène. C’est toute une stratégie en soi. Des personnes sensibles prennent ainsi très vite en pitié ces enfants. Et du coup, ils se sentent dans l’obligation morale de débourser de l’argent, pour leur venir en aide. « Mais c’est une stratégie qui est également gênante, surtout quand on n’a pas d’argent alors que l’enfant attend », confie Alfred.

Ces mamans qui utilisent ainsi leurs enfants pour mendier, sont pour la plupart d’origine nigérienne et nigériane. Il y a aussi les femmes qui exposent leurs enfants jumeaux. Pour ces dernières, c’est la coutume, dit-on. Dès qu’elles mettent au monde des jumeaux, elles abandonnent leurs activités et occupent un carrefour avec leurs bébés dans les bras pour mendier.


Il y a cette autre catégorie d’enfants en situation de rue. Ce sont des adolescentes qui se retrouvent souvent à se débrouiller dans de petits métiers au cours de la journée. Elles vendent des emballages plastiques et autres divers petits produits manufacturés au marché, portent des bagages etc. On les appelle communément « tantie bagage ou bakroman ». Les nuits, elles dorment à la belle étoile aux abords des magasins dans les marchés. Elles sont souvent exploitées sexuellement par les plus anciennes de la rue, qui les livrent à des clients. Elles sont ainsi victimes d’abus sexuel.

On les retrouve au marché Gouro d’Adjamé et à la gare routière de ladite commune, où des garçonnets se livrent au vol à l’arraché et aux agressions diverses. Dans le milieu, la drogue coule également à flot.

Ces genres de faits, sont observés dans les autres communes d’Abidjan, où existent aussi des enfants en situation de rue. A Cocody dans les grands carrefours où il y a du monde. Marcory, Treichville, Abobo, Yopougon, aucune commune d’Abidjan n’est en reste, pour ainsi dire.


La cause à la pauvreté ?

Les raisons de l’existence des enfants dans la rue, sont diverses selon les informations que nous avons pu recueillir ici et là. « C’est la pauvreté qui pousse souvent certains parents à aller mendier avec leurs enfants dans la rue », explique Aïcha, artiste peintre. Cependant, indique-t-elle, les parents doivent se mettre au travail pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Car ils doivent donner le bon exemple aux enfants, assurer leur éducation. Ils ne doivent pas leur apprendre à mendier. Sinon ces enfants risquent de s’habituer à cette situation jusqu’à l’âge adulte. Ce qui n’est pas bien pour la société.

Sur la mendicité liée au cas des jumeaux : « Ce sont les jumeaux qui demandent cela. Si on ne sort pas avec eux pour mendier, un malheur peut leur arriver. C’est la coutume. Car, ils peuvent disparaître, si l’on ne respecte pas cette coutume », se défend cette mère de jumeaux, avec beaucoup de conviction.

Pour M. Boti, juriste, les parents ont une grande part de responsabilité dans cette situation des enfants qui se retrouvent ainsi dans la rue sans aucun soin. Mais, poursuit-il, il y a des enfants qui s’échappent du contrôle parental malgré la bonnes volonté et les bonnes actions du parent à son égard. En ce qui concerne les mendiantes venues des pays limitrophes, c’est dû à la porosité de nos frontières.


« Madame le ministre, après une réunion au cabinet a fait état de ce que les enfants étaient trop nombreux dans les rues. Il fallait les retirer », explique Mme Diavatche, juriste au programme de protection des enfants et adultes vulnérables (Ppeav), une structure du ministère de la Femme de la Famille et de l’Enfant. A partir de ce moment, l’opération sur le terrain pour extraire ces enfants de la rue appelée « Zéro enfant en situation de rue », est programmée. Et la ministre Nassénéba Touré a elle-même participé à cette opération.

Kouamé Judas, éducateur spécialisé au Ppeav donne quelques détails à propos. En effet, l’opération qui a eu lieu dans les communes de Cocody et Marcory notamment dans les grands carrefours, devant les magasins, les bars maquis et boîtes de nuit, s’est déroulée en deux phases. La première phase a eu lieu dans la nuit du 28 au 29 juillet dernier. A ces différents endroits cités, au total 111 enfants dont 3 filles et 108 garçons en situation de rue en ont été retirés et conduits au centre socio-éducatif de Marcory Zone 4C, une structure du ministère de la femme de la famille et de l’enfant.

Karamoko Diomandé




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