Voler dans une église est devenu pratique fréquente au Bénin, aux dires du Père Olivier Sanvi, Curé de la Paroisse catholique Sainte Joséphine Bakhita d'Abomey-Calavi. La disparition du sac d'un fidèle venu se confesser le 23 juillet dernier est venue en rajouter à la longue liste de cas de vols enregistrés sur cette paroisse. Cette pratique indélicate touche de plus en plus de lieux de culte.
« Un sac contenant une importante somme a été volée ici. Le temps d'aller voir le prêtre, le fidèle venu en confession, n'a plus retrouvé son sac dans lequel il y aurait une importante somme », a raconté le Père Curé, déplorant cette attitude malsaine. « Des cas de vols se multiplient sur notre paroisse et ce n'est pas bien », a-t-il déploré avant de s'interroger : « Peut-on voler jusqu'à voler dans la maison de Dieu ? ».
Si voler dans une église est un fait étonnant, le faire au confessionnal, lieu où les chrétiens viennent avouer leur péchés pour en obtenir pardon et absolution paraît extraordinaire et remet en cause la foi des usagers de ces lieux abritant la présence de Dieu. Même les caisses installées dans le l'église ne sont pas épargnées des assauts de ces malfrats sans fois ni loi.
Modes opératoires
La paroisse Sainte Josephine Bakhita n'est malheureusement pas la seule à subir ces idelicatesses. Selon Édouard, agent de sécurité à la paroisse Saint Albert Le Grand située à Abomey-Calavi, les cas de vols s'observent également sur sa paroisse. « Celui que tu vois, tu ne peux pas connaître ce qu'il a dans le cœur. Moi-même, agent de sécurité, on m'a volé mon portable dès mon arrivée ici », a-t-il confié.
Un tour dans les paroisses de la ville de Cotonou un dimanche, a permis de découvrir l'extension du phénomène. « Les téléphones portables Android, les porte- monnaies, les sacs… sont souvent les cibles de ceux qui s'adonnent à cette pratique malsaine », selon Jean de Dieu, responsable d'un groupe religieux de jeunes sur une paroisse de Cotonou. Pour Sosthène, responsable de chorale sur la même paroisse, « les instruments de musique, notamment les micros, les amplificateurs… » subissent souvent la rage de ses voleurs.
« La semaine dernière, une dame qui a regardé l'heure sur son portable pendant la messe, ne l'a plus retrouvé moins d'une minute après », a raconté l'agent de sécurité d'une paroisse. En effet, explique-t-il, « ils (les voleurs) profitent de certains moments de la messe où les fidèles sont préoccupés par la prière pour opérer ».
Les caisses dans le sanctuaire et à divers endroits subissent une autre technique. Le Père Olivier Sanvi révèle que les auteurs de ces actes introduisent des bouts de fer aimantés, ou enroulés de chewing-gum dans les caisses pour attirer les pièces.
Vidéo-surveillance inefficace
« A cause des voleurs, j'ai fait installer des caméras un peu partout. Sachez qu'on peut vous attraper ». Cette menace du curé de la paroisse Sainte Josephine Bakhita ne semble pas convaincre, puisque ce dispositif n'a pas pu révéler l'auteur du récent vol dans le confessionnal.
Le recours à la vidéo-surveillance par plusieurs paroisses de Cotonou et environs ne semble pas être la solution définitive. « Il y a des caméras de surveillance partout. Pourtant les micros et les fils de connexion disparaissent », a signalé Aubin, responsable de chorale à Cotonou. « Il y a un mois, la caisse claire, les baguettes et la pédale, toutes des composantes de la batterie installée dans l'église ont disparu. On a dû cotiser pour en acheter encore », a t il rappelé.
"Ceux qui viennent à l'église ne sont pas des saints"
De leur côté, les autorités paroissiales engagent la responsabilité des victimes de ses vols, et accusent pour la plupart leur négligence. « Ceux qui viennent à l'église ne sont pas des saints. il faudra y veiller sur ses biens, comme partout », a proposé Nestor, membre du Conseil paroissial pastoral, pour qui « prier ne signifie pas s'oublier ». Il relève aussi que la présence des caméras de surveillance ne doit pas pousser à manquer de vigilance. « Après avoir regardé la vidéo de la caméra il faudra encore pouvoir reconnaître et identifier le coupable. S'il n'est pas reconnu, la caméra aura beau le filmer, elle ne servira pas à grand-chose. N'oublions pas que ceux qui s'adonnent à ces actes s'éloignent souvent de chez eux pour le faire», a-t-il déclaré.
Voler dans une église est un acte grave selon le Père Olivier Sanvi, une manière « de s'attirer des malédictions. Puisque celui qui vient donner à l'Église, le fait dans une intention donnée ». Dans son élan d'en finir avec ce mal, il a promis à toute personne qui serait surprise, « une prière de délivrance », pour le libérer de l'esprit de vol.
De notre correspondant au Bénin,
Joseph Tomondji