Cotonou, la capitale économique du Bénin se dote de grands monuments distinctifs. Il s'agit de la statue de l'Amazone, dévoilée en mai dernier et de celle du roi Bio Guéra, un héros national, révélée il y a quelques jours. Deux images de carte postale destinées à valorisent la combativité et le courage. Après l'exposition sur les trésors royaux restitués par la France au Bénin, la statue de l'Amazone puis celle de Bio Guéra sont devenues la cible de toutes les curiosités au Bénin.
« Cette statue au carrefour de l'aéroport international Cardinal Bernadin Gantin donne un aspect tout nouveau à l'environnement. Celui qui s'est envolé de Cotonou, il y a deux semaines, à son retour, ne pourra plus reconnaître les lieux ». Cette observation de René, architecte à Cotonou rend pleinement compte du changement qu'offre au paysage du rond-point de l'aéroport de Cotonou, la statue du roi Bio Guéra, d'une hauteur estimée à 25 mètres, nouvellement érigée sur les lieux, remplace celle d'une dame versant de l'eau par terre, en signe de souhait de bienvenue. Le cheval cabré porte Bio Guéra armé d'une lance, l'air grave, à l'image du redoutable résistant dont parle abondamment l'histoire du Bénin.
A moins d'une dizaine de kilomètres, se dresse une autre statue révélée au public, quelques semaines plus tôt : la statue de l'Amazone. Ce grand monument en bronze de 30 mètres de haut représente une des femmes guerrières que comptaient les armées du royaume du Danxomè. À l'allure martiale, l'Amazone tient un coupe-coupe d'une main et un et un fusil de l'autre.
La nouvelle Place de l'Amazone, où elle est implantée, abritera les festivités du 62e anniversaire de l'indépendance du Bénin, le 1er août prochain.
Courage et bravoure
« Ces statues ne sont pas anodines. Elles sont le symbole de l'appel du Président Patrice Talon à la bravoure et au courage aux Béninois, en vue de construire un pays développé et prospère », a analysé Harold Houessou, professeur de philosophie. Selon lui, « ces statues invitent hommes et femmes, chacun pour sa part, à tenir ferme dans le respect des vertus civiques et morales, à l'instar des héros dont elles incarnent la mémoire ».
De même, le ministre en charge de la Culture Jean-Michel Abimbola, voit, dans la statue de l'Amazone, « la figure de l'héroïsme féminin béninois, du courage, de la splendeur de la bravoure de Béninoises d'hier qui ont su défendre les frontières d'un royaume et qui aujourd'hui défendent les frontières d'une république, à travers le marché, à travers leur engagement citoyen, qui continue de (...) montrer cette figure du courage ».
Des critiques
L'opinion publique n'est cependant pas unanime quant à l'opportunité de ces représentations, en cette époque de cherté de la vie. « Vraiment, on aura tout vu avec ce gouvernement ! Cette fortune investie dans ces statues pourrait soulager le panier de la ménagère, en cette période dure », a analysé Sophie. Pour la coiffeuse de formation, ces figures ne peuvent résoudre les problèmes actuels et urgents de cherté de la vie et de chômage.
Le président du parti Restaurer l'Espoir, un parti qui se réclame de l'opposition, Candide Azannaï a également critiqué la statue de l'Amazone, à la faveur d'une sortie mediatique début juillet. « Ériger une statue et dédier une esplanade aux amazones est ridicule, injurieux et dévalorisant », a-t-il fustigé, affirmant que « cette initiative du gouvernement est une décevante inculture ».
La statue de Bio Guéra, elle aussi, a fait l'objet de vives critiques dès son apparition. « Cette statue n'a pas sa place à Cotonou mais plutôt à Parakou, sa ville natale, comme celle de Béhanzin à Abomey », a déclaré Cosme, au sujet de la statue du héros national. De son vrai nom Gbassi N'Guéra, Bio Guéra est un prince guerrier Wassangari, né en 1856 dans la commune de Kalalé au Nord du Bénin. Il a mené plusieurs résistances contre les colonisateurs français au Bénin.
La place de l'Amazone, la statue du roi Bio Guéra, ainsi que Les Jardins de Mathieu, érigés en souvenir du général Mathieu Kérékou, seront inaugurés et ouverts au public le 30 juillet prochain.
De notre correspondant au Bénin,Joseph Tomondji