Le moins qu’on puisse dire du nouveau ministre des Eaux et Forêts, c’est toute la verve avec laquelle, il entend reverdir au mieux la Côte d’Ivoire d’ici à 2030. En réussissant notamment à recouvrir, au moins 20% de sa superficie de forêts. Pour ainsi continuer selon les normes internationales en matière de foresterie, de la maintenue au nombre des pays forestiers de la planète. Noble ambition donc, que d’avoir lancé cette campagne nationale de reconstitution forestière sous l’appellation de « reboisement institutionnel », le 24 juin dernier. La forêt classée de l’Anguédédou, à la sortie de la ville d’Abidjan, par l’autoroute du nord, aura servi de rampe de lancement à ladite campagne. Laquelle se veut une invitation nationale, adressée à toutes les couches sociales ivoiriennes, ainsi qu’à toutes les entités économiques et administratives nationales, à s’investir dans le reboisement.
Seulement voilà : c’est qu’une telle initiative, aussi volontariste et manifeste soit elle, de vouloir mobiliser tous les Ivoiriens pour sauver leurs forêts n’est pas nouveau. On pourrait même dire que c’est bien du rabâché du déjà vu et entendu, Autrement dit, des initiatives similaires ont été déjà prises pour la même raison, sans que la couverture forestière ivoirienne ne cesse de décroitre pour autant. Ce reboisement institutionnel, un de plus, accueilli par de grandes villes de l’arrière- pays, sous la conduite du ministre Laurent Tchagba n’a encore rien affiché de nouveau. Si ce n’est que cet appel pressant en direction des populations à prendre à bras le corps, tout ce qui va dans le sens du reverdissement de la Côte d’Ivoire. Avec en prime une plantation massive d’arbres. Et se détourner de tout ce qui est destructeur de la forêt.
Il est impérieux que l’on aille désormais au-delà de cette invite populaire, dont la récurrence donne plutôt à croire que l’on ne peut penser, créer ou trouver une autre façon ou méthode pour véritablement engager la conscience collective nationale dans cette noble action ; de protection et de réhabilitation du couvert forestier ivoirien. La 15e Conférence des Parties signataires de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre désertification et la sécheresse, dite Cop 15, tenue à Abidjan, avait pourtant fait naître un certain intérêt général pour la protection des forêts. Une dynamique avait donc pris forme. Marquée surtout par des annonces spontanées de reboisement bien chiffré de structures opérant dans le milieu agricole. Une dynamique qu’il fallait continuer à entretenir, amplifier et travailler à étendre à toutes les composantes sociétales ivoiriennes. Afin que, chacun à son niveau ou qu’il soit, quoiqu’il mène comme activité, s’approprie pleinement la stratégie de protection forestière en exécution.
A présent, il y a fort à parier, qu’une fois passée cette énième tournée ministérielle de galvanisation momentanée des énergies, l’ambition pourtant d’ordre étatique de réussir un reboisement populaire national, tombera dans l’oubli général. Tout simplement parce qu’il n’y aura pas eu de suite efficiente. Les discours et opérations de plantations d’arbres, visant à donner le bon exemple à suivre et surtout à répéter par les populations, n’auront guère fait d’émules, au sein de celles-ci. Surtout que, maires, députés, responsables locaux de formations politiques, n’auront pas été intimement et pleinement motivés, préparés et associés à l’organisation de la campagne. Au-delà de la seule et banale invitation à eux faite, en vue de prendre part à la cérémonie de lancement. Ce qui ne peut les obliger ou les exhorter à prendre le relais. A travers l’incitation de leurs populations à planter de nombreux arbres, allant jusqu’à se créer de propres forêts privées. Ou mieux encore, à conduire les Conseils municipaux et régionaux vers la création de forêts communales et régionales, qui reste vivement souhaitée. Au lieu de tant de nobles initiatives, ce sont les 234 forêts classées, formant à ce jour avec les parcs et réserves, l’essentielle de la couverture forestière ivoirienne, qui continueront de souffrir des infiltrations clandestines. Effectuées pour des pratiques agricoles, exploitations interdites d’essences ligneuses et orpaillages non autorisés ; menés par ou avec la complicité de ces mêmes populations. Autant de méfaits que la Sodefor qui ne dispose plus de ces grands moyens financiers qui étaient les siens, avant les crises successives que le pays a vécues, s’emploie tout de même à combattre, vaille que vaille. Mais pas avec tant d’efficacité, que si elle jouissait encore de possibilités financières consistantes. Lesquelles, en toute logique, ne devraient plus continuellement lui faire défaut. Surtout pas après cet important engagement pris par la Côte d’Ivoire, devant le monde entier, d’empêcher l’avancée du désert sur son territoire, de par une action aussi fondamentale que, la protection et l’intensification de sa couverture forestière. Et cela, grâce à l’exécution de son programme dédié : « Initiative d’Abidjan ». Qui aura tout simplement été apprécié de tous à la Cop 15.
Moussa Ben Touré