Yao Koffi, instituteur dans une ville de l’arrière-pays, consomme des boissons énergisantes. Mais il s’arrange pour ne pas en abuser. Il en fait usage seulement quand il se sent fatigué. « Quand je reviens du service et que je suis très fatigué, je bois une canette de Cody’s Energy ou une bouteille de Rhino. Cela permet de me remonter physiquement ». L’enseignant ne consomme ces boissons que deux vendredis et deux dimanches par mois, soit au total quatre fois par mois. C’est aussi pour se remettre de la fatigue, que la commerçante Koné Marie-Emmanuela consomme de temps à autre des boissons énergisantes.
Vertus aphrodisiaques
Pour sa part, Yao Koffi remarque que ces boissons ont par ailleurs des vertus aphrodisiaques. Pourtant, ce n’est pas ce qu’il recherche quand il en consomme. C’est tout le contraire de Junior, élève en classe de terminale dans un établissement de la commune d’Abobo. Nous l’avons trouvé en train de boire une canette de Vody la matinée du mercredi 29 juin 2022 au maquis dénommé Cave Pharmacie de garde d’Abobo. Il ne cache pas qu’il en consomme pour accroître ses performances sexuelles. Il prend une canette de Vody quand il doit avoir des rapports avec sa petite amie.
Bien d’autres personnes consomment ces boissons, quand elles doivent effectuer des travaux physiques intenses. Mais, au regard de l’état de santé de sa tante, détérioré pour abus de consommation, Diomandé Mohamed n’en prend que très rarement. En effet, Il est désormais convaincu qu’elles conviennent plus, aux populations des pays développés, du fait du climat tempéré qui y prévaut.
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Ce point de vue est loin d’être celui de nombre d’autres consommateurs. Notamment les jeunes, qui comptent parmi les plus gros consommateurs de ces boissons. Kpetou, gérant du maquis « Chez Paul », situé à l’arrière de la tour Harmattan des 220 logements d’Adjamé, dit avoir remarqué que 80 % des consommateurs des boissons énergisantes, qu’il reçoit sont des jeunes.
Des conduites dangereuses
Yao Koffi, instituteur a lui constaté que, le plus grand nombre des jeunes concernés, sont les chauffeurs de gbakas (mini-cars) et leurs apprentis. Il affirme que, plusieurs sont friands du Vody, par lequel ils remplacent de plus en plus le café noir, avant de prendre le volant. Ils sont alors débordants d’énergie, quand ils travaillent. Et restent ainsi éveillés des heures durant.
Cependant, cette débauche d’énergie donne lieu à des conduites dangereuses. En ce sens qu’elles se traduisent par des excès de vitesse, des dépassements dangereux, ainsi que par un manque de courtoisie, de civisme et de respect pour les passagers.
« Quand ils sont sous l’effet de Vody, ils n’ont plus de considération pour ceux qu’ils transportent, ainsi que les personnes âgées. Ils n’en font qu’à leur tête ». Cela, pour dire que quand les chauffeurs et les apprentis de minicars boivent du Vody, ils ne se contrôlent plus.
Sans chercher à les dédouaner de cette accusation, Olivier, chauffeur de gbaka de la ligne Abobo-gare-Akeikoi reconnaît que, plusieurs chauffeurs et apprentis consomment effectivement un stimulant avant de travailler. Histoire d’avoir du tonus. Selon lui, ce stimulant est très souvent le Vody, ou à défaut le Tremor ( une drogue). Olivier préfère se garder d’en consommer. Il s’en tient bien loin. Estimant que la meilleure façon de prendre des forces est de bien s’alimenter.
Lamine, un collègue à lui, ainsi que Moustapha, "syndicaliste" sur la ligne Abobo-gare Adjamé, renchérissent pour dire que bon nombre de chauffeurs de gbakas et leurs apprentis figurent parmi les plus gros consommateurs de Vody. Moustapha met quiconque au défi de lui prouver le contraire. Quant à lamine, il constate que ceux qui consomment cette boisson, sont surexcités lorsqu’ils travaillent. En plus, ils ne se fatiguent pas aussi vite que ceux qui n’en consomment pas.
Jeremy Junior