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Politique

Le paradoxe africain

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Monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal et de l’Union africaine et le président de la Commission de cette Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat sont allés en Russie rencontrer Monsieur Vladimir Poutine, le président de ce pays, pour d’une part, tenter une médiation afin de faire arrêter la guerre qui oppose la Russie à son voisin l’Ukraine, et d’autre part, (et peut-être même surtout), plaider pour que le continent africain ne soit plus privé des céréales et des engrais en provenance de ces deux pays. Effectivement, si aucun geste n’est fait de la part de la Russie qui pour le moment est la maîtresse du jeu dans cette guerre, nous, Africains, risquons de mourir de faim. Quel paradoxe ! L’Afrique est depuis longtemps présentée comme le continent détenant les dernières terres encore fertiles de la planète. Et c’est un fait que plusieurs pays européens et asiatiques ont acheté de grandes portions de terre dans plusieurs pays africains afin d’y pratiquer de l’agriculture vivrière. Nous risquons aussi de manquer d’engrais pour fertiliser nos sols. Parce que notre engrais vient aussi de la Russie et de l’Ukraine. Et pourtant le Maroc et le Togo, deux pays africains, sont deux gros producteurs du phosphate qui sert à produire de l’engrais. Pourquoi donc risquons-nous la famine ? Eh bien, parce que ces pays qui font de la culture vivrière sur nos terres le font pour nourrir prioritairement leurs peuples. Pas nous. Il en est de même pour nos ressources halieutiques. Ils envoient d’immenses bateaux-usines piller tous les poissons de nos mers, sans se soucier de leur reproduction, les conditionnent sur leurs navires et vont les consommer chez eux. C’est leur surplus en produits agricoles ou halieutiques qu’ils nous vendent à des très bas prix contre lesquels nos propres productions ne peuvent pas rivaliser.

Que faisons-nous pendant ce temps ? En agriculture, nous cultivons ce dont, eux, pays riches, ont besoin pour développer leurs industries, flatter leurs papilles ou embellir leurs maisons, à savoir de l’hévéa, du café, des fleurs, du cacao, de l’huile de palme ou d’arachide, de l’anacarde, du coton, de la vanille, etc. Autant de produits de notre terre que nous ne consommons pas, sinon très peu. En mer, nos pêcheurs, ne pouvant rivaliser avec leurs gros bateaux de pêche avec leurs pirogues en bois, doivent se contenter des petits poissons qui réussissent à échapper aux mailles pourtant très serrées de leurs filets de pêche. Ils sont condamnés à terme à abandonner ce métier qui pourtant fait vivre des milliers, voire des millions de personnes. A l’intérieur de nos terres, nous sommes consciencieusement en train de polluer tous nos fleuves et rivières avec l’orpaillage, sans nous préoccuper de savoir quelle eau nous boirons demain. Tout comme nous ne nous étions guère préoccupés de savoir comment nous respirerons demain lorsque nous avons tout aussi consciencieusement détruit pratiquement toutes nos forêts. Pour ce qui est de nos richesses minières, qui sont immenses, nous les offrons vraiment pour des miettes aux pays industrialisés, vu que depuis tout ce temps, nous n’avons pas encore jugé utile d’apprendre à les extraire nous-mêmes.

Les Africains se rendent-ils compte du mal qu’ils se font ? Pourquoi donc n’apprenons-nous pas à exploiter nous-mêmes nos ressources minières ou halieutiques ? Pourquoi n’apprenons-nous pas à exploiter celles que nous pouvons, d’une manière un peu rationnelle ? Qu’est-ce qui nous empêche de reboiser sérieusement nos forêts détruites ? Pourquoi n’organisons-nous pas mieux l’exploitation de l’or, au lieu de laisser des hommes sans foi ni loi, parmi lesquels des terroristes peuvent se cacher, venir saccager nos terres, nos fleuves et nos rivières tout en créant l’insécurité et le développement de la prostitution partout où ils s’installent ? Ces orpailleurs sont-ils vraiment plus forts que nos Etats ? Et pour ce qui est de notre alimentation, pourquoi n’accordons-nous pas la priorité à la culture de ce qui peut nous nourrir ? Combien de temps nous faudra-t-il pour comprendre que tant que nous ne serions pas arrivés à assurer par nous-mêmes le minimum pour tout humain, qui est de se nourrir, il serait vain de parler de développement ?

La guerre d’Ukraine est en train de nous démontrer s’il en était encore besoin que nous nous avions pris une fausse route. Comme le dit un proverbe africain que je viens de créer pour faire un clin d’œil à mon ami J. Rémy N’gono de RFI, si vous vous habituez à attendre que ce soit votre voisin qui vous nourrisse, vous aurez très faim le jour où il se disputera avec sa femme. L’Afrique doit s’apprêter à avoir très faim parce que la Russie est en palabre avec l’Ukraine.

Venance Konan




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