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Politique

Ecart de Langage et de Comportement de Kemi Seba : Attention, la forme tient le fond en L’état !

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La toile est en flammes depuis samedi dernier suite à l’expulsion de la journaliste de TV5 Monde par le polémiste et militant anticolonialiste Kemi Seba, de la Maison du peuple où se tenait un meeting contre le néocolonianisme et pour l’annulation des accords secrets avec la France. Ils sont nombreux à avoir fustigé la décision kafkaïenne de l’activiste et leader du mouvement « Urgences panafricanistes » de chasser de la salle, sous bonne escorte et sous les huées de ses camarades, la correspondante de la chaîne française, au motif que les médias français sont passés maitres dans la diabolisation de tous ceux qui se battent contre la présence étouffante de la France en Afrique. Cette expulsion a été d’autant plus choquante pour beaucoup d’internautes que la « pestiférée » du jour est une Burkinabè par alliance, et surtout une journaliste a priori indépendante, venue couvrir l’événement dont Kemi Seba était le principal animateur. A vrai dire, c’est une nouvelle sortie de route verbale du champion du panafricanisme, qui pourrait être dommageable à ses actions, ici, au Burkina, malgré la pertinence de son combat et ses discours redoutablement argumentés, d’autant que beaucoup de journalistes locaux se sont sentis, après coup, humiliés et menaceraient même de boycotter désormais toute manifestation ou activité dont il sera l’invité ou le parrain. Dans de nombreuses rédactions, en effet, l’on a condamné cette entrave caractérisée à la liberté d’informer, et regretté le fait qu’il n’y ait pas eu un élan de solidarité vis-à-vis de la consœur refoulée, à travers le départ collectif et simultané des journalistes présents samedi dernier sur les lieux, en guise de protestation.

La manière dont se comportent les acteurs est souvent sujette à caution

S’il n’en a rien été, c’est peut-être à cause de l’effet de surprise, ou de la divergence de point de vue entre hommes de médias par rapport à la décision inédite de Kemi Seba d’éconduire la journaliste. Car, même dans la corporation, l’avalanche de critiques contre le Franco-Béninois, a fait sourire certains, qui se marrent non pas du sort qui a été celui de la correspondante de TV5 Monde, mais du paradoxe relevé chez tous ces internautes qui descendent aujourd’hui Kemi Seba en flammes, alors qu’ils avaient applaudi à tout rompre l’expulsion du Mali, en février dernier, du journaliste de Jeune Afrique qui n’aurait pas fait, selon Bamako, de la déontologie journalistique, son credo. C’est cette appréciation à géométrie variable des faits, que certains Burkinabè, y compris des journalistes et non des moindres, condamnent, tout en rappelant que l’acte posé contre TV5 Monde à la Maison du peuple, est un signal envoyé davantage aux autorités françaises qu’à la journaliste et à son employeur, afin qu’elles mettent fin à leur politique condescendante vis-à-vis du continent. Kemi Seba, qui se fait le chantre de la lutte contre les relation malsaines et incestueuses qui lient la France à ses anciennes colonies, est donc dans son rôle quand il demande à tous ces médias français, créés dans un objectif de soutien informationnel à la politique étrangère de la France, de s’abstenir désormais de couvrir les événements organisés par ceux qui luttent farouchement contre l’attitude néocoloniale des dirigeants français. La rhétorique est d’actualité, la cause est juste. Mais la manière dont se comportent les acteurs est souvent sujette à caution, avec tous ces écarts de langage et de comportement comme ceux constatés samedi dernier à Ouagadougou avec Kemi Seba, et à Ndjamena avec les militants et sympathisants de l’organisation de la société civile Wakit Tama qui ont manifesté contre la présence française au Tchad. Les organisateurs de ces deux manifestations ont oublié que, comme les juristes aiment à le dire, la forme tient le fond en l’état, et qu’ils doivent corriger leurs méthodes de lutte au risque de perdre le noble combat qu’ils mènent à cause d’un simple vice de forme. Non contents de brûler le drapeau tricolore, de saccager les représentations diplomatiques ou les bases militaires françaises présentes dans les pays où la France est vue d’un mauvais œil, ces manifestants vont jusqu’à vandaliser des entreprises et des multinationales françaises et à mettre ipso facto au chômage des centaines d’Africains qui y sont employés. Un pas que même les ultranationalistes dont les discours anti-français sont habilement exploités par les rivaux russes, chinois et turcs, se gardent de franchir. Pourtant, c’est ce qui s’est passé à Ndjamena le week-end dernier, avec la destruction de stations d’essence appartenant à une multinationale française, sous les regards apeurés et désespérés de pompistes tchadiens qui pourraient se retrouver dans le meilleur des cas, en chômage technique, de par la faute et l’irresponsabilité de certains de leurs frères. Tant qu’à faire, les dirigeants africains qui, pour des raisons égoïstes et par avidité pour le pouvoir, ont permis à la France de mettre bon nombre de pays sous tutelle économique, politique et sécuritaire, devraient être les principales cibles de ceux qui se battent pour une indépendance véritable, si on veut réellement voir bouger les lignes de l’exploitation éhontée et du paternalisme sournois de l’Hexagone. L’éveil des consciences est aujourd’hui tel que la victoire contre l’impérialisme n’est plus une vue de l’esprit. Mais encore faut-il que les combattants de la liberté ne commettent pas l’erreur fatale de remplacer le choléra par la peste, en demandant aux Français de dégager pour faire place-nette à d’autres prédateurs qui viendront se goberger au caviar et à la vodka grâce au pillage de nos maigres ressources.

Hamadou GADIAGA




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