La saison des pluies s’installe progressivement à travers le District d’Abidjan. Dans la commune de Yopougon, la plupart des zones à risques, demeurent encore dans le même état que l’année dernière. C’est à dire que les probabilités d’inondations et d’effondrements de terrain, en cas de fortes pluies, sont toujours là. Perceptibles, au regard du mauvais état des lieux.
Très peuplés, les sous-quartiers Gbinta et Kpinbly situés à la Sideci, sont toujours traversés par deux gros ravins. Un danger permanent pour les populations de cette zone. Mais, surtout, pour leurs enfants, qui passent le clair de leurs temps à jouer à côté. « Avant, ce ravin n’était pas si large. Mais, avec les fortes pluies de ces dernières années, il s’est agrandit. Vu l’imminence du danger, les services de la Mairie ont démoli certaines maisons qui s’y trouvaient », confie Zogbeu Patricia. « La pluie est en train de bouffer le sol de ces quartiers. Si rien n’est fait, ils vont disparaître », prévient Takpeu Raphael.
A Béago, un quartier situé à Niangon, en face de la centrale thermique Azito et de la lagune, le décor est tout autre. « Quand il pleut ici, nous sommes très inquiets. Car, l’eau inonde nos maisons et tout le quartier. Nous sommes obligés de nous réfugier sur les dalles », révèle Alfred Konan.
« Pour nous protéger contre les inondations, nous montons des murs devant nos habitations. Mais, la hauteur de l’eau est tellement élevée que cela ne sert à rien. Lorsqu’il pleut, même le canal construit pour évacuer les eaux de pluies déborde », précise Ago Marthe.
Aucun changement
Au quartier Koweit, c’est le même constat qu’au cours des années antérieures. Rien n’a véritablement changé. De nombreux habitants sont toujours installés dans les bas-fonds et sur les flancs de collines. « Les temps sont durs. Nous ne savons pas où aller. Mais, comment allons-nous faire avec nos nombreuses familles ? », se lamente Eric Mambé, pour justifier leur présence jusqu’à ce jour.
A quelques kilomètres de là, au Banco 2, la situation est tout aussi alarmante « Aidez-nous. Nous n’en pouvons plus. Quand il pleut ici, l’eau inonde tout le quartier. Notre pont est envahi. Mais, nous sommes obligés d’emprunter cette passerelle, avec tous les risques que cela comporte. Plusieurs enfants ont déjà été emportés par les eaux de pluies », nous dit, très inquiète Coulibaly Fanta.
Dernières mises en demeure
A en croire Kouamé N’Guessan, directeur du service technique de la Mairie de Yopougon, les populations des zones à risques sont sensibilisées sur les dangers auxquels elles s’exposent en y restant. Mais, lorsque nous constatons que le risque est très élevé, nous déguerpissons celles qui sont très menacées. « Actuellement, l’Office national de l’assainissement et du drainage (Onad), est en train de réaliser des canaux primaires dans certaines zones à risques de la commune notamment à la Sicogi, à la Sideci et à la Sogefia. Parce que, la plupart du temps, les populations de ces zones sont installées le long des ravins. Ce qui fait qu’en saison pluvieuse, elles sont exposées à des éboulements », regrette-t-il.
Le responsable technique indique par ailleurs, que ses agents ont procédé la semaine dernière, à la distribution de mises en demeure avant destruction de leurs maisons à certains habitants de Bouguinisso au Km 17, où, trois morts ont été enregistrés l’an dernier. Puis à ceux du Banco 2 et du quartier Koweït.
Zones non constructibles
Pourquoi la mairie n’aménage-t-elle pas ces zones à risques pour les rendre habitables ? A cette question, Kouamé N’Guessan répond : « Nous ne pouvons pas. Car, ce sont des zones non constructibles, c’est-à-dire des endroits qui abritent des installations et ouvrages publics. Si nous devons aménager ces zones, il faudrait construire des routes et créer des passages d’eau et d’électricité. Cela est impossible. Puisque généralement, c’est dans l’emprise des ouvrages, que les gens viennent construire leurs bâtisses ».
Selon le dernier recensement du service technique de la Mairie de Yopougon, la commune compte une vingtaine de zones à risques. En attendant donc la fin de la saison des pluies, l’on souhaite tout simplement ici et là, qu’il n’y ait pas de morts comme les années précédentes.
Boubakar Barry