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Politique

Journée mondiale de la liberté de presse : micro, caméra et plume à l’épreuve du pouvoir kaki en Afrique

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Comme tous les ans, le monde entier célèbre, le 3 mai, la journée consacrée à la liberté de presse, histoire de rendre hommage une fois de plus aux hommes de médias qui risquent la mort ou la prison dans l’exercice de leur profession. Cette célébration intervient cette année dans un contexte moins reluisant, puisque cette liberté chèrement acquise par les journalistes, est sérieusement malmenée un peu partout dans le monde, notamment en Ukraine où des reporters sont pris pour cible dans la guerre qui oppose ce pays à la Russie, et ailleurs dans le monde où des médias sont censurés à cause de leur refus de se laisser enfermer dans le carcan de certains régimes répressifs et paranoïaques. Le moins qu’on puisse dire, c’est que, malgré l’évolution législative et règlementaire favorable aux professionnels de l’information, l’exercice de la profession reste toujours entravé par les menaces et intimidations proférées par des dirigeants généralement en mal de légitimité, qui ne veulent pas voir la presse jouer ce rôle de rempart contre toute forme de dérives et d’asservissement des populations dont ils prétendent pourtant défendre les intérêts. Quoi donc de plus normal que de saisir l’occasion de cette journée mondiale dédiée à la presse depuis 1993, pour saluer le rôle éminemment important que ces hommes et femmes du micro, de la caméra et de la plume, qu’ils soient au crochet de l’Etat, dans des entreprises privées ou en free-lance, jouent dans l’éveil des consciences et l’émancipation des peuples ! Ils le font des fois au péril de leur vie parce qu’ils veulent rester attachés de manière littéraliste à leur indépendance, et parce qu’ils refusent obstinément d’être les perroquets des regimes liberticides, qui veulent les utiliser comme instruments pour pouvoir faire passer des messages prémâchés par des officines à leur solde.

Assimi Goïta et les siens ont franchi le Rubicon du musèlement du peuple en privant leurs compatriotes du droit à l’information libre et plurielle

C’est vrai que le cercle de la presse est lui aussi vicieux, notamment avec la collusion entre certains journalistes et des lobbies politico-financiers, mais derrière ces cas isolés qui discréditent la profession, se cache l’immense majorité qui fait sienne la boutade de Albert Londres selon laquelle « le métier de journaliste n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie ». C’est cette obstination à vouloir vérifier, recouper et analyser l’information avant de la rendre publique, qui n’est souvent pas du goût surtout des régimes kaki, qui font preuve d’une grande frilosité à chaque fois qu’une critique objective contrarie leurs sombres desseins de manipulation du peuple. Au Mali voisin, deux médias français, RFI et France 24 pour ne pas les nommer, ont été définitivement suspendus pour faute lourde, selon les autorités de la transition, après qu’ils ont relayé des informations sur des exactions qui seraient commises par l’armée malienne contre des civils, dans le centre déjà enflammé du pays. Certes, l’impact de telles informations diffusées par les chaînes les plus suivies, peut être dévastateur pour la cohésion sociale dans un pays où les nerfs sont déjà à fleur de peau, mais Assimi Goïta et les siens ont franchi le Rubicon du musèlement du peuple en privant leurs compatriotes du droit à l’information libre et plurielle, garanti par la Constitution du Mali. On espère que les autorités burkinabè de la transition ne suivront pas le même chemin de la censure, en essayant d’empêcher les journalistes de porter un regard critique sur leur gestion du pays, par des actes attentatoires à la liberté et au droit d’informer. Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba pourrait, en tout cas, en avoir les velléités ou l’intention, si l’on examine à la loupe les propos qu’il a tenus devant les hommes de médias qu’il a rencontrés, par deux fois, à la présidence du Faso. Ces derniers l’ont d’ailleurs mis en garde, pour ainsi dire, le 25 avril dernier à travers leurs différentes associations, contre toute forme de menaces et de restrictions envers les médias. Dans ce pays de Norbert Zongo où « on préfère mourir aux portes de la liberté que de pourrir dans les enfers de la servitude », le cri d’alarme lancé par les journalistes a valeur de dissuasion nucléaire, et le président Damiba devra lire attentivement le message entre les lignes et comprendre que « la presse, comme le disait Chateaubriand, c’est la parole à l’état de foudre ; plus vous prétendez la comprimer, plus l’explosion sera violente ». Ses deux derniers prédécesseurs l’ont appris à leurs dépens, et il devrait en tirer toutes les leçons, même si, au regard des conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir et de son statut d’officier d’active, il pourrait avoir du mal à s’accommoder d’une presse trop libre et indépendante, réputée pour la crédibilité, le courage et le professionnalisme de ses acteurs.

Hamadou GADIAGA




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