Les responsables syndicaux par contre, continuent d’accorder un certain crédit à cette fête. « La fête du Travail est un jour spécial pour les travailleurs. En ce sens qu’elle leur permet d’établir un dialogue direct avec leurs hiérarchies, et d’adresser de façon solennelle leurs revendications et doléances au Président de la République, ou au Chef du gouvernement », pense Sissoko Adrahamane, responsable du syndicat libre des Agents de la Caisse nationale de prévoyance sociale.
De l’avis de Doura Doura Thierry, Secrétaire national chargé des affaires juridiques de l’Union nationale des travailleurs de Côte d’Ivoire (Unatr-ci), la date du 1er mai marque, pour les travailleurs, au-delà du caractère festif, le passage d’une situation difficile à une situation qu’ils espèrent favorables.
Pour Ligué Marius, délégué du personnel au Ministère de l’Emploi et de la protection sociale, le 1er mai est l’occasion pour les travailleurs d’être écoutés, et pour les employeurs et l’Etat de mieux s’imprégner des difficultés que vivent les travailleurs au quotidien.
Lire aussi :L'Enquête du jeudi. 1er mai. Où est passée la Fête des Travailleurs ? (1/2
Ils en attendent beaucoup plus du gouvernement
Outre le volet festif de cette journée, la fête est aussi l’occasion pour les organisations syndicales, de dresser leurs revendications. A ce propos, leurs responsables disent attendre beaucoup du gouvernement. « Nos principales revendications à savoir le règlement des stocks d’arriérés de salaire, l’avancement, le paiement des primes, et le déblocage des salaires, n’ont toujours pas connu d’avancées », affirme Tapé Djédjé Appolinaire, président de la Confédération des syndicats des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (Cosyfoci).
Dans le secteur privé, les travailleurs demandent une revalorisation de l’avancement catégorielle. « Nous souhaitons que l’avancement catégorielle soit inscrit dans le code du travail du privé. En effet, l’avancement se fait selon le bon vouloir de l’employeur. Et quand bien même vous changez de catégorie, vous ne bénéficiez pas des avantages qui vont avec », se plaint Gaha Cyriaque, secrétaire national de la confédération ivoirienne des syndicats libres (Cisl), centrale Dignité.
A ces revendications non satisfaites, il faut ajouter l’amélioration de l’Impôt général sur le revenu (Igr), et la réforme des retraites. Néanmoins, ces leaders syndicaux notent quelques avancées dans la satisfaction de leurs revendications. « La prime de transport qui était bloquée à 25 000 Francs CFA est passée à 30 000, se réjouit Doura Doura Thierry, responsable syndical de l’Unatr-ci. « Les travailleurs du privé ont pu obtenir l’amélioration du salaire minimum inter catégoriel (SMIG), qui est passé de 36 à 60 000 Francs CFA, et la revalorisation de l’avancement catégoriel », ajoute Gaha Cyriaque de la centrale Dignité.
Bientôt le bilan de la trêve sociale
La trêve sociale signée le 17 août 2017 entre le gouvernement et les différentes centrales syndicales, arrive à échéance dans trois mois. Celle-ci vise à créer un cadre d’échange et de concertation entre les deux parties, et à instaurer un climat de paix social durable. Pour Hyacinthe Coulibaly, secrétaire chargé de la formation de la Coordination libre des enseignants de Côte d’Ivoire (Colenci), la trêve sociale ne signifie pas l’arrêt des discussions et des revendications. « Elle ne doit pas servir de prétexte au décideurs politiques, pour menacer ou emprisonner les travailleurs. Mais pour plutôt instaurer un cadre de négociation entre ceux-ci et les organisations syndicales ».
En attendant la fin et certainement le bilan de la première trêve, qui doit intervenir normalement en août 2022, une probable nouvelle trêve serait en train d’être envisagée par le gouvernement. Toutefois pour l’heure, elle ne semble pas rencontrer l’adhésion des centrales syndicales, qui craignent qu’elle ne soit identique à la première.
Boubakar Barry