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Enquête du jeudi. Mari et femme "conjointement" chefs de famille: Comment ça marche ?

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Depuis 2013, l’homme n’est plus considéré comme, le seul le chef de la famille en Côte d’Ivoire. Cette cellule sociétale est conjointement gérée par les époux, dans l’intérêt du ménage et des enfants. Ce, conformément aux dispositions de la loi numéro 2013-33 du 25 janvier 2013. Laquelle loi a été revue en 2019. Ainsi la nouvelle loi numéro 2019-570 du 26 juin 2019 sur le mariage a été adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée par le Président de la République. Avec pour objectif d’améliorer et équilibrer les rapports des conjoints. Comment cette loi est appliquée par les Ivoiriens ?

Des dispositions à comprendre

A travers plusieurs articles, il apparaît que le législateur a voulu accorder les mêmes droits et devoirs aux deux conjoints. Bien avant, dans son chapitre 1 sur les dispositions générales, la loi indique en son article premier que « Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme célébrée par devant l’officier de l’état civil ». Voilà qui lève toute équivoque sur l’identité des conjoints. C’est dire que les couples concernés sont ceux qui ont fait un mariage civil, donc légal comme l’indique l’article 14.


Plus loin en ses articles 44 et 45, la loi stipule que « le mariage crée la famille légitime. Les époux s’obligent à la communauté de vie. Ils se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance ». Comme pour marquer déjà l’égalité entre les deux époux. Mieux, au niveau de la gestion de la famille, la loi impose l’implication de la femme au même titre que l’homme. Et les articles 51 et 52 sont claires là-dessus. « La famille est gérée conjointement par les époux dans l’intérêt du ménage et des enfants. Ils assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille, pourvoient à l’éducation des enfants et préparent leur avenir ». « Les époux contribuent aux charges du ménage à proportion de leurs facultés respectives. Chacun des époux s’acquitte de sa contribution sur les ressources dont il a l’administration, ou par son activité au foyer. Si l’un des époux ne s’acquitte pas de sa contribution sur les ressources dont il a l’administration, l’autre époux peut obtenir, par ordonnance du président du tribunal du lieu de résidence, l’autorisation de procéder à la saisie des salaires ou rémunérations et de percevoir, dans la proportion des besoins du ménage, une partie du salaire, du produit du travail ou des revenus de son conjoint ».

Autre chose qui marque l’égalité entre l’homme et la femme dans la gestion de la famille, c’est que le domicile de la famille est choisi d’un commun accord par les époux, comme le stipule l’article 56.

Autant de dispositions adoptées par le législateur pour améliorer les rapports entre époux.

Le partage des charges pas toujours respecté

« Si on ne fait pas preuve de mauvaise foi, c’est une excellente loi. Sur papier, la loi est parfaite. Mais dans les faits, que chacun évite de vouloir tirer la couverture vers soi », confie Emilie Tapé, écrivaine. De son point de vue, la femme chef de famille au même titre que l’homme voudrait dire que dans le couple, on est dans un rapport de collaboration. La femme a autant de responsabilité que l’homme.

Parlant d’égalité des charges, cette loi a pour but de rééquilibrer les choses. Il faut que les charges soient partagées. Les deux époux s’entendent. Mais dans les faits, les choses ne se passent pas toujours ainsi. En effet, elle constate que les tâches ménagères sont toujours attribuées à la femme. Ainsi, quand il s’agit de payer une aide-ménagère, c’est toujours la femme qui met la main à la poche, pendant qu’on lui demande également de contribuer au paiement du loyer. « Quand j’entends égalité des charges, c’est que c’est l’homme et la femme qui doivent payer l’aide-ménagère ». Elle souhaite que lorsqu’on dit égalité, que les charges soient véritablement équitables. C’est dans l’optique d’accorder à la femme les mêmes pouvoirs que l’homme, que la loi a été élaborée et adoptée par les élus du peuple. « Mais il n’en demeure pas moins qu’à la maison, l’homme soit le maître. La femme fait tout simplement de la figuration », déclare ce commissaire de justice.

Eric est quant à lui, chef d’entreprise et sa femme est fonctionnaire. Les charges sont partagées à la maison en fonction des moyens de l’un et de l’autre. Et tout se passe bien. Leurs deux enfants sont épanouis. Pour Mme Traoré, commerçante, cette loi est la bienvenue. « C’est tout à fait normal qu’on aide son homme dans les dépenses. Il y a souvent des moments où ça ne va pas chez lui. Je le soutiensbfinancièrement », explique-t-elle.


L’homme reste le chef de la famille

Nombre de croyantd interrogés, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, ont confié que l’homme reste le chef de la famille. Chez M. et Mme Loukou, un couple chrétien, l’homme reste le chef de la famille. « C’est difficile que la femme soit chef de famille autant que l’homme. Je ne pense même pas que ce soit possible. Même dans la vie moderne. En tant que chrétienne, je pense que la femme ne peut pas être l’égale de l’homme. Puisqu’elle est sortie de lui. Elle est donc là pour le soutenir », indique l’épouse. Déclaration que le mari approuve. Selon lui, Dieu a partagé les rôles. « Dieu a dit que l’homme est le chef de la famille » coupe court cet instituteur, pour qui, là où on parle d’égalité entre femme et homme, il n’y a pas d’amour. Seuls les intérêts sont privilégiés. Et cela est souvent source de divorce.

Un avis que partage B.M, fonctionnaire de son état. « Je ne suis pas d’accord avec cette loi. Car elle est à la base de nombreux cas de divorce ». Pour lui, la nouvelle loi sur le mariage protège les femmes, à tel point que les hommes ne peuvent plus prendre de décisions. « Dieu lui-même a établi que c’est l’homme qui est le chef de famille. Mais on va contre cette loi divine », affirme-t-il.

« En tant que musulman, je ne me sens pas concerné par cette nouvelle loi sur le mariage. C’est l’homme qui est le chef de la famille. Il ne faut pas regarder ce bas-monde pour te dérober des prescriptions divines. C’est ce que Dieu nous dit qu’on suit. C’est l’homme qui épouse la femme », explique M. Ouattara, commerçant au marché d’Adjamé. Selon lui, à partir du moment où l’on a demandé la main de la fille d’autrui en mariage, on a le devoir de s’occuper d’elle, quel que soit son rang social, sa richesse. Et c’est ainsi qu’il gère sa famille. Mais si, à un moment donné de la vie, l’on éprouve des difficultés financières, on peut demander du soutien à son épouse. C’est la logique. Et l’islam permet cela. Pour lui, cette nouvelle loi est issue des cultures occidentales. « Alors que nous ne sommes pas européens », conclut-il. Même son de cloche chez Coulibaly Lamissa. « Notre religion dit que c’est l’homme qui est le chef de la famille. Même si la femme a les moyens, l’homme doit tout faire pour assurer le minimum pour sa famille » précise ce père de famille, la soixantaine révolue.

Mais à en croire Maître Abo F, c’est une loi qui est élaborée dans le but d’assurer l’équilibre familial, afin que la décision prise par l’homme ne nuise pas à la famille. Car avant, seul l’homme était le chef de famille et prenait en conséquence les décisions qui n’étaient pas forcément les bonnes. Pourtant il y a des femmes mariées qui sont des décideurs dans la société. Elles doivent également pouvoir prendre des décisions pour leur famille au même titre que l’homme. C’est cette possibilité que la nouvelle loi vient leur donner. Mais des positions restent, pour le moment, tranchées derrière des appartenances religieuses où même traditionnelles. C’est dire que cette loi a encore du chemin à faire pour atteindre toute la société ivoirienne.


Diomandé Karamoko








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