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Politique

Nous et nos ordures

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Des raisons professionnelles m’ont amené à sillonner une bonne partie de notre pays la semaine dernière. J’ai pu ainsi me rendre à Koun Fao, Kouakoussékro, Dimbokro, Bouaké, Dabakala, Niangbo dans les environs de Niakaramadougou, Korhogo, Boundiali, Dianra, Séguela, Bouaflé, Yamoussoukro, avant de boucler à Daoukro pour fêter la sacrosainte fête de Pâques avec ma famille. Cela m’a donné l’occasion de traverser plusieurs villes et villages de la Côte d’Ivoire. Trois choses m’ont frappé dans toutes ces localités : les ordures, les marchés qui ont envahi toutes nos villes et ce sentiment de désordre urbanistique. Les ordures, parlons-en. C’est ce qui vous accueille dans toutes nos cités, dans tous nos villages. On les rencontre aux abords des voies principales, aux entrées et aux sorties des villages et des villes. Des sachets plastiques traînent dans toutes les rues, devant des domiciles, parfois de grand standing. 


Plus personne, à part peut-être des grincheux comme moi, ne leur prête attention. On ne se donne même pas la peine de les cacher. On les exhibe peut-être parce que les ordures sont notre objet de fierté. Quel est notre problème ? Au temps d’Houphouët-Boigny nous avions un service de ramassage des ordures très efficace. Que s’est-il donc passé pour que nous n’arrivions plus à ramasser nos ordures aujourd’hui ? Cela coûte-t-il si cher pour que nos finances n’arrivent puis à supporter ces dépenses ? Ou bien sommes-nous vraiment devenus un peuple de gens sales, de vrais cochons qui se complaisent à se vautrer dans les ordures ? Ce n’est pas la première fois que nous abordons ce sujet dans ces colonnes. Mais toutes nos autorités, des maires aux différents ministres chargés de ces questions restent totalement indifférentes devant cet état de chose. Peut-être estiment-elles que nous en faisons un peu trop, que des ordures dans une ville ou dans un village n’ont jamais empêché les gens de vivre. Mais j’ai bien peur que la saleté dans laquelle nous vivons ne soit que le reflet de la mentalité de toute notre société. Notre esprit est devenu sale.


 Nous sommes tellement obnubilés par la recherche de l’argent facile que nous ne faisons même pas attention à l’environnement dans lequel nous vivons. Notre principale préoccupation est de construire la maison la plus grosse qui écrase celles des autres, peu importe que cela se fasse au milieu des ordures. Ignorons-nous que les ordures au milieu desquelles nous vivons nous donnent des maladies ? Nous n’avons pas de ministre de la santé pour nous sensibiliser sur ces questions ? Ignorons-nous que les sachets plastiques que nous jetons dans les rues obstruent les voies d’évacuation des eaux pluviales et sont aussi responsables des inondations qui endeuillent chaque année notre ville d’Abidjan ? N’avons-nous pas de ministre chargé de la salubrité ou de la ville ou quelque chose comme ça pour nous sensibiliser sur ces questions ? Ignorons-nous qu’un touriste sérieux ne reviendra jamais dans un pays où il ne rencontre que de la saleté partout où il se rend, et n’en fera jamais la promotion auprès de ses connaissances ? Quel est notre problème ? Allons-nous dire que nous sommes intrinsèquement un peuple sale et qu’il ne sert à rien d’essayer de rendre nos cités propres ? Au cours de mon périple de la semaine dernière, j’ai pu apprécier la beauté de notre pays. Nous avons de ces sites dont la beauté vous coupe le souffle. Mais tout cela est gâché par la saleté qui traine autour. Nous ne savons pas quoi faire ? Je suis désolé, mais un peuple s’éduque. Si nous voulons que les Ivoiriens vivent da la propreté, nous savons tous ce qu’il faut faire. Le Rwanda est présenté comme le pays le plus propre d’Afrique. Le Ghana aussi est admiré pour sa propreté. Ces pays ne sont pas habités par des extraterrestres. Nous, prétendues élites, sommes toujours très heureux de nous rendre en Europe, de marcher dans des villes ou villages où l’on ne rencontre aucun sachet plastique, aucune ordure dans les rues, où l’on respire l’odeurs des fleurs. Nous nous extasions devant la propreté de ces endroits, et lorsque nous revenons chez nous, notre naturel reprend le dessus.

La deuxième chose qui m’a frappé durant mon voyage est ce sentiment que certaines de nos villes sont devenus presqu’entièrement des marchés. J’ai eu ce sentiment en traversant des villes telles que Vavoua, Daloa ou Bouaflé. Presque toutes les rues des centres villes, tous les trottoirs sont occupés par des commerçants. D’où un sentiment de désordre général, d’étouffement. Parfois c’est toute la clôture de la mairie qui est occupée par des magasins sans aucune esthétique. Apparemment ce qui compte pour ces maires, c’est ce qu’ils encaissent comme taxes. Et cela m’emmène à ma dernière remarque, celle du désordre urbanistique. En dehors des centres villes et des quartiers résidentiels qui ont été construits en des temps immémoriaux, le reste de nos villes est construit sans schéma directeur, sans plan d’urbanisme. En gros, chacun construit ce qu’il veut où il veut, comme il veut. D’où l’absence d’harmonie et de beauté de nos villes et villages. Qui veut-on qu’il dépense son argent pour venir regarder de telles horreurs ?

Il est temps pour nous tous de nous ressaisir. Plus notre économie est florissante, et plus nous avons des villes sales et laides. Ce n’est pas à la hauteur des ambitions que nous nourrissons pour ce pays et ce n’est pas en notre honneur. Parce que ce ne sont pas les moyens pour rendre nos villes propres qui nous manquent, de même que les compétences pour nous bâtir des villes belles, agréables, où il fait bon vivre.

Venance Konan




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