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Politique

Les Afriques

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IIy a quelques jours, un ambassadeur européen qui connaît très bien l’Afrique m’a fait remarquer qu’il n’y pas beaucoup de contacts entre les différentes régions de l’Afrique. Cette remarque m’a rappelé la chanteuse sud-africaine Nomcebo Zikode, auteure de la célèbre chanson « Jerusalema », qui lors de son passage en Côte d’Ivoire, avait déclaré qu’elle ne connaissait pas notre Alpha Blondy national. Cela avait choqué de nombreux Ivoiriens, mais la pauvre chanteuse ne faisait pas exprès. Dans son pays effectivement et dans les pays environnants, en dehors de quelques cercles d’intellectuels, on ne connaît pas beaucoup l’Afrique de l’ouest. Lors de mes différents voyages en Afrique du sud, en Namibie, ou en Ouganda, les seuls pays que je connais dans cette région, j’ai été étonné de constater que peu de personnes, surtout dans la communauté noire, connaissaient la Côte d’Ivoire. A l’époque, les noms de notre pays, d’Houphouët-Boigny, d’Alpha Blondy et de nos différents présidents ne leur disaient absolument rien. En Ouganda, seul le nom de Didier Drogba avait fait réagir le chauffeur de taxi qui me conduisait de l’aéroport d’Entebe à la ville de Kampala. Les premières fois j’avais été choqué, surtout qu’en Côte d’Ivoire nous suivions avec beaucoup de passions la lutte menée par les Noirs pour se libérer de l’apartheid, et que la musique sud-africaine faisait un tabac chez nous. Quel artiste de chez nous n’a pas chanté pour la libération de Nelson Mandela. Même si une de nos grosses vedettes, interrogée sur Nelson Mandela avait répondu que c’était un Blanc qui avait été arrêté parce qu’il aimait les Noirs. Et puis, en matière de sport, nous avions dans notre mémoire collective la cuisante défaite de notre Asec-Mimosas face à l’équipe sud-africaine Orlando Pirates. La réalité est que dans cette partie de notre continent, les populations ont la tête ailleurs. Peut-être vers les Etats Unis, vers la Grande Bretagne, l’ancienne puissance coloniale, ou leur nombril.

De notre côté, à part l’Afrique du sud, que savons-nous des pays d’Afrique australe ou de l’est ? Que savons-nous de la Zambie, de la Namibie, de la Tanzanie, du Mozambique, du Kenya, du Malawi, du Botswana ou du Swaziland, en dehors des frasques de son roi ? Reconnaissons que nous non plus ne nous intéressons pas beaucoup à ce qui se passe au sud et à l’orient de notre continent. Notre tête est en Europe surtout en France, ou autour de notre nombril. La preuve en est que la terrible guerre qui déchire l’Ethiopie en ce moment nous laisse totalement indifférents, tout comme ce qui se passe en Somalie au Soudan, ou au Mozambique, des pays qui sont les cibles des groupes terroristes qui y massacrent régulièrement des dizaines de personnes, ou, dans le cas du Soudan, un pays qui refuse de se faire voler sa révolution et qui le paie au prix fort. Ce qui nous passionne en ce moment dans notre pays est la guerre en Ukraine, dans laquelle nous sommes totalement impuissants, mais cela ne nous a pas empêché de choisir chacun son camp. Pro ou anti Poutine. Nous suivons un peu ce qui se passe au Mali, au Burkina Faso et en Guinée parce qu’il s’agit de nos voisins. Pour le reste de l’Afrique, disons que nous avons d’autres chats à fouetter.

Et pourtant depuis quelque temps nous ne cessons de parler de panafricanisme. Un bon intellectuel africain se doit de se proclamer panafricaniste, de dire qu’il rêve d’une Afrique unie du Cap Bon en Tunisie au Cap de Bonne Espérance en Afrique du sud. Laurent Gbagbo a baptisé son nouveau parti « Parti des peuples africains » pour souligner sa dimension panafricaniste. Mais que dit-il de ce qui se passe dans les autres pays africains, au Soudan ou en Ethiopie par exemple ? Même sur le Mali, on ne l’a pas beaucoup entendu. Je constate simplement que ceux qui se réclament le plus du panafricanisme semblent plus préoccupés par la France qui les obsède littéralement que par l’unité de l’Afrique. Quelles actions mènent-ils pour atteindre cet objectif ? Quelle unité de l’Afrique, si ceux qui s’en proclament les chantres sont plus intéressés par ce qui se passe en Ukraine, par l’élection présidentielle française que par ce qui se passe chez eux, sous leur nez ? En Afrique de l’ouest nous avons réussi à faire en sorte que les personnes et les biens circulent librement. Une simple carte d’identité suffit à un citoyen d’un des pays de la CEDEAO pour circuler dans tous les pays de la zone. Ce n’est pas encore le cas en Afrique centrale. Les panafricanistes devraient se concentrer sur ce combat de la libre circulation des personnes et des biens sur tout le continent. Mais ils devraient peut-être commencer à œuvrer pour que nous nous connaissions tous, quelles que soient nos régions d’origine.

Venance Konan







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