Avec des économies agricoles fragiles, fortement dépendantes de l’extérieur, ainsi que de faibles niveaux de transformation des productions agricoles réalisées sur ses terres, l’Afrique ne peut résister efficacement à aucune des crises politico économique, énergétique et autres d’origine occidentale. Tant sa dépendance vis-à-vis des pays occidentaux est forte. C’est indubitablement la leçon que les différentes crises enregistrées à l’échelle mondiale depuis 2020, impose à la conscience et à la faculté de compréhension des décideurs politiques et experts économistes de l’Afrique. Il y a eu d’abord la pandémie de la Covid 19, qui a très rapidement mis à nu la grande insuffisance des capacités techniques, financières du continent à surmonter une telle crise sanitaire. Toutefois, l’Afrique a très vite compris qu’elle devait beaucoup s’appuyer sur les différentes mesures barrières pour limiter les dégâts, que l’on prédisait assez catastrophiques pour ses populations. Cela fut accompagné des différents efforts de résilience de ses économies, aux conséquences scabreuses de la pandémie. Mais surtout de la détermination des Etats africains à acquérir leurs propres fabriques de vaccins. Qui soient aussi bien utiles contre la Covid 19, pour d’éventuelles crises sanitaires à venir, que pour la mise au point de vaccins susceptibles de combattre les autres pathologies et dont l’acquisition, coûtent jusqu’ici de faramineuses dépenses aux Etat africains. L’Afrique du Sud, l’Algérie, le Sénégal, sont pour l’heure ceux qui se sont montrés plus concrets, dans cet engagement en se dotant effectivement de laboratoires de fabrication de vaccins, made in Africa.
Alors que le monde entier tentait progressivement de se remettre des affres de cette crise sanitaire, depuis février 2022, la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, est venue mettre en exergue, les inconvénients que recèlent certaines interdépendances économiques de ce monde. Et revoilà le continent à se débattre tel un beau diable, pour supporter la surenchère qui en résulte au niveau des coûts des produits alimentaires, des hydrocarbures etc. Une situation venant exiger des gouvernants africains, des surcroits d’efforts de réaménagements et de réorientations de leurs priorités et exigences économiques à cette nouvelle situation.
Mais, la plus grande leçon à retenir de ces crises, est à n’en point douter, celle d’avoir compris l’impérieuse nécessité pour l’Afrique de pouvoir développer les connexions et autres relations économiques et commerciales existant entre ses Etats. Les différents échanges commerciaux entre ses pays, on ne le sait que trop, demeurent encore faibles et peu bien organisés. Les organisations sous régionales qui régentent et veillent au développement de ces échangent, ont encore beaucoup à faire, de même que les pays eux aussi. Notamment, en termes de d’engagement effectif, de la volonté politique et des performances économiques qui s’imposent. Ces énergies que sont le gaz et le pétrole, ainsi que les produits alimentaires, comme le blé, le riz, l’huile et autres ingrédients, qui les accompagnent, sont produits sur le continent. En effet, il y a bien de grands producteurs de pétrole en Afrique, comme le Nigeria, l’Angola, la Lybie, l’Algérie et dans une moindre mesure, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Tchad etc. Pour le gaz, qui à la différence de l’occident, rentre plutôt dans un domaine de consommation limité à la satisfaction des besoins des ménages sur le continent, l’on a surtout l’Algérie et tous ces autres pays pétroliers susmentionnés, qui généralement produisent de petites quantités de cette énergie. Quantités qu’il serait convenant de booster, par la mise en place de programmes de production plus ambitieux, visant à faire prendre à l’Afrique, une part plus élevée, dans l’approvisionnement des marchés internationaux de grande consommation du gaz.
Quant aux produits alimentaires, l’Egypte qui produit déjà du blé, mais à une échelle encore très réduite, pourrait développer un programme plus grand et plus rentable en la matière, pour desservir le reste du continent. Les tentatives et essaies de production de cette céréale, initiés ailleurs dans les autres pays, dont la Côte d’Ivoire,( dans la région de Korhogo, en période d’harmattan) mériteraient aussi d’ être scientifiquement revus et relancés, avec la noble ambition de créer et développer de véritables zones de production africaine de blé. Il y a aussi ces produits agricoles de substitution ou complémentaire au blé, comme le manioc, la patate etc, dont l’usage à grande échelle, se trouve encore handicapé par une expérimentation scientifique insuffisante. Quant au riz, il reste productible partout en Afrique à des quantités exponentielles. D’où, l’incompréhension de cette aberration, qui consiste encore pour nombre d’Etats africains, avec en prime la Côte d’Ivoire, à consacrer chaque année des milliards de Fcfa à l’importation de cette autre céréale. Et dire que ce pays en a déjà été exportateur, au cours des années 1970.
Ce sont là, autant de possibilités à exploiter. Surtout, au moment où, l’Afrique s’échine à donner véritablement corps et âme à sa Zone de Libre Echange Continentale Africaine ( Zleca). Un vaste marché de transactions commerciales, qui devra être capable de préserver ses Etats, des contre coups économiques de ces crises prenant naissance bien loin du continent.
Moussa Ben Touré
Publié le :
4 avril 2022Par:
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