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Politique

Hommage post-mortem à Soumeylou Boubeye Maiga : Si l’hypocrisie avait Un nom…

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L’ex-Premier ministre du Mali, entre 2017 et 2019, est décédé le 21 mars dernier dans une clinique de Bamako. Dans l’avalanche des hommages post-mortem rendus à Soumeylou Boubèye Maïga, si l’hypocrisie avait un nom, elle s’appellerait Assimi Goïta et compagnie. En effet, en réaction à la disparition de l’ancien chef de l’Exécutif sous Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le gouvernement malien s’est fendu d’un communiqué dans lequel il salue « la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat » et présente ses condoléances à la famille de « l’illustre disparu ». Faut-il en rire ou en pleurer ? On en rirait presque si les circonstances douloureuses actuelles n’imposaient pas la retenue. Cela dit, que d’éloges pour un disparu que la junte malienne au pouvoir, aura pourtant lentement mais sûrement poussé à la mort ! En détention à la maison centrale d’arrêt de Bamako, Boubèye Maïga avait vu sa santé se dégrader du fait de ses conditions exécrables de détention. Il avait été hospitalisé, il y a à peine trois mois environ. Aux recommandations médicales appelant à son évacuation sanitaire, les autorités maliennes s’étaient toujours opposées. Tant et si bien que l’illustre détenu avait fini par perdre une vingtaine de kg, rongé par la maladie. Pour en rajouter à son calvaire, l’homme qui avait été inculpé notamment de « faux et usage de faux et favoritisme » dans le cadre d’une enquête sur l’achat d’équipements militaires et sur l’acquisition d’un avion présidentiel en 2014, alors qu’il était ministre de la Défense, était incarcéré dans une cellule surpeuplée de 90 détenus, sans fenêtre, dans des conditions d’hygiène insupportables. Si l’intention était d’humilier cet ancien poids lourd de la scène politique malienne, et de le tuer à petit feu, le pouvoir de Bamako ne s’y prendrait pas autrement.

Des décisions fortes auraient été prises à temps par Bamako, pour voler au secours du patient, que le pire aurait été peut-être évité

Appelons un chat un chat : la faute morale des autorités maliennes est manifeste dans le décès du « Tigre » comme on surnommait le défunt. Ce n’est ni plus moins qu’un délit de non-assistance à personne en danger. L’irréparable à présent produit, les bourreaux se mettent déjà à verser des larmes de crocodile. Une chose est sûre : des décisions fortes auraient été prises à temps par Bamako, pour voler au secours du patient, que le pire aurait été peut-être évité. Mais cela aurait-il fait l’affaire de l’actuel locataire du Palais de Koulouba ? Rien n’est moins sûr. Les autorités maliennes auraient dû mettre un point d’honneur à prodiguer à Soumeylou Boubèye Maïga, les meilleurs soins possibles ; toute chose qui les aurait grandies. Cela dit, le débat suscité par l’évacuation sanitaire de Boubèye Maïga, remet au goût du jour, la cruciale problématique du relèvement des plateaux techniques des établissements sanitaires au Mali comme ailleurs. Le drame est que très souvent, les hommes politiques aux affaires, ont la fâcheuse tendance à croire que la mauvaise qualité des services de santé dans leur pays, n’est que l’affaire des autres. En tout cas, ce serait ainsi tant qu’eux pourront continuer à aller se faire soigner à l’étranger, au moindre bobo sanitaire, et bien souvent aux frais de la princesse. Mais c’est oublier que les vicissitudes de la vie politique, réservent parfois bien des surprises. Car, on peut être tout-puissant aujourd’hui, et ne valoir que dalle demain, au point de se retrouver interdit de sortie du territoire national en vue de bénéficier de soins de santé appropriés quand ça val mal. L’une des grandes figures de la politique gabonaise, André M’ba Obame, aurait pu en témoigner s’il était toujours en vie. Mais attention ! La roue de l’Histoire tourne ! Tous ces hommes forts du moment, qui se réjouissent, en secret, du malheur de leurs opposants qui finissent leurs jours en détention, pourraient, demain, connaître le même sort. Cela n’arrive pas qu’aux autres. Alors, ne serait-ce que pour parer à toute éventualité, pourquoi ne pas commencer par relever le plateau technique sanitaire chez soi pendant qu’on est encore aux affaires ? Cela aura au moins l’avantage de bénéficier à tout le monde, du plus obscur citoyen au plus illustre.

CBS




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