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Politique

Gouvernement Damiba «Papy Yéro» et les novices

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Enfin le Burkina Faso a un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement.

Une quarantaine de jours après le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a en effet nommé le jeudi 3 mars 2022 son Premier ministre en la personne d’Albert Ouédraogo.

Gestionnaire, économiste de son état, c’est ce grand inconnu du grand public qui aura la lourde tâche de poser les fondations de la refondation et de la restauration de l’Etat voulue par les nouvelles autorités du pays.

Jusque-là directeur du cabinet Ipso conseils, il arrive à la primature avec un virginité politique qui devrait lui être profitable à condition qu’il sache bien mener sa barque et éviter les récifs dans les eaux politiques, pas toujours calmes.

Comme s’il voulait convaincre ses compatriotes qu’il n’y avait plus une minute à perdre, le docteur Albert Ouédraogo, appelé au chevet du grand malade burkinabè, a d’ailleurs formé son gouvernement 48h seulement après sa nomination. Sur le plan quantitatif, c’est une équipe de 25 membres, conformément à la limite fixée par la Charte de la transition, dont 3 militaires et 6 femmes. Beaucoup, pour ne pas dire presque tous, font leur première expérience ministérielle.

Ont-ils été retenus dans la shortlist de 3 cadres par ministère qui avait été demandée aux secrétaires généraux par le président Damiba ? On ne le sait trop. On présume en tout cas qu’ils sont suffisamment «compétents, intègres, d’une grande probité» et au dessus de tout soupçon comme la femme de César. Mais même s’ils ont des profils de technocrates ils deviennent, de par leur fonction, forcément politiques.

Parmi les appelés à la table de Sandaogo figurent notamment Me Barthélemy Kéré, ancien batonnier, ci-devant président de la CENI qui est le nouveau garde des Sceaux; Lionel Bilgo, écrivain, économiste, analyste politique particulièrement actif sur les réseaux sociaux, qui arrive au ministère de l’Education; le Pr Frédéric Ouatttara, enseignant-chercheur, président de l’université Norbert-Zongo de Koudougou, initiateur du projet «Burkina sat 1», qui quitte ainsi les étoiles pour redescendre sur terre en prenant le département de l’Enseignement supérieur; le colonel major Omer Bationo, dit «Bon ballon», qui passe du secrétariat général du ministère de la Défense à l’Administration territoriale ; Seglaro Abel Somé, «éternel» SG du MINEFID, qui gravit enfin la plus haute marche du podium ministériel ; Issaka Sourwema, journaliste de son état, Naaba Boalga de Dawelgué, qui prend le maroquin des Affaires coutumières et religieuses, taillé à sa mesure si on ose dire.

Par-dessus tout, c’est l’entrée de Bassolma Bazié dans le gouvernement qui est fort notable. syndicaliste teigneux, successeur de Tolé Sagnon à la tête de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), il avait fini par démissionner de la Fonction publique en janvier 2021 sur fond de relations houleuses avec la hiérarchie de son ministère, celui de l’Education.

Le voici aujourd’hui bombardé ministre de la Fonction publique du Travail et de la Protection sociale. Un portefeuille qui devrait lui aller comme un gant au regard de son pedigree, à moins que ce soit une nomination piège qui pourrait se refermer sur lui parce qu’il aura désormais en face ceux qu’il cornaquait il n’y a pas encore si longtemps.

Maintenant qu’il est au pouvoir, il devrait avoir tout le loisir de donner suite à toutes les revendications des travailleurs qu’ils soient du public ou du privé.

En vérité, la responsabilité est aussi une école de l’humilité et sans doute les grandes orgues qui tonnaient réaliseront enfin que les choses ne sont pas toujours aussi faciles qu’elles l’imaginaient.

C’est du reste bien connu: la critique est facile, l’art est difficile.

S’il y a une présence qui peut également intriguer dans une certaine mesure, c’est bien celle du général de brigade Aimé Barthélemy Simporé. Ministre des Armées et des anciens Combattants de Roch Marc Christian Kaboré, c’est lui qui était en première ligne pour négocier avec les mutins dont le mouvement d’humeur a finalement débouché sur ce qu’on sait.

Sans doute le lieutenant-colonel Damiba l’a-t-il maintenu, le seul d’ailleurs de l’ancienne équipe, au regard de ses compétences et de son intégrité, mais les esprits tordus pourraient y voir une forme de récompense pour service rendu aux putschistes.

Et que dire de la « résurrection » de Yéro Boly, 68 ans, tiré à 68 de sa paisible retraite qu’il coulait pour être ministre d’Etat en charge de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale, deuxième dans l’ordre protocolaire du gouvernement ?

Administrateur civil de profession, plusieurs fois ministre, notamment de la Défense sous Blaise Compaoré, le natif de Komki-Ipala jouit, à n’en pas douter, d’une certaine expérience qui sera fort utile dans une équipe de néophytes. Faut-il également voir dans sa nomination et à ce maroquin-là une perche tendue à Blaise Compaoré dont il était l’un des plus fidèles serviteurs?

Quoi qu’il en soit, on espère que «Papy Yéro» et les novices vont se mettre rapidement au travail pour sortir le Burkina du bourbier sécuritaire et de la mal-gouvernance dans lesquels il est empêtré depuis si longtemps.

La Rédaction




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